En Amérique du Nord, des troupeaux de cerfs font craindre un regain de la pandémie

© Photo Pixabay / diane616Un cerf
Un cerf - Sputnik Afrique, 1920, 18.11.2021
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Une étude a révélé que 80% des cerfs ont été porteurs du Covid-19 dans certains États américains. La contagion s’est étendue à des troupeaux de cervidés au Canada. Pour des experts, la vaccination de ces animaux est sur la table.
Communément appelé chevreuil au Québec, le cerf de Virginie, ce grand mammifère américain, sera-t-il accusé d’avoir prolongé la pandémie sur le continent?

"Si on s’aperçoit que le cerf peut transmettre le SARS-CoV-2 à l’homme après que ce dernier lui a transmis, alors là, je recommanderais de vacciner les populations de cerfs", tranche Levon Abrahamyan au micro de Sputnik.

Spécialiste des virus animaux transmissibles à l’homme, il estime préoccupante la nouvelle étude selon laquelle une grande majorité de cerfs sont porteurs du Covid-19 dans quatre États américains, ce qui a aussi donné lieu à des éclosions de cas au Canada. Levon Abrahamyan dirige un groupe de recherche international établi à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) dévolu à élaborer un traitement contre le Covid-19.
"Pour l’instant, nous n’avons pas de preuve que les animaux sauvages ou les animaux de compagnie transmettent le Covid-19 aux humains. […] Par contre, il est très important de surveiller les réservoirs potentiels et d’identifier les espèces susceptibles de produire de nouveaux mutants", prévient le professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Mais comment vacciner des populations d’animaux sauvages s’il s’avérait qu’une espèce était à l’origine de nouvelles vagues de contamination?

Vaccination par voie aérienne

"L’un des réservoirs de la rage est les ratons laveurs. Au Canada ces dernières années, nous avons contrôlé la transmission en utilisant la vaccination orale pour les ratons laveurs. On a largué des appâts sous forme de nourriture depuis des avions et des hélicoptères. Pour les cerfs, ce serait probablement la même technique", explique-t-il.
Réalisée par un groupe de vétérinaires de l’Université de Pennsylvanie, l’étude en question conclut que les trente millions de cervidés aux États-Unis pourraient devenir ce que les scientifiques appellent un "réservoir" de Covid-19. C’est-à-dire un ensemble d’organismes pouvant héberger la souche d’un virus et en produire de nouvelles. Selon les données recueillies par le gouvernement du Canada, pour le moment, "dans la plupart des cas, les humains infectent les animaux", alors que l’inverse n’a pas été observé.

"Rester attentif à tous les réservoirs possibles"

Malgré que cette transmission soit toujours "hypothétique", Levon Abrahamyan recommande d’ores et déjà aux personnes en contact avec des cervidés comme les chasseurs et les agriculteurs de pratiquer les mesures sanitaires en vigueur, comme le lavage des mains et le port du masque. Il précise que le cerf s’ajoute maintenant au vison, au furet et au singe comme animaux susceptibles de transmettre le virus à l’homme:
"70% des maladies virales émergentes sont d’origine animale. […] Pour l’instant, la vaccination des animaux domestiques n’est pas nécessaire non plus, mais il faut rester attentif à tous les réservoirs possibles et continuer de financer la rechercher en virologie animale. […] S’il est établi que des animaux peuvent contaminer l’homme, la pandémie pourrait reprendre", avertit Levon Abrahamyan.
À la mi-novembre, le zoo de Granby –l’un des plus importants parcs zoologiques au Canada– a annoncé qu’il entamerait la vaccination d’une centaine de bêtes, avec les grands primates et grands félins en priorité. Le vaccin qui sera utilisé a été conçu par l’entreprise vétérinaire Zoetis, basée aux États-Unis. À ce jour, l’efficacité de ce vaccin n’a pas encore été établie, souligne Le Parisien.

Des zoos vaccinent leurs pensionnaires

En août 2021, des zoos américains avaient déjà commencé à inoculer un certain nombre de leurs bêtes avec ce vaccin expérimental. Parmi eux, les parcs zoologiques d’Oakland et de San Diego. "C’est une situation dynamique. On en apprend de plus en plus sur la souche originale, mais également sur les variants. Quelques types d’animaux sont très susceptibles au variant Delta. Les informations que l’on a rapportent plusieurs signes cliniques qui peuvent mener au décès", déclare au journal La Voix de l’Est le vétérinaire Émilie Couture, du Zoo de Granby.
Selon Levon Abrahamyan, les autres zoos du Canada et des États-Unis devraient suivre l’exemple et vacciner leurs animaux en contact avec le public.
"Malgré toutes les précautions possibles, il se peut qu’un animal de zoo parvienne à contaminer une personne. Dans ce contexte, la vaccination des animaux devient nécessaire", conclut-il.
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