Flambée de violence à Montréal: "On surveille plus les policiers que les criminels"

CC BY-SA 2.0 / Yannick Gingras / Montreal police
Montreal police - Sputnik Afrique, 1920, 25.11.2021
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Le Québec a annoncé vouloir porter un "grand coup" à l'explosion de violence. Mais l’idéologie victimaire et les accusations de racisme envers la police risquent de freiner cet élan sécuritaire, estime le sénateur Jean-Guy Dagenais.
Chaque jour, une nouvelle fusillade liée à la guerre de gangs rappelle aux Montréalais que leur ville n’est plus aussi sûre qu’auparavant.
Le 14 novembre dernier, un adolescent était assassiné en pleine rue, le troisième en 2021, pour des motifs encore inconnus des autorités. Valérie Plante, maire de la ville, et François Legault, Premier ministre québécois, ont tous deux dénoncé cette terrible tragédie et rendu hommage à ce jeune homme assassiné à 16 ans.

Des accusations de "racisme" qui paralysent les policiers

Sénateur conservateur depuis 2012, Jean-Guy Dagenais estime qu’il est grand temps d’accroître la présence policière dans les rues de Montréal et pour ce faire, de balayer les accusations de "racisme systémique" dont font souvent l’objet les agents de la paix. Selon cet ex-patrouilleur, "les politiciens doivent laisser les policiers faire leur travail et cesser de croire que le Québec, c’est les États-Unis" en matière de violences policières:
"On surveille plus les policiers que les criminels. Je ne voudrais plus être policier aujourd’hui: les agents travaillent avec une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes et un préjugé qui leur est défavorable. […] À l’époque, quand on arrêtait des membres de la mafia italienne, on ne parlait pas de leur couleur de peau. Ça devrait être la même chose avec les membres des gangs de rue", souligne Jean-Guy Dagenais à notre micro.
Plus de 160 incidents impliquant des coups de feu et des tentatives de meurtre par arme à feu ont été enregistrés depuis le début de l’année à Montréal. Face à une situation qui se dégrade de jour en jour, des politiciens issus de différents échelons de gouvernement préconisent un meilleur contrôle de ces armes sur le territoire canadien. C’est notamment le cas de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, pour qui la surveillance accrue du trafic d’armes doit être une responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal.

Un territoire autochtone lié au trafic d’armes

Mais selon le sénateur Dagenais, les efforts supplémentaires déployés par les autorités resteront vains si les gouvernements refusent de reconnaître qu’un grand nombre d’armes illégales arrivent à Montréal depuis la réserve autochtone d’Akwesasne. Située sur le territoire ancestral de la tribu mohawk, cette réserve comporte une frontière commune avec l’État américain de New York, tracé dont le contrôle et l’administration reviennent exclusivement aux membres de cette nation autochtone.
L’ex-patrouilleur observe que le trafic d’armes dans cette région est un "sujet tabou" dans le contexte de la "réconciliation" entre les Premières Nations et les Canadiens d’origine européenne, projet promu par le Premier ministre fédéral Trudeau. Ces derniers mois, la découverte de corps d’enfants autochtones enterrés sur le site d’anciennes écoles résidentielles a aussi relancé le débat sur la "décolonisation" et le "racisme systémique". Jean-Guy Dagenais dit comprendre certaines revendications des tribus autochtones, mais considère que "la réconciliation doit aller dans les deux sens":
"Je vais vous dire: je ne suis pas un partisan de l’autoflagellation tous les jours. D’ailleurs, j’ai des ancêtres qui ont été tués par des Mohawks lors du massacre de Lachine et je ne leur demande pas de s’excuser des siècles plus tard. […] L’emprise du crime organisé dans la réserve d’Akwesasne est une réalité connue depuis des dizaines d’années. Il va falloir arrêter l’aveuglement volontaire et reprendre le contrôle pour limiter l’entrée des armes", tranche le sénateur.
Le 22 novembre dernier, Valérie Plante et François Legault ont tenu une conférence de presse commune pour tenter de rassurer la population de la métropole québécoise: "C’est une violence inacceptable que l’on ne veut plus voir à Montréal. On va donner un grand coup dans les prochains mois. […] Ce n’est pas le Montréal qu’on aime", a alors insisté François Legault.
Jean-Guy Dagenais persiste et signe: seule "une plus grande répression" permettra selon lui de juguler la flambée de violence:
"Je ne suis pas contre le soutien communautaire, mais cette approche ne règle pas tout dans les quartiers sensibles. C’est une approche qui fonctionne à long terme. Pour l’instant, ce qu’il faut à Montréal, ce sont plus de policiers sur le terrain", conclut-il.
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