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Covid-19 dans les eaux usées: la décrue semble s’amorcer après le pic constaté mi-janvier

© Photo Pixabay / WFranzStation d'épuration des eaux usées. Image d'illustration
Station d'épuration des eaux usées. Image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 18.01.2022
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Dans les eaux usées, la baisse de l’indicateur du génome viral confirme que le pic de la vague Omicron est passé. Mais pour le virologue Vincent Maréchal, cela n’entre pas en contradiction avec la mise en place du pass vaccinal. Explications.
Alors que l’application du pass vaccinal est attendue pour ce week-end, l’indicateur du SARS-CoV-2 dans les eaux usées reflète un ralentissement de la pandémie sur les sept derniers jours.
"Pas besoin de valider le #PasseVaccinal, il fait déjà effet!!", ironisent les réseaux sociaux face à la multiplication d’articles qui parlent de la décrue de la vague Omicron.
Au micro de Sputnik, Vincent Maréchal, professeur et directeur de l’UFR Sciences de la vie à la faculté des sciences et ingénierie de la Sorbonne, confirme la tendance: "Le message est plutôt positif et rassurant."

"Il s’agit du début de la descente"

L’indicateur est suivi de près par deux organismes –Eau de Paris(l’opérateur public chargé de la production et de la distribution de l’eau dans la capitale) et l’Observatoire épidémiologique dans les eaux usées créé en avril 2020 (Obépine)– dans 200 des quelque 20.000 stations d’épuration sur le territoire national, en incluant les TOM.
"Il s’agit du début de la descente, sur quelques stations –assez rares–, ça baisse même assez franchement. Les résultats qu’on a publiés portent sur les stations métropolitaines. Depuis 15 jours, pour 70% des 200 stations d’épuration qui augmentaient depuis octobre à cause des vagues Delta et Omicron, on constate soit une stabilisation du signal, soit une décrue", détaille Vincent Maréchal.
Le scientifique tient à ajouter qu’"on n’est pas dans la prédiction, on est dans l’observation".
Il rappelle de fait son expérience des "vagues de Covid" qui "repartaient [après une baisse entamée, ndlr] sans que l’on s’y attende, comme on l’avait constaté après l’été 2020". "Pour l’Île-de-France, en tant que foyer très important sur le territoire, on observe une réduction du signal dans les eaux usées. Cela laisse entendre que sur la région, qui regroupe une population considérable, on aurait moins de porteurs du virus aujourd’hui qu’il y a trois semaines", précise-t-il.
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Le virologue suggère de mettre ces indicateurs "en perspective avec d’autres indicateurs". Et confirme que la tendance "correspond assez bien à ce que dit l’assistance publique". "Les appels au SAMU ont l’air moins fréquents. Cela correspond également assez bien à des taux d’incidence qui montrent un petit fléchissement", rapporte notre interlocuteur, en spécifiant que cette décrue a été "anticipée par des modèles publiés par certaines équipes françaises, notamment à l’Institut Pasteur qui disait qu’on attendrait le pic de transmission aux alentours de mi-janvier".
"Au vu de ces résultats, on peut affirmer qu’on a atteint le pic au début du mois de janvier", assure Vincent Maréchal.
"Pour être sûr qu’on est dans une tendance, on doit avoir trois ou quatre échantillons consécutifs qui vont dans la même direction. Comme on recueille deux échantillons par semaine, que nous avons les résultats de quatre échantillons, on se dit que c’est sérieux", poursuit le scientifique.
Même si "ce constat arrive sur fond d’une circulation du virus extrêmement élevée" et que "ses niveaux sont parmi les plus hauts jamais observés depuis le début de l’épidémie en France" en mars 2020, quand on a commencé le suivi du SARS-Co-2. En effet, pour le seul 15 janvier, 324.580 nouveaux cas avaient été détectés sur le territoire.

Décrue de la vague VS pass vaccinal

Pour Vincent Maréchal, la trajectoire de l’épidémie "dépendra également du respect des mesures barrière". Cette certitude l’a même poussé à freiner la communication sur le début de la descente de la vague "il y a une dizaine de jours". Son expérience d’"un risque que les gens laissent tomber les mesures sanitaires" face à une bonne nouvelle lui fait craindre un regain de contaminations.
"On sait que les vaccins actuels ne jouent malheureusement pas un rôle de barrière très efficace pour la transmission. Cette diminution de la vague, on la doit principalement à la souche contagieuse qui a circulé et qui a immunisé une grande partie de la population. Et qui a visiblement atteint son pic de capacité de contamination", développe le virologue.
Vincent Maréchal voit dans le pass vaccinal un outil plutôt d’ordre idéologique dont le bénéfice serait surtout "un afflux très important" de gens pour se faire vacciner. Pour lui, le pass vaccinal arrivant en pleine vague Omicron "ne va pas jouer un rôle prépondérant sur la circulation du virus", mais il va convaincre "une frange de la population à deux doigts de l’obligation vaccinale"de se faire vacciner.
"On voit que depuis des mois, on est arrivé à un plafond [du nombre de vaccinés, ndlr]. L’annonce du pass la semaine dernière a décidé un certain nombre de personnes à venir se faire vacciner. Je trouve que c’est plutôt une bonne chose", note le virologue.
Néanmoins, le scientifique trouve "frappant avec Omicron" que les gens triplement vaccinés se fassent encore contaminer. "Autant les quatre vaccins actuellement en place en France sont très efficaces contre les formes cliniques de la maladie, autant on voit que l’efficacité vaccinale est limitée dès lors qu’il s’agit de bloquer la circulation du virus", constate M. Maréchal.

Tenir compte de l’immunité naturelle

D’après le texte de loi adopté le 16 janvier par l’Assemblée nationale, pour avoir un statut vaccinal valide, il faut s’être fait injecter deux doses de vaccin anti-Covid (ou avoir été infecté une fois et avoir fait une dose de rappel), puis avoir bénéficié d’une dose de rappel vaccinal dans les sept mois suivant la dernière injection. À partir du 15 février, le délai avant la troisième dose, le fameux "booster", devrait diminuer et passer à quatre mois.
Faisant remarquer qu’on observe que "certaines personnes qui ont combiné accidentellement les deux ont une très bonne immunité", le virologue assure que la population va construire un mélange de vaccination et d’infection naturelle. "On espère que ça va constituer un bouclier dans les mois qui viennent contre les nouveaux variants. Et même s’il y en a d’autres, on peut imaginer que leur virulence va encore diminuer", projette-t-il.
"Sur le pass vaccinal, deux-trois agencements devraient être faits. Il est clair qu’il faudrait comptabiliser l’immunité naturelle (prouvée et établie) comme une dose. Je pense que ce sont des choses qui vont évoluer avec le temps", conclut le virologue.
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