Au nom de laïcité, les Hijabeuses réclament le droit de jouer au foot avec un voile

CC BY-SA 2.0 / Hernán Piñera / Look through the windowUne femme au hijab (image d'illustration)
Une femme au hijab (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 27.01.2022
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Se revendiquant "féministes", défendant la "laïcité" et la "liberté de conscience", un collectif de musulmanes passionnées de foot réclame le droit de jouer les compétitions officielles vêtues de leur hijab, alors que la Fédération française de football l’interdit formellement.
Pour protester contre l’interdiction de porter des signes religieux ostensibles pendant les compétitions sportives officielles, les Hijabeuses, collectif de femmes musulmanes, ont improvisé le 26 janvier un match de foot dans le jardin du Luxembourg, près du Sénat. Ces passionnées du ballon rond ont déployé une banderole "Le football pour toutes".
En effet, depuis 2012, la Fédération française de football (FFF) interdit formellement le port du voile pour les licenciées. De plus, le 19 janvier dernier, les sénateurs ont adopté un amendement interdisant "le port de signes religieux ostensibles" lors des événements et compétitions organisés par les fédérations sportives.
Pour les Hijabeuses, le but de l’amendement, discuté au Sénat plusieurs fois en 2021, est de les "invisibiliser" et de les "effacer de la sphère publique".
"Nous on veut juste jouer au football, nous ne sommes pas des militantes prohijab, juste des passionnées de football, le reste nous dépasse un peu", insiste auprès de l’AFP Founé Diawara, co-présidente des Hijabeuses.
Sur Instagram, le collectif, crée en mai 2020, se revendique "féministe" et affirme défendre la "laïcité".

"Nous défendons notre liberté de conscience, notre droit de ne pas avoir à choisir entre notre passion et nos convictions religieuses. Nous ne sommes pas simplement des militantes prohijab: nous sommes des militantes sportives et féministes, qui défendent le droit de la femme à disposer de son corps et à s'épanouir dans le sport", exposaient les membres du collectif le 20 décembre dernier.

Port du voile dans le sport

Le débat sur le voile fait rage en France depuis plusieurs années. Si en mars 2014 la FIFA a intégré la possibilité de porter le voile ou le turban, la France persiste et signe en interdisant le port du voile à ses sportives pendant les matches officiels.
La FIFA a justifié sa décision à la demande de plusieurs pays musulmans dans l’espoir que "cela contribue au développement du football", selon Jérôme Valcke, secrétaire général de l’instance à l’époque.
Cependant, la FFF interdit le port du voile pour ses licenciées depuis 2012 et ne s’incline pas devant la décision de la FIFA afin "de respecter les principes constitutionnels et législatifs de laïcité", arguant "l'interdiction du port de tous signes religieux ou confessionnels" en France.
La Ligue de football professionnel (LFP) est sur la même longueur d’onde. Frédéric Thiriez, président de la LFP à l’époque, avait déploré une "grave erreur".
Par ailleurs, en novembre 2021, les Hijabeuses ont saisi le Conseil d'État, visant l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale". Selon Marion Ogier, avocate du collectif, s’exprimant auprès de l’AFP, le Conseil d'État a récemment rejeté l'action en référé, mais l'instruction sur le fonds "continue".

Hijab de running

La polémique sur le voile pour les sportives a atteint son paroxysme en 2019, quand l’entreprise française de grande distribution de sport et de loisirs Décathlona annoncé envisager de commercialiser un "hijab de running". L’article, déjà commercialisé au Maroc, devait être vendu 8 euros.
Mais quelques jours plus tard, sous la pression de plusieurs clients de l’enseigne et face à la vague de rejets sur les réseaux sociaux ainsi qu’au front commun de nombreux responsables politiques, Décathlon – qui souhaitait par cet accessoire "rendre la pratique du sport plus accessible" – a fait marche arrière et a renoncé à sa commercialisation en France.
Ainsi, Nicolas Dupont-Aignan avait demandé à ce que le produit soit retiré de la vente. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, avait quant à lui déclaré ne pas vouloir partager "tout ce qui peut enfermer la femme, fût-ce au nom d’une ritualité qui n’est pas la valeur profonde d’une religion".
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