Les pays du Golfe ne sont pas du tout gay friendly et le grand mufti d’Arabie saoudite le confirme

© Photo Pixabay / Mary Bettini Blank Un drapeau LGBT+
Un drapeau LGBT+ - Sputnik Afrique, 1920, 23.12.2021
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La plus grande autorité religieuse d’Arabie saoudite a violemment condamné l’homosexualité. Dans le Golfe, une personne appartenant à la communauté LGBT risque l’emprisonnement, des coups de fouet ou encore la peine de mort.
En termes d’ouverture, il ne faut pas trop en demander à l’Arabie saoudite. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane n’a de cesse de déconstruire l’image de son pays conservateur et liberticide. Entre l’obtention des visas pour les touristes, les concerts de stars occidentales, les évènements sportifs internationaux avec un public mixte, l’autorisation des femmes de conduire, la célébration de Noël, Riyad était sur la bonne voie. Mais en matière de droits des minorités sexuelles, on repassera.
"Le crime d'homosexualité est l'un des crimes les plus ignobles et odieux aux yeux de Dieu",a déclaré le mufti saoudien Abdelaziz al-Cheikh, la plus haute autorité religieuse du royaume. Et d’ajouter : "Les auteurs de ce crime" portent sur eux "la honte et l'infamie". Des propos tenus une semaine après qu’Abdallah Al-Mouallimi, ambassadeur saoudien aux Nations unies ait rejeté la mention de l'homosexualité dans une résolution de l'Assemblée générale sur la démocratie.

Les pays du Golfe censurent un film avec un acteur transgenre

Les relations sexuelles avec une personne du même sexe sont illégales dans la monarchie du Golfe. L’Arabie Saoudite n’a pas de Code Pénal écrit, les peines y sont prononcées par les juges en fonction de l’interprétation propre de la charia (loi islamique). Théoriquement l’homosexualité est passible de la peine de mort. Mais dans la majeure partie des cas, les minorités sexuelles sont emprisonnées pendant plusieurs années et reçoivent diverses sentences pouvant aller aux coups de fouet. D’ailleurs, rien que pour avoir déclaré que les homosexuels méritaient des droits, le jeune blogueur Mohamad al-Bokari a été condamné par les autorités saoudiennes en juillet 2020 à plus de dix mois de prison ferme.
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Mais en matière de liberté sexuelle, les autres pays du Golfe ne sont pas en reste. Outre le Bahreïn qui a légalisé l’homosexualité en 1976, toutes les pétromonarchies n’ont pas à cœur de faire des avancées dans ce domaine. Même pour Manama cette ouverture a des limites. La nouvelle adaptation de West Side Story réalisé par Steven Spielberg ne sortira pas dans les salles de cinéma en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, au Qatar, à Bahreïn, à Oman et au Koweït. La raison: la présence à l’écran de Anybodys, un personnage transgenre incarné par le comédien non-binaire Iris Menas.
Pour tenter de faire bouger les lignes, le pilote de Formule 1 Lewis Hamilton a fièrement arboré un casque aux couleurs de l’arc en ciel alors qu’il concourait dans les pays du Golfe. "Je pense que les sportifs qui se rendent dans ces endroits ont le devoir de sensibiliser le public à ces problèmes. Ces endroits ont besoin de l'attention des médias pour parler de ces choses. L'égalité des droits est une question sérieuse", avait-il déclaré après le grand prix à Doha en novembre dernier.

Coupe du monde: les homosexuels pourront venir au Qatar… à condition

Décidément, les pays du Golfe ne sont pas vraiment en phase avec l’élan wokisme outre atlantique. En juin dernier, les ambassades britannique et américaine des Émirats arabes unis ont hissé le drapeau de la communauté LGBT en haut de leur bâtiment officiel. Un geste qui provoqua l’ire de la population locale. A Abou Dhabi, l’homosexualité est également passible de la peine de mort.
De surcroît, le 20 décembre, les autorités du Qatar ont saisi des jouets "contraires aux valeurs islamiques", publiant des images de jouets multicolores dont celles du drapeau arc-en-ciel des communautés LGBT. "Le ministère exhorte tous les citoyens et résidents à signaler toute marchandise portant des logos ou des dessins contraires aux traditions", a ajouté l’agence de presse officielle qatarie QNA.
Des mesures qui inquiètent les spectateurs occidentaux un an avant la tenue du mondial de football à Doha. Pour tenter de balayer les critiques sur ses questions, Nasser Al Khater, directeur général du comité d'organisation du tournoi, a tenu à rappeler que le pays hôte est "tolérant" et "accueillant".
"Je tiens à assurer à tous les fans, quel que soit leur genre, leur orientation (sexuelle, ndlr), leur religion ou leur race, que le Qatar est l’un des pays les plus sûrs au monde et qu’ils seront tous les bienvenus ici" a-t-il précisé avant toutefois de préciser que "les marques d'affection en public sont mal vues ici, ce n'est pas dans notre culture".
Problématique sur laquelle les gouvernements occidentaux resteraient assez discrets en ce qui concerne les pays du Golfe. Pas étonnant vu que l’Arabie saoudite, les Émirats et le Qatar sont les principaux acheteurs d’armes des États-Unis et de la France. Pire encore, Riyad avait pris la tête d'une instance stratégique du Conseil des droits de l'homme en 2015. Après tout, que vaut le sort de quelques homosexuels à côté de contrats à plusieurs milliards de dollars …
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