Ukraine: "Si les accords de Minsk avaient été appliqués en 2015, il n’y aurait plus de conflit"

© Sputnik . Sergueï Averine / Accéder à la base multimédiaUn poste de contrôle dans la république autoproclamée de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine (archive photo)
Un poste de contrôle dans la république autoproclamée de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 28.01.2022
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Aujourd’hui, c’est le conflit interne ukrainien qui sous-tend réellement les tensions entre l’Otan et la Russie. Une manière de maintenir l’alliance transatlantique en vie? Analyse de Pierre Lorrain, journaliste, au micro de Rachel Marsden.
C’est reparti pour un nouvel épisode de la série de propagande "Et si la Russie envahissait l’Ukraine?". Voilà un argument bien pratique pour les Américains qui justifient par cette rhétorique anxiogène le fait d’inonder la frontière russo-ukrainienne d’armes et de troupes.
Washington et ses alliés de l’Otan sont bien conscients que plus ils rapprochent leurs troupes et leurs armes de la frontière russe, plus ils sont en mesure d’engager des conflits par procuration ou des actions de déstabilisation contre Moscou sous prétexte de "protéger" les habitants, même au prix de guerres et d’instabilité sans fin dont ceux-ci seront les premières victimes.
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Des fissures commencent pourtant à lézarder l’alliance occidentale. Les Européens dotés d’un minimum de sang-froid, comme la France et l’Allemagne, finiront-ils par calmer le jeu avant que l’Ukraine ne devienne la prochaine Syrie ou la prochaine Libye au seul bénéfice des États-Unis?
Pierre Lorrain, journaliste spécialiste de l’URSS et de la Russie, replace le conflit dans son contexte:
"Depuis deux ans en Ukraine, ce sont les oligarques qui ont pris réellement le pouvoir. Le seul moyen que le Président Zelensky a de résister, c’est de s’appuyer de toutes ses forces sur les États-Unis et certains alliés occidentaux. Mais pas tous, parce que certains sont très réticents, notamment la France et l’Allemagne. En revanche, les États d’Europe de l’Est qui sont antirusses –donc la Pologne et les pays baltes– soutiennent cette vision de Zelensky qui ne voit que les USA comme ses principaux soutiens et alliés."
D’après l’auteur de L’Ukraine: Une histoire entre deux destins (Éd. Bartillat), les acteurs occidentaux et locaux exploitent l’intérêt de l’Otan de justifier son existence, qui ne se définit qu’en tant que adversaire de la Russie:
"Il y a un ensemble de forces occidentales qui a un intérêt à ce que le conflit ne se résolve pas. Pour les États-Unis, ce conflit est un moyen extraordinaire pour créer une dynamique autour de l’Otan. Sans ennemi, l’Otan n’existe plus et se transforme en une sorte d’amicale d’anciens combattants. Et à l’intérieur de l’Ukraine, il y a des forces qui se servent de cette position occidentale pour dire: ‘Regardez, nous sommes les victimes, nous ne pouvons pas appliquer les accords de Minsk parce qu’ils sont déséquilibrés’, alors que ce n’était pas le cas lorsqu’ils ont été signés. S’ils avaient été appliqués en 2015, il n’y aurait plus de conflit."
Il est assez facile de comprendre pourquoi Moscou s’inquiète d’avoir à ses frontières un voisin hostile, qui tient table ouverte pour Washington, le partisan le plus fervent au monde du changement de régime. Huit ans après l’Euromaïdan –les manifestations soutenues par l’Occident qui avaient abouti au renversement du Président Viktor Ianoukovitch (lequel avait bloqué la signature d’une association avec l’UE au profit d’un accord avec la Russie), les mêmes acteurs occidentaux se promènent ouvertement à la frontière russe, avec armes et combattants.
"On rejette sans cesse la faute sur la Russie dans ce conflit, mais la Russie dans ce combat est plus un spectateur qu’un participant. Si réellement les politiciens ukrainiens se mettaient d’accord, comme Zelensky au début, lorsqu’il avait été élu, le voulait, pour enfin appliquer les accords de Minsk et régler la situation, il n’y aurait plus aucun problème de la part de la Russie", affirme Pierre Lorrain.
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