"Sans-abrisme" et "situation de rue": les nouvelles trouvailles de la gauche pour parler des SDF

© Photo Pixabay / planet_foxUn sans-abri
Un sans-abri  - Sputnik Afrique, 1920, 21.01.2022
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Plusieurs élus socialistes et écologistes ont eu recours à une forme de "novlangue" pour décrire les sans-abri, lors de la Nuit de la solidarité. Des expérimentations lexicales qui ont choqué.
À la traîne dans les sondages, les gauches écologistes et socialistes n’en finissent pas d’alimenter les polémiques. La Nuit de la solidarité, qui a vu divers associatifs et politiques partir à la rencontre de SDF dans plusieurs villes de France, a encore donné lieu à des ratés de communication.
Voulant mettre en avant leur action lors de l’événement, plusieurs élus ont usé d’un vocabulaire lunaire pour qualifier les sans-abri sur les réseaux sociaux. Eléonore Slama (PS), maire adjointe du XIIe arrondissement parisien, s’est par exemple dit fière d’avoir aidé des "personnes en situation de rue".
Même fantaisie linguistique pour Antoine Alibert, adjoint EELV à la mairie du XXe arrondissement, qui parle lui de "lutte contre le sans-abrisme".
Un néologisme qui semble d’ailleurs avoir beaucoup de succès du côté des écologistes, puisqu’il a été repris par d’autres militants. L’ancienne ministre du Logement Emmanuel Cosse s’est aussi emparée de la formule.
Léa Filoche (Generation.s), maire adjointe du XIXe arrondissement de Paris, fait encore plus fort, en teintant son engagement de féminisme, pour déboucher sur un "sans abrisme féminin" assez insolite.
Ces trouvailles langagières n’ont malheureusement pas été du goût de tous, et plusieurs internautes ont fait part de leur indignation. Beaucoup ont reproché à la gauche de se cacher derrière des euphémismes, afin de ne pas parler des réalités du terrain.

Novlangue

Ces expérimentations linguistiques ne sont pourtant pas les premières. Depuis plusieurs années, la gauche et les écologistes sont pointés du doigt pour vouloir remanier la langue à leur convenance. Récemment, les rodéos urbains sont ainsi devenus des "violences motorisées" dans la bouche du maire de Lyon Grégory Doucet (EELV).
Dans plusieurs villes de France, ce sont les traditionnelles Journées du patrimoine qui sont devenues récemment des "journées du matrimoine et du patrimoine", souvent sous l’impulsion de maires socialiste et écologiste, comme à Rouen.
La nouvelle vague féministe a vu fleurir d’autres néologismes intriguant comme "empouvoirement", "sororité" ou "adelphité", sous la plume d’auteurs comme Alice Coffin notamment.
Des fantaisies qui finissent parfois par s’inviter dans les textes officiels. Le fait d’être enceinte se traduit ainsi par un "état de grossesse médicalement constaté", dans un projet de loi pour l'égalité entre hommes et femmes, datant de 2013. Alors qu’une proposition de loi sur la PMA parle d’"infertilité sociale" pour désigner l’impossibilité des homosexuels à procréer, toujours en 2013.
Mais la plus célèbre de ces inventions reste sans doute le "référentiel bondissant", évoqué par Claude Allègre dès 2000, dans un livre d’entretiens. L’ancien ministre de l’Éducation dénonçait alors la novlangue à l’œuvre dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM):
"À l'Éducation nationale, on ne parle pas français, on parle +ednat+ […]. On parle, par exemple, du +référentiel bondissant+: c'est un ballon. Dans une leçon de pédagogie, on a pu écrire qu'+il faut toujours garder en cohérence le système de coordonnées personnelles avec le référentiel bondissant+. Ça veut dire: en foot ou en basket, il faut savoir où est le ballon", expliquait-il ainsi.
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