"Une tentative d’homicide": le maire de Saint-Pierre-des-Corps condamne les attaques sur ses 2 élues

© AFP 2023 ALAIN JOCARDSaint-Pierre-des-Corps
Saint-Pierre-des-Corps - Sputnik Afrique, 1920, 25.12.2021
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La ville de Saint-Pierre-des-Corps située en périphérie de Tours a été secouée par deux incendies criminels dans la nuit du 23 au 24 décembre qui ont visé deux adjointes au maire. Si la condamnation est unanime, ces actes interviennent dans un contexte tendu entre élus et habitants lié au projet de rénovation du quartier de la Rabaterie.
La ville cheminote de Saint-Pierre-des-Corps située en périphérie de Tours en Indre-et-Loire s’est réveillée dans la stupeur ce vendredi 24 décembre. Durant la nuit, deux incendies ont visé Laurence Lefevre et Gamia Bougadba, deux adjointes au maire. Le 24 décembre, Emmanuel François, maire de Saint-Pierre-des-Corps, a rappelé les faits au micro de TV Tours Val de Loire. C’est à 1h30 du matin que la voiture de Gamia Bougadba, adjointe au Logement et aux Aînés, a été incendiée. Puis, à 3h30 du matin, la porte du domicile de Laurence Lefevre, adjointe à la Santé et à l’Action sociale, a été également visée par un départ de feu.
Selon France 3, les dégâts sont limités. Le procureur de la République de Tours, Grégoire Dulin, a ouvert deux enquêtes pour destruction, dégradation ou détérioration d’un bien d’autrui par incendie. Les enquêtes ont été confiées à la direction territoriale de la police judiciaire d'Orléans et à la direction départementale de la Sécurité publique d'Indre-et-Loire selon des informations obtenues par France 3 auprès du parquet de Tours. Emmanuel François a par ailleurs indiqué auprès de TV Tours Val de Loire avoir été également pris pour cible, les incendiaires ayant tenté d’incendier son cabinet médical sans succès.

Le projet de rénovation de la Rabaterie en cause

Ces dernières semaines, le climat est tendu entre habitants et mairie. Le 24 novembre dernier, une réunion publique concernant le projet de rénovation du quartier de la Rabaterie s’est déroulée dans un climat houleux. Selon la Nouvelle République, le maire a été interrompu dès ses premières prises de parole. En effet, les habitants n’ont pas hésité à invectiver l’édile avec virulence pour exprimer leur opposition au projet.
Ce plan de rénovation s’inscrit dans le cadre du Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Financé par la région Centre-Val de Loire, Tours Métropole et l’État à hauteur de 20 millions d’euros, il prévoit la démolition du centre commercial, la construction de 40 logements ainsi que la création de 1.620 m² de locaux d’activités ainsi que la création d’un centre social et d’une salle de danse accompagnées d’une végétalisation.
Pour le maire de Saint-Pierre-des-Corps, ce projet permettra d’accroître l’attractivité du quartier. En effet, la Rabaterie a vu son supermarché fermer et son dernier médecin quitter le quartier au grand dam des habitants qui réclament une maison de santé ainsi que de nouveaux médecins. Sur la question des médecins, Emmanuel François a rétorqué qu’ils ne viendront pas s’installer ici tant que ce ne sera pas sécurisé, tant que le quartier ne sera pas attractif. Il faut dire que le quartier traîne une mauvaise réputation dans l’agglomération tourangelle. Selon un sondage BVA pour Tours Métropole, seulement 8% des non-résidents du quartier avaient une image positive du quartier en 2017.Cette mauvaise image est ancienne puisqu’en octobre 1996 des émeutes urbaines avaient secoué le quartier suite au décès d’un jeune de 23 ans, abattu d’une balle dans la tête. Les jeunes avaient accusé la police d’avoir maquillé ce décès en suicide, ce qui avait embrasé le quartier pendant une semaine, avec 33 voitures totalement détruites, 18 partiellement selon l’Humanité, et 29 jeunes avaient été interpellés. Face aux accusations de racisme et de problèmes sociaux, les autorités avaient tenu un autre discours. Jean Germain, maire PS de Tours entre 1995 et 2014 avait vu un lien entre ces évènements et le trafic de drogue "dans lequel il va falloir mettre son nez", ce à quoi avait acquiescé le préfet de l’époque. Des trafics de stupéfiants qui ont défrayé la chronique locale en 2015 où les riverains avaient exprimé leur ras-le-bol des dealers dans les colonnes de la Nouvelle République.
La fin des années 2010 a notamment été marquée par des affrontements entre différents quartiers de l’agglomération tourangelle, dont la Rabaterie, sur fond de trafic de drogue. En 2018, un commerce du quartier avait été la cible de coups de feu d’un scooter alors que de nombreux jeunes se trouvaient à proximité.
Marie France Beaufils, maire PC de Saint-Pierre-des-Corps entre 1983 et 2020 avait alors expliqué la situation auprès de La Nouvelle République en ne donnant aucune explication, sans pour autant manquer de faire le lien entre les affrontements entre les jeunes de sa ville avec ceux du quartier du Sanitas à Tours.
"Ce qui s’est passé là est inacceptable et dangereux. On n’a pas d’explication pour l’instant, même s’il se passe des choses entre la Rabaterie et le Sanitas. L’appel au calme, je le demande en permanence. J’appelle tous les adultes qui peuvent avoir de l’influence à faire réfléchir les fauteurs de troubles…"

Réactions politiques

Si le maire de Saint-Pierre-des-Corps s’est exprimé au micro de TV Tours Val de Loire en parlant de tentative d’homicide, d’autres n’ont pas manqué de prendre la parole, à commencer par Marie Lajus, préfète d’Indre-et-Loire, qui a condamné fermement ces actes dans un communiqué et parlé d’acte gravissime contre la République.
Emmanuel Denis, maire EELV de Tours, a quant à lui exprimé sa solidarité et son soutien aux élus de Saint-Pierre-des-Corps.
Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la Ruralité, a affirmé que ces violences contre nos élus sont inacceptables et ne doivent pas être banalisées.
Enfin, Gérard Paumier, président du Conseil Général d’Indre-et-Loire, a proposé en signe de soutien un rassemblement de tous les élus devant la mairie de Saint-Pierre-des-Corps, ce lundi à 17h, selon une information de La Nouvelle République. Ce dernier affirme avoir déjà obtenu l’accord d’Emmanuel Denis, maire de Tours ainsi que de Cédric de Oliveira, maire de Fondettes et président des maires d’Indre-et-Loire.
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