Contaminations à l’école: Jean-Michel Blanquer "met en danger tout le monde"

© Photo Pexels/Katerina Holmes / Banc d'école avec papeterie en classeEn classe, image d'illustration
En classe, image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 07.01.2022
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Sous le feu des critiques de certains directeurs d’école, le ministre de l’Éducation nationale a décidé d’alléger le protocole de dépistage des enfants. Une volonté de laisser le virus circuler, estime le collectif "Écoles et famille oubliées".

"Avec cette nouvelle disposition, on favorise clairement les contaminations: on est conscients que des enfants ont été positifs en classe, en contact avec d’autres, mais on ne fait pas tester les autres."

Au micro de Sputnik, le collectif de parents d’élèves "Écoles et familles oubliées" confesse être interloqué par la nouvelle stratégie de Jean-Michel Blanquer: "cela met en danger tout le monde", affirme-t-il. Dorénavant, les élèves n’auront plus à suivre le parcours complet de dépistage si un nouveau cas positif survient dans la classe sur une période de sept jours.
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Depuis la rentrée scolaire et jusqu’au 6 janvier, si un cas était détecté dans une classe, tous les élèves devaient faire trois tests en quatre jours. Un premier test antigénique ou PCR le jour même (J0); si ce dernier était négatif, ils pouvaient revenir sur les bancs de l’école. Puis à la maison, les familles devaient réaliser deux autotests: un à J+2, et un troisième, à J+4 après le premier cas avéré de Covid-19. Néanmoins durant cette période, si un autre élève se déclarait positif, il fallait à nouveau refaire tous les tests.
Ce n’est désormais plus le cas. "Le cycle de dépistage ne redémarre que si le second cas confirmé a eu des contacts avec les autres élèves après un délai de sept jours suite à l’identification du premier cas", précise le protocole sur le site du ministère l’Éducation nationale.

Protocole usine à gaz

De nouvelles directives qui inquiètent cependant certains syndicats. Guislaine David, secrétaire générale du SNUIPP-FSU, a estimé auprès de l’AFP que cette précision du ministère "n’est pas du tout logique, car il va y avoir encore plus de trous dans la raquette". "La durée d’incubation est de 5 à 6 jours, donc on devrait plutôt tester à J+7, car le risque c’est qu’il y ait des contaminations à J+5, J+6 ou J+7", a-t-elle affirmé. Selon la syndicaliste, il serait préférable de revenir au protocole qui entrainait une fermeture de classe au premier cas positif.

"On a beaucoup de témoignages de tests qui sont négatifs à J0 et qui deviennent positifs à J+2 ou J+4.De plus, il y avait déjà des défaillances, car pour les tests effectués à J+2 J+4, il fallait simplement faire une attestation sur l’honneur pour prouver qu’ils avaient été faits", abonde École et familles oubliées.

Pourtant, cet allègement est le bienvenu pour les parents qui devaient multiplier les tests. "Ce changement cherche donc à pallier une désorganisation, on a des retours de parents qui nous expliquent qu’ils ont attendu par exemple deux heures le soir, mais le gouvernement aurait pu anticiper vu le taux de contaminations actuel", explique le collectif.
De son côté, Jean-Michel Blanquer a une nouvelle fois justifié son choix par la volonté "d’avoir l’école ouverte au maximum".
Il faut dire que quatre jours après la rentrée scolaire, les compteurs s’affolent: 9.200 classes sont fermées, le plus haut niveau depuis septembre dernier. 47.453 élèves (sur 12,2 millions) et 5.631 personnels (sur 1,1 million) sont aujourd’hui malades.

Éviter une pénurie d’autotests?

Le ministre a également indiqué le 5 janvier qu’environ "8% des enseignants sont actuellement absents dans les établissements scolaires [majorités de cas contacts, ndlr]" et que le pic d’absences "ne devrait pas dépasser normalement 15%".
Cependant, cet allègement du dispositif de dépistage viserait surtout à gérer la pénurie d’autotests dans les pharmacies, dénonce l’opposition.

"Lorsque les autotests sont disponibles, ils sont indispensables et lorsqu’il y a une pénurie, ils ne sont pas nécessaires", a taclé Christiane Taubira lors d’une visite dans une école élémentaire ce 7 janvier.

Et pour cause, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, 40% des pharmacies avaient déjà des difficultés d’approvisionnement le 3 janvier dernier. Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs reconnu que "çà et là, il peut y avoir des pharmacies en rupture de stock d’autotests", mais que "normalement, elles sont réalimentées", a-t-il tenu à rassurer. Or, École et famille estime que le gouvernement est coupable de cette mauvaise gestion: "La proposition du conseil scientifique était de faire des dépistages itératifs hebdomadaires, ce n’était pas de faire ces dépistages réactifs".
De nombreux griefs qui poussent les syndicats d’enseignant SNUIPP-FSU et SE-UNSA à lancer un appel à une grève nationale le jeudi 13 janvier afin de "faire cesser le mépris et les mensonges et porter les conditions d’une école sécure sous Omicron".
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