Ancien agent du FBI: "Assange a raison d’être nerveux" au sujet de son extradition aux USA

© AFP 2023 JUSTIN TALLIS / AFPJulian Assange, le 19 mai 2017
Julian Assange, le 19 mai 2017 - Sputnik Afrique, 1920, 18.12.2021
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Que risque Julian Assange alors que la justice britannique vient d’approuver son extradition vers les États-Unis? Prison de très haute sécurité ou pire? Marc Ruskin, ancien agent spécial du FBI, exprime ses inquiétudes au micro de Rachel Marsden.
Le 10 décembre dernier, une haute Cour britannique a décidé que Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, pouvait être extradé vers les États-Unis pour répondre d’accusations d’espionnage. Une juridiction inférieure avait précédemment bloqué cette extradition au motif qu’Assange risquait d’être détenu dans les conditions trop sévères d’une prison "supermax".
Le nouveau jugement estime que les assurances données par le gouvernement américain sont désormais suffisantes. Pour Marc Ruskin, ancien agent spécial du FBI, ces garanties n’ont pas grande valeur.
"Les assurances que l’on donne à Assange, qu’est-ce que ça peut valoir s’il arrive quelque chose à Assange en prison aux États-Unis? Qu’est-ce que le gouvernement va dire? “Excusez-nous, M. le juge britannique?” Je crois qu’Assange a raison d’être un peu nerveux."
La Cour britannique n’a cependant pas mentionné les documents publiés par Yahoo News en septembre dernier, qui font état des projets fomentés par la CIA de kidnapper, voire d’assassiner Assange, alors que ce dernier était reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres. Que serait donc le sort réservé au lanceur d’alerte dans une prison américaine s’il épuisait tous les recours possibles?
En tout cas, les accusations d’espionnage à l’encontre du fondateur de WikiLeaks montrent à quel point la liberté de la presse s’est dégradée aux États-Unis. L’ancien agent du FBI compare cette affaire à celle des Pentagon papers de 1971:
"Quand le New York Times a publié les secrets de Daniel Ellsberg sur la Guerre du Vietnam, personne n’a parlé d’une procédure pénale contre le New York Times. On n’a même pas pensé que ce serait une possibilité… L’éditeur du New York Times n’a pas été foutu en prison, alors que maintenant on cherche à mettre Assange en prison pour avoir publié des informations que quelqu’un d’autre a volées."
Qu’est-il donc arrivé à l’intérêt que Joe Biden portait aux activistes, journalistes et aux droits de l’homme en général? Pourquoi, sous sa présidence, le ministère de la Justice américain persiste-t-il à réclamer l’extradition de quelqu’un que le gouvernement américain a envisagé d’enlever, voire d’assassiner? Si cela se produisait dans un autre pays, en particulier chez un adversaire de Washington, celui-ci croulerait sous les injonctions d’arrêter la persécution du lanceur d’alerte et de respecter les droits de l’homme et la liberté de la presse.
À l’inverse, l’attitude de la Justice américaine vis-à-vis de Julian Assange a de quoi inquiéter, estime l’auteur de The Pretender: My life undercover for the FBI (Éd. Thomas Dunne Books):
"Ce qui arrive maintenant à Assange envoie le message à tous les autres journalistes de faire attention, parce que s’ils franchissent la ligne rouge, ils risquent de se retrouver avec beaucoup d’ennuis juridiques," conclut Marc Ruskin.
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