Bakou s'en prend à Le Drian après la visite de Pécresse au Haut-Karabakh

© AP Photo / Eraldo PeresJean-Yves Le Drian, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères
Jean-Yves Le Drian, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères - Sputnik Afrique, 1920, 19.01.2022
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La récente visite de Valérie Pécresse dans le Haut-Karabakh fait des vagues au plus haut niveau politique. Bakou a accusé Paris de violer les traditions diplomatiques après que Jean-Yves Le Drian a pris la défense de la candidate LR.
La polémique autour du voyage de la candidate des Républicains à la présidentielle dans le Haut-Karabakh ne faiblit pas. Le Président azerbaïdjanais l’a qualifiée d’illégale, affirmant qu’il n’aurait pas laissé repartir Valérie Pécresse s’il avait été au courant de sa visite. Jean-Yves Le Drian a alors pris sa défense, dénonçant des propos "inacceptables sur la forme et sur le fond".
En réaction, la porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Leïla Abdoullaïeva, a reproché le 18 janvier au ministre français des Affaires étrangères une "interprétation irresponsable et inacceptable" qui "contredit les traditions diplomatiques".

"Malheureusement, le ministre des Affaires étrangères d'un pays aux grandes traditions étatiques, comme la France, ne le comprend pas", note-t-elle dans un communiqué.

Selon elle, la déclaration d’Ilham Aliev sur la "visite illégale" est "tout à fait légitime", car "la candidature de Pécresse à la présidence française ne lui donne pas le privilège de passer outre les lois azerbaïdjanaises".

"Lorsque des citoyens étrangers entrent illégalement sur le territoire azerbaïdjanais, des mesures appropriées sont prises à leur encontre, soit sur le plan administratif, soit conformément au Code pénal du pays. Si un citoyen azerbaïdjanais violait la loi française et pénétrait illégalement sur le territoire français, des mesures adéquates seraient prises à son encontre", rappelle la diplomate.

Un voyage qui fait scandale

Le tollé est survenu après que la candidate à la présidentielle, en déplacement en Arménie fin décembre, a effectué en compagnie de l'ex-commissaire européen et ex-ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier une visite dans le Haut-Karabakh, zone disputée et théâtre d'une guerre à l'automne 2020. Selon Mme Pécresse, ce déplacement avait pour but d’illustrer son soutien aux chrétiens d'Orient.
Cette visite a ensuite suscité l’indignation du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères qui a remis une note de protestation au chargé d'affaires de France à Bakou.
Dans un entretien le 12 janvier à des médias locaux, Ilham Aliev a reproché à Mme Pécresse et M.Barnier de s'être rendus "secrètement" dans la région du Haut-Karabakh, exprimant officiellement son mécontentement. "Si nous avions su qu'ils étaient là-bas, il est évident que nous ne les aurions pas laissés revenir [en Arménie, ndlr]", a-t-il ajouté.
Ces propos ont poussé Pécresse à dénoncer "la gravité de ces menaces", appelant le 17 janvier sur Europe 1 le gouvernement à sortir de son silence qu’elle juge "très choquant". Une tribune co-signée par la majorité des députés, sénateurs et députés européens LR a même été publiée le 16 janvier dans le Journal du Dimanche pour demander à Emmanuel Macron d’"exiger, au nom de la France, des excuses solennelles de la République d’Azerbaïdjan".
En attendant la réaction du Président la République, le ministre français des Affaires étrangères a pris la parole le 18 janvier pour critiquer les propos du Président azerbaïdjanais. Il considère néanmoins "regrettable que le déplacement [de Valérie Pécresse et de Michel Barnier] n'ait fait l'objet d'aucune information à l'égard des autorités de la République" et a exhorté à avertir "les instances de la République qui sont au service de tous les élus" en amont d'un tel voyage.
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