La France va désormais protéger l'espace aérien émirati, qualifié de pays "ami"

© Photo Pixabay / rb2000zAbou Dhabi
Abou Dhabi  - Sputnik Afrique, 1920, 04.02.2022
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La France a annoncé qu’elle apporterait un soutien militaire aux Émirats arabes unis, pour l’aider à protéger son espace aérien. Paris continue de tendre la main aux sept émirats, dont la position vis-à-vis de l’islam radical reste pourtant ambiguë.
L’Hexagone continue de cultiver ses relations avec les Émirats arabes unis. Après une visite d’Emmanuel Macron début décembre, qui avait débouché sur la signature de juteux contrats, Paris a annoncé vouloir renforcer sa coopération militaire avec Abou Dhabi.
La France souhaite notamment protéger l’espace aérien des sept émirats, a annoncé Florence Parly sur Twitter, alors que plusieurs attaques revendiquées par le mouvement yéménite des Houthis ont eu lieu ces dernières semaines. Des Rafale basés à Abou Dhabi seront ainsi engagés dans des missions de surveillance et d’interception, aux côtés des forces émiraties, a précisé la ministre des Armées.
Florence Parly a d’ailleurs tenu à marquer clairement sa position, qualifiant les Émirats arabes unis de "pays ami", et rappelant que la France était engagée dans un partenariat stratégique à leurs côtés.

Un "pays ami"?

Les Émirats arabes unis tentent de donner des gages d’ouverture depuis plusieurs années, prônant souvent une version modérée et libérale de l’islam. Abou Dhabi a par exemple récemment autorisé le mariage civil pour les non-musulmans et instauré un week-end de deux jours à l’occidentale, escamotant le vendredi, traditionnel jour de la prière hebdomadaire pour les musulmans.
Dubaï, qui a accueilli cette année l’Exposition universelle, fait souvent office de vitrine dans ces logiques de consumérisme et d’adaptation à la modernité. Mais le dessous des cartes semble plus ambigu. En conflit larvé avec les Frères musulmans, les Émirats ont parfois soutenu les islamistes les plus radicaux pour avancer leurs pions.
Au Yémen, Abou Dhabi a ainsi soutenu le chef de milice salafiste Abu Al-Abbas, soupçonné d’entretenir des liens avec Al-Qaida dans la péninsule Arabique* (AQPA) et placé sur la liste noire du Trésor américain. Ce dossier a d’ailleurs fait l’objet d’un rapport d’experts de l’Onu.
Les Émirats sont aussi soupçonnés d’avoir payé l’AQPA pour évacuer le port de Moukalla, que l’organisation terroriste occupait jusqu’en avril 2016. Des combattants djihadistes auraient été enrôlés dans des milices à la solde d’Abou Dhabi, suite à la reddition du port.
Ces sujets ont d’ailleurs fait l’objet de plaintes déposées au tribunal judiciaire de Paris, début décembre. Le prince héritier émirati Mohammed Ben Zayed, homme fort du régime émirati, y est particulièrement ciblé, notamment pour "participation à une association de malfaiteurs à caractère terroriste" et "financement du terrorisme".
En 1996, les Émirats arabes unis avaient par ailleurs été parmi les premiers à reconnaître le nouveau régime taliban*, instauré en Afghanistan. Même si Abou Dhabi semble depuis avoir pris ses distances.

Atteinte aux droits de l’homme

Derrière l’image libérale qu’ils entendent véhiculer, les Émirats sont également souvent pointés du doigt pour leurs atteintes aux droits de l’homme.
Les opposants politiques sont parfois malmenés, comme dans le cas du blogueur et militant Ahmed Mansoor, condamné à dix ans de prison pour "publication d'informations fausses et trompeuses" sur les réseaux sociaux. Son procès et ses conditions de détention ont d’ailleurs été condamnés par plusieurs ONG, comme Human Rights Watch.
Fin novembre, c’est la direction d’Interpol, basée à Lyon, qui avait créé la controverse en nommant à sa tête le général émirati Naser Al-Raisi. Celui-ci était pourtant visé par plusieurs plaintes pour torture, en France et en Turquie.
*Organisations terroristes interdites en Russie
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