"Cul-de-jatte": le discours "validiste" d’une élue LR fait pleurer une adjointe au maire handicapée

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Un fauteuil roulant - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
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Émue aux larmes, la première adjointe au maire de Lyon, en fauteuil roulant, a dénoncé la position "validiste" d’une nouvelle élue LR. Celle-ci avait été surprise que dans la ville "on allait pouvoir faire pédaler un pied-bot ou un cul-de-jatte", alors même que les discussions portaient sur l’accessibilité des infrastructures aux handicapés.
Les discussions autour de l’accessibilité de Lyon aux handicapés ont rendu l’atmosphère du conseil municipal tendue le 18 novembre.
Réagissant à la présentation d’un rapport de la Commission communale sur ce sujet par Florence Delaunay (EELV), Françoise Blanc, nouvelle leader par intérim de la droite à Lyon, a dérapé:
"La participation de deux associations, la Ville à Vélo et la Maison du Vélo m’a fait sourire [...] je n’avais pas saisi que l’on allait pouvoir faire pédaler un pied-bot ou un cul-de-jatte. Trêve de plaisanterie [rire de F. Blanc]."
La vidéo montre le maire de Lyon (EELV), Grégory Doucet, lever les yeux au ciel, alors que Mme Blanc continue:
"Ne vous en déplaise, il me convient de l’exprimer".
"Aussi grave que d’utiliser le terme de "nègre""
Face à cette intervention, la première adjointe au maire de Lyon, Audrey Henocque, elle-même en situation de handicap, s’est dite "extrêmement choquée".
"Ces propos m’ont extrêmement choquée. Tout ce que vous avez dit, Madame Blanc, révèle de l’oppression envers les personnes handicapées, on appelle ça le validisme."
"Les propos comme "cul-de-jatte" pour parler d’une personne qui est amputée en haut des cuisses, c’est aussi grave que d’utiliser le terme de "nègre" pour parler des personnes de couleur (...) à la fin de votre propos, vous avez utilisé le terme "être", comme s’il y avait une différence de nature entre les personnes handicapées et les autres personnes", a poursuivi la première adjointe au maire.
Elle a également tenu à rappeler la définition de l’Onu du handicap, qui tient à "la conjonction de trois facteurs, une déficience mêlée à une non-acceptabilité de la société, mêlée à des difficultés d’accessibilité."
"On n’est pas encore sorti de l’auberge", a-t-elle jugé.
Excuses présentées
Ces remarques ont été applaudies par tout l’auditoire, Audrey Hénocque n’ayant pas pu retenir ses larmes. Elle a ensuite demandé au maire de Lyon de laisser Françoise Blanc s’expliquer.
"Madame, je tiens à vous exprimer tous mes regrets si j’ai pu susciter en vous quelque chose qui vous a choqué. Vous ne le savez sans doute pas mais je suis très liée au milieu du handicap. Les propos que j'ai rapportés aujourd'hui ne choquent absolument pas les gens qui sont dans ces milieux-là", s’est-elle défendue tout en promettant qu’"un jour", elles auraient "une conversation en ce sens".
Dans un tweet publié à la suite de ces discussions, Audrey Hénocque a dénoncé "tout un système" d’attitude envers les personnes handicapées.
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