Un leader du Convoi de la liberté canadien: "Les gens sentent que le Canada est un pays en déclin"

© REUTERS / Carlos OsorioКанадские дальнобойщики, поддерживаемые обычными канадцами, едут колонной к Оттаве, протестуя против ковидных ограничений
Канадские дальнобойщики, поддерживаемые обычными канадцами, едут колонной к Оттаве, протестуя против ковидных ограничений - Sputnik Afrique, 1920, 01.02.2022
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Au Canada, des milliers de camionneurs et de manifestants paralysent Ottawa, la capitale fédérale. Assimilé à l’extrême droite par le Premier ministre Justin Trudeau, le mouvement n’entend pas bouger d’un pneu jusqu’à la levée des mesures sanitaires.
"Nous ne sommes pas racistes. Nous n’allons pas céder à l’intimidation. Nous allons manifester à Ottawa jusqu’à temps que nos droits fondamentaux soient restaurés", lance Joanie B. Pelchat, leader et "capitaine" de la branche québécoise du convoi de camionneurs. Au micro de Sputnik, elle fustige la "stratégie de polarisation" du Premier ministre fédéral. Le 31 janvier, Justin Trudeau a une nouvelle fois associé le mouvement à "l’extrême droite" durant un point de presse: "Nous ne céderons pas [face] à ceux qui font flotter des drapeaux racistes."
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Covid-19
Canada: les camionneurs protestent contre les restrictions sanitaires
Joanie B. Pelchat évoque, pour sa part, la présence de nombreux éléments perturbateurs dans les manifestations, des agents provocateurs visant à accréditer l’idée d’un mouvement d’extrême droite échappant à toute maîtrise. Elle déplore une couverture médiatique biaisée des événements.

Des cafés "remplis d’excréments" distribués à des camionneurs

Présente à Ottawa le week-end dernier à titre d’organisatrice du convoi de l’Est, notre interlocutrice relate que des cafés "remplis d’excréments" ont été distribués à des camionneurs par des militants liés à la mouvance antifa. Selon elle, les manifestants qui s’en sont pris à des statues et à des monuments de l’histoire canadienne sont des trublions infiltrés. Elle soupçonne les forces de l’ordre d’avoir eu recours à des agents pour discréditer le mouvement.
Par exemple, des individus ont été vus en train de danser sur la tombe du Soldat inconnu, d’autres allant jusqu’à uriner sur ce lieu de mémoire de la capitale. Ces scènes ont suscité des réactions épidermiques chez nombre de politiciens, au premier rang desquels figure Justin Trudeau.
"C’est totalement faux ce qu’a dit Justin Trudeau dans son dernier point de presse. J’ai vu de mes propres yeux ce qui s’est passé. Nous avons plutôt assisté à un événement plein de joie, de sourires, d’amour et de solidarité. […] Nous avons vu des gens qui se sentent délivrés et qui retrouvent espoir en notre pays", souligne-t-elle.
Jagmeet Singh, le chef du troisième groupe d’opposition à Ottawa, associe quant à lui directement le convoi et ses supporters à la "suprématie blanche". Pour le chef du Nouveau parti démocratique, "les organisateurs sont manifestement des gens d’extrême droite qui veulent diviser la population et ont exploité la frustration des gens".
Une lecture jugée absurde par Joanie B. Pelchat, pour qui le mouvement est d’abord constitué de "gens ordinaires" sans affiliation politique particulière. Les camionneurs sont tout de même soutenus par des entrepreneurs à succès comme Elon Musk et des intellectuels de renommée mondiale comme Jordan Peterson.
"Il y a des gens de tous les horizons. Il y a des gens vaccinés et non vaccinés. Il y a beaucoup de parents et de gens préoccupés par leur santé mentale et celle de leurs enfants. […] Les gens sentent que le Canada est un pays en déclin et qu’il est temps de mettre fin à la tyrannie. Nous voulons que tous les Canadiens redeviennent libres de circuler", explique la représentante du Convoi de la liberté.
Le chef de la police d’Ottawa a affirmé ne pas être en mesure de préciser le nombre exact de camions ayant défilé dans la capitale fédérale, mais les autorités disaient attendre environ 2.000 poids lourds. La police situe dans une fourchette comprise entre 8.000 et 18.000 le nombre de manifestants dans le centre-ville d’Ottawa, le samedi 29 janvier. Aucun blessé n’a été déploré, tant chez les policiers que chez les manifestants.
Les autorités négocient actuellement avec les protestataires encore sur le terrain pour les convaincre de quitter les lieux. Dans les jours qui viennent, les forces de l’ordre envisagent d’utiliser la force pour les repousser hors de la capitale.

La capitale en état de siège pour plusieurs semaines?

Signe d’une confiance ébranlée envers les grands médias, le nombre de manifestants présents dans les rues fait toutefois l’objet d’un vif débat. Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux parmi les participants à avancer le chiffre d’au moins 100.000 et à tourner en dérision les estimations officielles.
Dans tous les cas, Joanie B. Pelchat assure que le mouvement ne lèvera pas le camp avant que toutes ses revendications n’aient été entendues par le gouvernement Trudeau.
"Nous allons nous battre jusqu’au bout. Nous sommes plusieurs milliers à nous être levés ce week-end malgré le harcèlement et l’oppression de gens qui essayent de nous discréditer. […] C’est maintenant que le changement doit se produire", conclut le leader de la branche québécoise du Convoi.
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