Aubervilliers démonte un distributeur de pipes à crack, les militants de la prévention s’insurgent

CC BY 2.0 / Jeanne Menjoulet / Lignes d'AubervilliersAubervilliers (archive photo)
Aubervilliers (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 15.12.2021
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À la demande des riverains, la mairie d’Aubervilliers a ordonné d’enlever un distributeur de kits d’inhalation destinés aux toxicomanes. La mesure a indigné non seulement les associations de prévention mais aussi l’ARS Île-de-France et certains policiers et élus.
L’association Safe a procédé ce 15 décembre au retrait d’un distributeur de matériel propre et stérile pour les toxicomanes installé à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). L’automate sans étiquette, très discret et fixé sur le trottoir, distribue gratuitement des pipes d’inhalation contre des jetons.
Le démontage a été ordonné par la mairie d’Aubervilliers qui se réfère aux habitants du quartier, mécontents de la présence des toxicomanes, explique l’association.

"Nous avons été sollicités par la population. On est au pied d’une très grosse copropriété et de logements du parc HLM juste à côté. C’est ultra-dense. Les habitants nous ont parlé d’agressions et d’un acte d’exhibitionnisme. Les personnes qui prennent des kits d’inhalation se shootent sur place et c’est à la redescente que ça se passe mal", a commenté auprès du Parisien Samuel Martin, maire adjoint, en charge de la voirie.

D’après Stéphanie Benoist, porte-parole du collectif 93 Anti-crack, cité toujours par Le Parisien, le distributeur "fait perdurer le trafic".
Lors de la pose de cet appareil, le nombre de fumeurs de crack dans le secteur était de 40 à 50 personnes. Leur nombre a augmenté après le déplacement mi-septembre des toxicomanes des jardins d’Éole à Paris (XVIIIe), vers un square de la porte de la Villette, près d’Aubervilliers.

Les réactions

Les associations concernées ainsi que l’Agence régionale de santé (ARS) de l’Île-de-France se sont insurgées contre cette décision de la municipalité.
Ce dispositif "ne facilite pas l'entrée dans l'addiction ou même l'usage de drogues", argumente Luc Ginot, directeur de l’ARS Île-de-France, mais a contrario "contribue à réduire le risque infectieux […], évite des maladies graves".

"Beaucoup de toxicomanes souffrent de lésions et coupures sur les mains, les lèvres et le fait qu’ils s’échangent des outils d’inhalation, c’est prendre le risque qu’ils se transmettent des maladies comme l’hépatite C ou le VIH. On est en plein boom de la consommation de crack et une telle décision est à contresens de la réalité du terrain", développe auprès du Parisien Catherine Duplessy, directrice de l’association Safe.

"Jamais les distributeurs de matériels installés par l’association Safe n’avaient été remis en question, tant leur nécessité et utilité sont prouvées", s’insurge PCP, collectif français de policiers et gendarmes souhaitant la décriminalisation de l’usage des drogues.
Le député La France insoumise Bastien Lachaud a annoncé sur Twitter avoir interpellé la maire d’Aubervilliers ainsi que le ministre de la Santé sur cette "décision insensée, qui ne fera qu'aggraver la crise du crack".
Le groupe des sénateurs communistes est du même avis et appelle au maintien du dispositif.
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