Le sommet pour la démocratie de Biden: "comme une party chez les teenagers"

© REUTERS / CARLOS BARRIALe président des États-Unis, Joe Biden, prononce un discours
Le président des États-Unis, Joe Biden, prononce un discours - Sputnik Afrique, 1920, 16.12.2021
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En organisant son sommet de la démocratie, Joe Biden s’est érigé en gardien du temple de la démocratie. L’événement a pourtant soulevé une controverse. Analyse de Jean-Christophe Bas, responsable du Forum de Rhodes, pour le Désordre mondial.
La démocratie est-elle en recul dans le monde? Joe Biden semble en tout cas s’en inquiéter. Du coup, il a organisé son sommet pour la démocratie les 9 et 10 décembre. Ce raout virtuel s’est tenu en visio-conférence. Pas moins de 111 États étaient invités. Une réunion destinée à "raviver la démocratie chez nous et affronter les autocraties à l’étranger".
Par ailleurs, il y a quelque chose de cocasse dans le fait d’accueillir une telle table ronde, alors que la justice britannique a ordonné l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. Une contradiction qui a échappé au Président américain!
Dans son propos liminaire, ce dernier a déploré la défiance des citoyens des démocraties envers leurs institutions. Il a en outre cité un rapport de Freedom House. Cette ONG américaine vit des subsides du gouvernement fédéral. Longtemps soupçonnée de travailler pour la CIA, elle décrit 2020 comme "la quinzième année consécutive de recul de la liberté dans le monde". Pour Joe Biden, la faute en incombe à "la pression extérieure des autocrates".
L’occupant du Bureau ovale a ajouté: "Ils cherchent à accroître leur pouvoir, à exporter et à étendre leur influence dans le monde. Ils justifient leurs politiques et pratiques répressives comme étant un moyen efficace de relever les défis d’aujourd’hui."
Les alliés des États-Unis étaient conviés à ce sommet, alors que la Chine, la Russie et d’autres pays non alignés sur Washington en ont été exclus. Fait symbolique : à la veille de l’ouverture du sommet de Biden, Pékin a publié un livre blanc, intitulé Chine: une démocratie qui marche, qui fustige le mode de fonctionnement des États-Unis.
Qu’est-ce que donc la démocratie en 2021? Ce serait un gouvernement "par le peuple, pour le peuple", comme l’a souligné Biden. Or les élites de Washington exercent une mainmise sans précédent sur les différentes institutions de leur pays. Relèvent-elles alors plus du problème que de la solution? L’Amérique a-t-elle perdu le droit de s’autoproclamer parangon de démocratie?
Jean-Christophe Bas, ancien chef du dialogue politique à la Banque mondiale, qualifie le sommet de "pétard mouillé".
"Il y a un décalage entre une volonté sincère, que je ne remets pas en cause de la part du Président Biden, et une réalité du monde qui impose beaucoup plus d’ouverture."
Le spécialiste pointe plusieurs incohérences dans l’organisation du sommet. La Turquie, pays membre de l’Otan, aurait pu être invitée et ne l’a pas été, rappelle-t-il. "C’était un peu comme une surprise-party chez les teenagers. Ce qui comptait, c’était de savoir qui était invité et qui ne l’était pas. Ça exacerbe les susceptibilités." Et son verdict est clair :
"Il y a eu des dysfonctionnements aussi bien sur le fond que sur la forme. Dans le monde actuel, multipolaire et complexe, il aurait été pertinent que ce sommet n’apparaisse pas comme une initiative strictement américaine lancée par la Maison-Blanche."
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