Débat Zemmour/Le Maire: des invectives, mais pas de vainqueur?

Premier choc entre l’ex-polémiste et le gouvernement. Le débat très attendu entre Éric Zemmour et Bruno Le Maire a rencontré le succès d’audience escompté. Mais qu’en a-t-il été de l’opposition de fond? Analyse avec l’économiste Jacques Sapir.

"Éric Zemmour a montré une capacité sur le terrain économique qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à maintenant. De l’autre côté, Bruno Le Maire a été plutôt imprécis sur toute une série de choses; même s’il y a eu aussi des imprécisions du côté d’Éric Zemmour", analyse Jacques Sapir devant les caméras de Sputnik.

Près de trois millions de personnes ont regardé le duel très attendu entre Bruno Le Maire et Éric Zemmour sur France 2 ce jeudi 9 décembre. Pour sa première émission télévisée en tant que candidat à l’élection présidentielle, l’ancien journaliste du Figaro a eu l’occasion d’évoquer l’état économique et financier du pays. Pour lui, le "grand déclassement" industriel de la France ne fait pas l’ombre d’un doute.

"Il n’est pas assuré que l’on reviendra au même niveau de puissance économique que dans les années 1990. De ce point de vue-là, Éric Zemmour a certainement eu raison sur le phénomène de “grand déclassement”, mais il devrait reconnaître que l’action de Bruno Le Maire a au moins stoppé cela", nuance Jacques Sapir.

Si le taux de croissance annuel du PIB français a chuté de près de 8 points pour l’année 2020, marquée par la crise sanitaire et les confinements à répétition, celui-ci a rebondi en 2021, atteignant 6,7%. "La question maintenant, c’est: comment faire pour prolonger cette situation? Là-dessus, aucun n’a apporté de réponse", souligne Jacques Sapir. Pour l’économiste souverainiste, un autre point central n’a pas été évoqué lors du débat entre les deux hommes:

"Ni Éric Zemmour ni Bruno Le Maire n’ont une seule fois évoqué la question de l’euro. Or, on ne peut pas comprendre la désindustrialisation importante que la France a connue, et le déséquilibre commercial si on ne prend pas en compte la question de l’euro. Le FMI a calculé que les positions de compétitivité entre la France et ses principaux concurrents en Europe sont marquées par un décalage de 20% à 25% en défaveur de la France", conclut Jacques Sapir.