Coupe d’Afrique de football: double coup de sifflet "scandaleux" lors du match Tunisie-Mali

© AP Photo / Sunday AlambaCoupe d’Afrique de football, match Tunisie-Mali
Coupe d’Afrique de football, match Tunisie-Mali  - Sputnik Afrique, 1920, 13.01.2022
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L’arbitre du match qui opposait l’équipe de Tunisie à celle du Mali a sifflé la fin avant le temps réglementaire. Janny Sikazwe, l’arbitre zambien, avait été suspendu en 2018 par la Confédération africaine de football pour "soupçons de corruption". Cette affaire pose la problématique de la qualité cette profession en Afrique.
"Avant l’heure c’est pas l’heure", sauf pour Janny Sikazwe qui a sifflé la fin du match Tunisie-Mali avant le temps réglementaire. Mercredi 12 octobre, au Stade de Limbé, au Cameroun, où se jouait la première journée du groupe F de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), l’arbitre a sifflé la fin du match à deux reprises. La première fois à la 85e minute et 10 secondes, avant de revenir sur sa décision, et la seconde fois à 89e minute et 45 secondes, offrant ainsi la victoire aux Aigles du Mali par un but à zéro (penalty transformé par Ibrahima Koné à la 48e minute).

En queue de poisson

Par ses coups de sifflet, Janny Sikazwe a propulsé le football africain dans la 5e dimension. Mondher Kebaier, le coach tunisien, et les membres de son staff, ont dénoncé vigoureusement cette fin prématurée qui a privé les Aigles de Carthage de la possibilité d’égaliser durant le temps additionnel. Contacté par Sputnik, Maamar Djebour, envoyé spécial de la radio algérienne au Cameroun, est catégorique : "cette rencontre devait durer au moins quatre minutes de plus".

"C’est une fin de match en queue de poisson. Il devait y avoir un temps additionnel car il y a eu plusieurs arrêts. Si nous devions les comptabiliser, il y a eu le temps durant lequel les équipes ont contesté les deux penalties, les minutes de visionnage de l’Arbitre assistant vidéo (VAR) à deux reprises ainsi que les changements de joueurs. Il y a eu au minimum quatre minutes qui auraient dû être rajoutées au temps additionnel. Les Tunisiens ont eu raison d’exprimer leur colère car ce qui s’est produit est scandaleux", explique le journaliste sportif.

La Confédération africaine de football (CAF) a tenté de trouver une solution et a décidé de reprendre la rencontre et de faire jouer trois minutes de temps additionnel. Un deal que l’équipe de Tunisie a rejeté, ses joueurs n’ayant pas voulu revenir sur le terrain. Le match a donc été remporté par le Mali. Cette affaire insolite a provoqué une déferlante de réactions sur les réseaux sociaux.
La location du terrain s’est terminée à la 89eminute
Pour Maamar Djebour, ce scandale "décrédibilise et ternit encore plus l’image de la Confédération africaine de football (CAF) et du football africain". "La Coupe d’Afrique des Nations est la complétion phare de la CAF. Ce type de situation nous ne les voyons ni en Copa América America ni en Coupe d’Europe", dit-il.

"Cela va entraîner un tas de palabres et au lieu de donner une image positive en ce début de compétition, cette affaire jette le discrédit sur le football continental, notamment sur son arbitrage qui reste un de ses points faibles. Aujourd’hui nous avons assisté à un véritable scandale dans un tournoi majeur" regrette Maamar Djabour.

Le mystère des programmations

Même s’il possède une longue expérience, Janny Sikazwe, 43 ans, traîne une réputation sulfureuse. En 2018, il a été provisoirement suspendu par la CAF pour soupçons de corruption lors d'un match de Ligue des champions de la CAF entre l'Espérance de Tunis et le club angolais Primiero Agosto. La suspension a été levée en janvier 2019 après qu’il a été innocenté lors d'une audience disciplinaire. L’arbitre zambien est également connu pour ses décisions litigieuses. En juin 2019, il a été accusé par le Sénégal d’avoir favorisé l’équipe d’Algérie lors d’une rencontre comptant pour la Coupe d’Afrique des Nations ; les Algériens l’avaient également subi en 2014 lorsqu’il a accordé deux penalties au Burkina Faso dans un match aller de barrage pour la qualification au Mondial brésilien. Pour Maamar Djebbour, les jeux sont faits puisque les Tunisiens n’ont pas de voie de recours. "C’est l’arbitre qui risque d’être retiré de la compétition. Mais cette défaite ne compromet en rien les chances de qualification de la Tunisie". Par ailleurs, le journaliste sportif algérien constate une certaine anarchie dans la programmation des matchs chocs de ce tournoi continental.

"La CAN étant la compétition la plus importante de la Confédération africaine de football, elle se doit de donner la meilleure exposition aux matchs chocs. En principes ces rencontres devraient se dérouler en prime time or nous avons eu à 14h Mali-Tunisie et 17h Égypte-Nigeria, ce qui est désolant. Avec tout le respect que nous avons pour les pays comme la Gambie et la Mauritanie, il faut reconnaître que ce n’est pas la même affiche qu’un Égypte-Nigéria qui ont 10 Coupes d’Afrique à eux deux. Je pense qu’en matière de droits télévisuels et d’exposition les responsables de la CAF sont passés totalement à côté".

Reste maintenant à attendre la décision de la CAF concernant le cas Janny Sikazwe. Ses deux coups de sifflet avant l’heure vont-ils mettre fin prématurément à sa carrière internationale?
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