Hulot accusé de viol: comment Marlène Schiappa a-t-elle changé de ton au fil des années?

© AP Photo / Stephane de SakutinMarlène Schiappa
Marlène Schiappa - Sputnik Afrique, 1920, 27.11.2021
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Après avoir ouvertement soutenu Nicolas Hulot en 2018 face aux premières révélations sur son implication dans des affaires de violences sexuelles, Marlène Schiappa assure aujourd’hui qu’elle ne le défendait pas lui, mais "l’État de droit".
Si aujourd’hui Marlène Schiappa espère que "la justice ouvrira une instruction s’il y a des éléments" dans l’affaire concernant les violences sexuelles dont au moins six femmes accusent l’ancien ministre Nicolas Hulot, elle n’a pas toujours suivi cette ligne. En 2018, lors de la révélation de la toute première plainte en ce sens, le ton de l’ancienne secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes était complètement différent.
À l’époque, Marlène Schiappa avait rejoint les propos d’Édouard Philippe qui assurait n’avoir "aucune raison de douter de sa parole [à Nicolas Hulot]".
Trois ans plus tard, l’actuelle ministre chargée de la Citoyenneté doit s’expliquer sur de multiples chaînes télé et au micro de radios à l’égard de l’incohérence de ses positions. Et elle se défend vivement.
Pointant une différence entre les informations ayant surgi en 2018 et la dimension de l’affaire d’aujourd’hui, Marlène Schiappa a détaillé sur les ondes de Sud Radio:
"À l’époque, on parlait d’une femme qui ne voulait pas parler de la plainte pour viol qu’elle avait déposée. Je respecte toujours la parole des femmes quand elles veulent en parler, mais aussi quand elles disent qu’elles ne veulent pas que leur nom soit jeté en pâture."
Et d’ajouter:
"Je n’ai pas soutenu Hulot, mais l'État de droit car la Justice doit se rendre dans les tribunaux."

"Un homme charmant" et "respectueux"

Or, en 2018, Marlène Schiappa avait publié dans les colonnes du Journal du Dimanche une tribune s’intitulant "Pourquoi les accusateurs de Nicolas Hulot bafouent la parole des femmes". Dans ce texte, elle qualifiait d’"irresponsable" l’article du journal Ebdo (disparu depuis) révélant les informations sur Hulot et de "torchon populiste" le média en lui-même. Elle écrivait de plus:
"Je pourrais ajouter que c’est "un homme charmant" (c’est le cas), "respectueux" (c’est le cas), que je pense à son épouse et ses enfants (c'est le cas), qu'il porte un combat majeur pour l'avenir de la planète (c'est le cas)".

Le manque d’expression

Outre d’avoir donné la parole le 25 novembre aux femmes accusant Hulot de violences sexuelles, l’émission de France 2 Envoyé Spécial a diffusé une séquence montrant une partie de conversation de Marlène Schiappa et son entourage à l’époque.
"Le manque d’expression de ta part, qui est assumé, puisque c’est ce que l’on a choisi de faire, il commence à se voir, il commence à être repris", lui avait lancé un de ses conseillers.
C’est après que la tribune dans le JDD avait été publiée. Mme Schiappa s’était également montrée à côté de Nicolas Hulot à l’Assemblée nationale.
Invitée le 26 novembre sur le plateau de BFM TV, elle est revenue sur l’importance de saisir ce genre d’affaires en justice:
"Mon travail au ministère de l’Intérieur, […] c’est que la justice puisse à un moment se prononcer sur des faits. J’ai entendu qu'il y a prescription, c’est au juge d'apprécier ou non s'il y a eu prescription."

"Informée par la presse uniquement"?

Pourtant, la volte-face de Mme Schiappa est largement dénoncée. Sur le plateau de Touche pas à mon poste, la militante féministe Fatima Benomar a pointé la réception par l’Élysée en 2018 de deux lettres des victimes de Nicolas Hulot, ceci ayant fait "des remous entre les ministres".
Or, épinglée à cet égard sur BFM TV, Mme Schiappa a déclaré:
"Je ne suis pas au courant d’une lettre envoyée à l’Élysée. Une lettre de qui? […] Vous avez des informations que je n’ai pas, je ne sais pas de quoi vous me parlez. Moi, j’ai les mêmes informations que n’importe quelle personne qui lit les journaux et qui regarde la télévision."
"Vous êtes ministre et à l’époque vous étiez secrétaire d’État pour la protection des femmes, mais vous étiez informée par la presse uniquement?" l’a interrompue l’essayiste Barbara Lefebvre. "Là, je m’inquiète."
Selon la secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie-les Verts Sandra Regol, "le gouvernement doit s'excuser de son soutien". Quant à Mme Schiappa, elle "pourrait demander des comptes à ses supérieurs, qui lui ont demandé d'agir ainsi, et ensuite à elle", a fait remarquer sur Franceinfo Mme Regol.
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