Une nouvelle mesure de l’Intérieur pour endiguer la vague de suicides policiers

© AFP 2023 ALAIN JOCARDUn policier patrouille à Sarcelles dans le Val d'Oise, février 2021
Un policier patrouille à Sarcelles dans le Val d'Oise, février 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 01.02.2022
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Alors qu’en 2021 la police a déploré 31 suicides dans ses rangs, pour ce seul mois de janvier 11 membres des forces de l’ordre ont mis fin à leurs jours. Une tendance très inquiétante qui pousse l’Intérieur à renforcer ses dispositifs d’aide aux policiers en détresse.
Le bilan du mois de janvier est lourd pour la Police nationale. Depuis le début de l’année, 11 policiers se sont suicidés, dont deux ce week-end. Face au fléau, la DGPN envisage de former d’ici fin 2022 près de 2.000 agents pour le réseau "Sentinelles".
Un projet ambitieux compte tenu du fait qu’en 2021, année durant laquelle 31 membres des forces de l’ordre se sont donné la mort, seule une quarantaine de "Sentinelles" ont été formées. L’objectif est d’en avoir une pour 70 à 90 agents.
"Il s’agit de policiers volontaires, allant du gardien de la paix jusqu’au commissaire, qui veillent sur leurs pairs en mettant en place un système de repérage au sein même des services", a expliqué une source au sein de la DGPN au Figaro.
La semaine dernière, Gérald Darmanin a annoncé le recrutement de 20 spécialistes pour le service de soutien psychologique opérationnel de la police (SSPO) qui a été créée en 1996, une année marquée par un nombre record de suicides. La structure qui compte désormais 120 psychologues cliniciens a organisé l’année dernière, selon Le Figaro, pas moins de 39.000 entretiens avec des policiers.

Une vraie méfiance

Dans le même temps, à en croire Yohann Dechaine, policier et président de l'association PEPS-SOS - Policiers en détresse, son association a reçu plus de 7.000 sollicitations en 2021 alors que le numéro vert mis en place par l’Intérieur n’a reçu que 1.168 appels.
"Il y a une vraie méfiance de la part de nos collègues vis-à-vis de tout ce que peut mettre en place le ministère de l'Intérieur. Il y a une cassure", a-t-il ajouté.
Il explique que les policiers en détresse préfèrent contacter leurs collègues de l’association car ces derniers les comprennent plus facilement et il n’y a pas besoin de trop aller dans le détail.
Quant aux raisons qui mènent les policiers à commettre l’irréparable, Christophe Girard, enquêteur à la brigade des stups de la sûreté départementale de Côte d’Or et co-fondateur de "SOS Police en détresse", évoque auprès de Franceinfo "un syndrome de stress post-traumatique par accumulation" qui conduit à la dépression."
Pour lui, la solution c’est surtout "parler, que ce soit avec des collègues, des amis, des psychologues".
"Il faut absolument vider le vase qui se remplit au fur et à mesure", a-t-il souligné.

Des statistiques inquiétantes

Les chiffres du Service d’information et de communication de la police (SICOP), rapportés par CheckNews, indiquent qu’en moyenne, 45 policiers se donnent la mort chaque année depuis 1993. Les pires années ont été 1996 et 2019 avec 71 et 59 suicides respectivement.
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