Création d’un bloc latino-américain face à Washington, mission possible?

© REUTERS / Edgard GarridoMexico's President Andres Manuel Lopez Obrador gestures during a news conference at the National Palace in Mexico City
Mexico's President Andres Manuel Lopez Obrador gestures during a news conference at the National Palace in Mexico City - Sputnik Afrique, 1920, 04.12.2021
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Le Président du Mexique a lancé l’idée de rassembler les pays latino-américains dans une configuration qui exclut les États-Unis. Analyse de Jean-Louis Martin, économiste spécialiste de l’Amérique latine, pour le Désordre mondial.
La rencontre entre Joe Biden, Andrès Manuel López Obrador (AMLO) et Justin Trudeau à la Maison-Blanche le mois dernier tenait plus de la prise d’otages que du sommet entre égaux.
Le Canada et le Mexique font penser à des épouses qui auraient été exploitées par les États-Unis pendant des années, mais dont le mari attend toujours d’elles qu’elles préparent le dîner lorsqu’il les appelle après avoir rendu visite à sa maîtresse. Les deux pays ont tendance à se reposer sur la facilité que leur offre leur proximité géographique avec leur puissant voisin au détriment de potentiels nouveaux partenariats qui réduiraient leur dépendance vis-à-vis des États-Unis.
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Le Canada, par exemple, est littéralement pris en sandwich entre les États-Unis et la Russie. Sans la probabilité de sanctions américaines pour des raisons idéologiques datées d’une époque révolue, Ottawa aurait pu depuis longtemps développer ses coopérations avec Moscou au-delà du hockey.
Quant au Mexique, AMLO a déjà signalé qu’il cherchait à se tourner vers l’Amérique latine, notamment le Venezuela, fortement sanctionné par les États-Unis. Selon le Deutsche Welle, "le Président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a proposé de remplacer l’Organisation des États américains (OEA) par la Celac, un organisme qui n’inclut ni les États-Unis ni le Canada. Sa motion est venue en réponse aux demandes de pays comme le Nicaragua, le Venezuela et la Bolivie, qui ont qualifié l’OEA d’outil interventionniste des États-Unis."
Jean Louis Martin, économiste spécialiste de l’Amérique latine, se montre dubitatif sur les chances de succès du projet d’AMLO:
"Je n’ai pas eu l’impression que les réactions en Amérique latine ont été extrêmement enthousiastes à cette idée. Le Mexique est considéré en Amérique latine comme un pays qui est trop proche des États-Unis par les gouvernements de gauche latino-américains et comme une sorte de partenaire privilégié [des USA] par les gouvernements plus conservateurs en Amérique latine. Donc le Mexique ne fait vraiment pas partie du club. Par ailleurs, les pays latino-américains sont beaucoup plus concurrents entre eux que complémentaires."
L’économiste évoque l’interdépendance entre Mexico et Washington qui sous-tend la relation entre les deux pays, la rendant compliquée à modifier:
"Je crois que le Président mexicain souhaite, au moins verbalement, prendre de la distance vis-à-vis des États-Unis. Cela restera du verbe parce que leurs économies sont trop intégrées pour ça. Le Mexique est extrêmement dépendant des États-Unis qui absorbent 80% des exportations mexicaines, la collaboration est vitale pour le Mexique. Les Américains sont eux aussi dépendants du Mexique, de son bon vouloir de contenir l’immigration centraméricaine."
Que doit donc penser Washington de l’idée d’un rapprochement entre le Venezuela sous sanctions et le Mexique?
"Je ne crois pas que cette initiative doive beaucoup inquiéter Washington", conclut le spécialiste.
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