Vers la fin du diesel? La réussite inédite de deux sociétés lyonnaises ouvre des possibilités

© Photo Pixabay/IADE-MichokoUne pompe à essence
Une pompe à essence - Sputnik Afrique, 1920, 28.12.2021
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Deux entreprises lyonnaises ont modifié un véhicule roulant au diesel pour pouvoir circuler au bioGNV, une première en Europe. Contacté par Sputnik, un spécialiste en écologie explique les particularités d’une telle transformation et de son impact sur l’environnement.
L’extension de la zone à faibles émissions (ZFE) est l’un des sujets importants dans la Métropole de Lyon. Pour lutter contre la pollution, la loi d’orientation des mobilités de décembre 2019 a rendu obligatoire la création de ces zones dans les agglomérations où les normes de qualité de l’air sont enfreintes. Une première ZFE a été instaurée le 1er janvier 2020. Depuis, les véhicules destinés au transport de marchandises ayant des vignettes Crit'air 4 ou 5, ou non classés, ne peuvent ni circuler ni stationner à l'intérieur de la zone. Le 1er janvier 2021, cette interdiction s’est étendue aux véhicules Crit’Air 3.
L’expansion de cette zone et l’objectif affiché par la majorité écologiste de la Métropole de Lyon d’une fin des véhicules diesel à l’intérieur de la ZFE en 2026 est l’un des dossiers chauds dans la Métropole.
Dans la foulée, pour apporter sa contribution à l’environnement, deux entreprises lyonnaises – le transporteur Berthelet et le Centre de recherche en machines thermiques (CRMT) – ont réalisé une petite révolution dans le monde du transport de voyageurs: elles ont modifié un autocar roulant au diesel pour qu’il circule au bioGNV (biogaz naturel pour véhicule), rapporte Le Parisien. Une première en Europe.
Contactée par Sputnik, Daniela Touzé, chargée du Business Development au sein du CRMT, a expliqué que le moteur avait été remplacé par un équivalent neuf.
Le bioGNV est un carburant naturel produit localement à partir de déchets organiques. Il permet de réduire de 80% les rejets de CO2 par rapport à un véhicule diesel de même génération.
En outre, le quotidien note que ce nouveau véhicule, réduisant de 95% les émissions de particules fines et de 70% les oxydes d’azote NOx, pourra circuler dans les ZFE.
"Toute une partie du véhicule est en parfait état, mais parce qu’il a un moteur ancien il irait à la poubelle?", s’interroge Alain-Jean Berthelet, fondateur de la marque, cité par le média. "L’important n’est pas l’âge, mais le niveau de pollution".
Et de poursuivre: "Ces véhicules ne sont pas des yaourts avec une date limite de consommation. Ils sont contrôlés deux fois par an. Il vaut mieux modifier un autocar plutôt que de l’envoyer polluer dans les pays de l’Est".
Ce premier bus modifié doit permettre de créer une filière "rétrofit" de bus diesel pour qu’ils roulent au bioGNV. Le CRMT compte modifier 50 véhicules d’ici 2023, et entre 100 et 150 en 2024, d’après Le Parisien.

Avis d’un écologiste

Contacté par Sputnik, Ilya Rybaltchenko, écologiste et ingénieur-physicien russe, explique que la conversion des moteurs diesel est légèrement plus complexe sur le plan technologique que celle des moteurs à combustion interne.
"L'avenir est aux dernières technologies de recyclage des déchets, car les gens les accumulent beaucoup", expose-t-il, ajoutant que cette nouveauté de l’entreprise française est intéressante du point de vue de la structure et de l'ingénierie.
Quant à la rentabilité d'une telle modification, elle dépend selon lui du nombre de stations-service dans la région.
"Un tel projet présente une certaine complexité organisationnelle, mais il est certainement rentable, car le gaz sera toujours moins cher que le carburant, qu'il s'agisse du diesel ou de l'essence", avance-t-il, soulignant l'importance d'un tri minutieux des matières organiques à ces fins.
"L’obtention du tel gaz est une bonne chose à faire, mais seulement s'il s'agit d'une morphologie (composition des matières organiques concernées) claire et seulement s'il n'y a pas de grand danger."

Nécessité de nouvelles sources énergétiques

En ce qui concerne le respect de l’environnement, Ilya Rybaltchenko est formel: la meilleure chose à faire est de trouver de nouvelles sources d'énergie, la technologie moderne permettant d'obtenir de l'essence à partir de l'air.
Mais pour l’écologiste, l’avenir est dans l'énergie hydrogène.
"Mais le problème est que l'énergie hydrogène sous forme libre n'existe tout simplement pas sur notre Terre. Et obtenir de l'hydrogène à partir de l'eau, par le biais de l’électrolyse, est plus énergivore. C’est-à-dire que nous produisons de l'hydrogène et ensuite l'énergie qu'il produit est nettement inférieure à celle qu'il a fallu pour le produire", conclut-il.
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