Déchets plastiques omniprésents à Abidjan: "un casse-tête sans fin"

© Sputnik . Roland KlohiDes milliers de bouteilles plastiques agglutinées sur la plage
Des milliers de bouteilles plastiques agglutinées sur la plage  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
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Les chiffres sont énormes. Près de 300 tonnes de déchets plastiques seraient produites chaque jour à Abidjan. Et si les initiatives pour leur gestion se multiplient ces dernières années, il est estimé que plus de la moitié de ces déchets finit directement dans les rues et les canalisations.
Quelles solutions durables à la problématique des déchets plastiques à Abidjan? La question reste posée, en dépit des initiatives de toutes sortes qui voient le jour depuis quelques années.
Avec une superficie de 422 km², Abidjan, de loin la plus grande ville de Côte d’Ivoire, est bordée au sud par l’océan Atlantique. Sa population estimée à bien plus de cinq millions d’individus produit chaque jour, selon Unicef, pas moins de 288 tonnes de déchets plastiques, et seuls 5% de ces déchets sont recyclés, souvent de façon informelle. Par ailleurs, les autorités estiment que plus de la moitié des déchets plastiques seraient directement évacués dans les rues.
Dans la capitale économique ivoirienne, ces déchets font tellement partie du paysage que les Abidjanais les remarquent désormais à peine. Il est courant d'en voir les rues jonchées et les canalisations bondées, parfois sur de longues distances.
© Sputnik . Roland KlohiDes rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody
© Sputnik . Roland KlohiDes rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody
Mais là où le spectacle est des plus affligeants, c’est bien sur le littoral de la commune de Port-Bouët, qui a souvent des allures de décharge à ciel ouvert. Sur ce front de mer d’une dizaine de kilomètres, le gouvernement ivoirien a entrepris d’aménager une promenade moderne de la trempe de la promenade des Anglais de Nice. Mais en attendant que les travaux de ce grand projet démarré en 2017 prennent fin, ce sont des déchets plastiques qui meublent le décor. À perte de vue, sur la plage.
© Sputnik . Roland KlohiDes rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Des rues de la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody

"On a beau nettoyer la plage, dès le lendemain ou deux jours après, les plastiques sont de retour, à force, on ne s’en donne plus trop la peine", confie à Sputnik Thierry, un jeune ivoiro-sénégalais.

© Sputnik . Roland KlohiDes milliers de bouteilles plastiques agglutinées sur la plage
Des milliers de bouteilles plastiques agglutinées sur la plage  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Des milliers de bouteilles plastiques agglutinées sur la plage
© Sputnik . Roland KlohiThierry, debout parmi les déchets
Thierry, debout parmi les déchets  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Thierry, debout parmi les déchets
© Sputnik . Roland KlohiDes déchets plastiques qui s’étendent sur des kilomètres
Des déchets plastiques qui s’étendent sur des kilomètres  - Sputnik Afrique, 1920, 10.12.2021
Des déchets plastiques qui s’étendent sur des kilomètres
Diplômé d’un DUT (Diplôme universitaire technologique) en transport logistique et transit depuis deux ans, Thierry fait partie des jeunes désœuvrés qui s’organisent pour assurer la sécurité et la propreté de cette plage. Et selon lui, "la problématique des déchets plastiques à Abidjan est bien trop complexe pour être réglée maintenant".

"Une bonne proportion des plastiques jetés dans les rues ou caniveaux et emportés par les eaux de ruissellement finissent leur course dans la lagune Ébrié. Une partie des populations jette aussi directement ses ordures dans la lagune. Et comme tout le monde le sait, tout ça finit dans l’océan. Il y a parfois aussi les navires qui rejettent au large leurs déchets dans l’océan, qui les rejette à son tour sur la plage. En vrai, ramasser ces déchets comme nous le faisons souvent ne sert pas vraiment à grand-chose. Il s’agit là d’un casse-tête sans fin qui, à mon avis, ne pourra prendre fin qu’avec l’éducation des populations", croit-il savoir.

La nécessité d’une "éducation environnementale"

Ces dernières années, de nombreuses initiatives gouvernementales, citoyennes, d’entreprises et organisations ont vu le jour pour apporter des solutions durables à la problématique que posent les déchets plastiques.
Le gouvernement ivoirien a par exemple lancé le 3 décembre 2016 "Grand ménage", une opération citoyenne destinée à rendre plus propres les villes et villages du pays, menée chaque premier samedi du mois. C’est l’occasion pour tous les Ivoiriens (autorités, particuliers, entreprises) de participer directement et à grande échelle à l’assainissement de leur cadre de vie, très largement pollué par des déchets plastiques.
Stéphane Adouko, à gauche, et Camara Zanga, à droite.   - Sputnik Afrique, 1920, 12.06.2019
Avec leur charbon écolo, deux entrepreneurs ivoiriens lancent un pavé… bio dans la mare
De son côté, l’Unicef a implémenté depuis 2018 à travers le pays un projet écologique inédit en Afrique de construction d’écoles avec du plastique recyclé.
Par ailleurs, des unités de collecte de déchets plastiques (en vue de leur recyclage) sont progressivement installées à Abidjan. Et une île flottante écologique artificielle reposant sur 700.000 bouteilles plastiques a même été bâtie sur la lagune.
Cependant, toutes ces initiatives, aussi remarquables soient-elles, sont hélas encore loin d’être suffisantes. Interrogé par Sputnik, Cheick Traoré, de 350 Côte d’Ivoire (branche locale de l’ONG internationale 350.org) estime que pour "réellement faire la différence, il faut mettre l’accent sur l’éducation environnementale des populations".

"Nous sommes tous contributeurs de ces déchets plastiques, c’est donc une problématique qui nous concerne tous. On peut mener toutes sortes d’actions, mais cela ne suffira pas tant qu’on n’aura pas revu notre mode de consommation et nos habitudes, soutient ce responsable d'ONG qui lutte contre le changement climatique avec un accent particulier mis sur la problématique des déchets et les énergies renouvelables.

Une situation qui illustre bien les habitudes de consommation pointées du doigt par Cheick Traoré est bien l’utilisation plus que répandue des sachets plastiques dans le pays, malgré le décret du 20 mai 2013 qui en interdit la production, l’importation, la commercialisation, et la détention.

"Le gouvernement a tenté de faire bouger les lignes, mais nous sommes dans une société où les populations ne sont pas suffisamment lettrées pour comprendre le bien-fondé de certaines lois. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous menons des campagnes d’éducation environnementale dont la cible sont les élèves", déclare-t-il.

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