Un NFT vendu 92 millions de dollars: le nouvel eldorado (numérique) pour les jeunes?

© AFP 2023 JUSTIN TALLISNFT
NFT - Sputnik Afrique, 1920, 18.02.2022
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Des cartes de footballeurs à collectionner aux avatars de singes blasés, les NFT ont le vent en poupe chez les jeunes. Frédéric Ocana, spécialiste de la "blockchain", revient sur un phénomène… parti pour durer?
Mais où s’arrêtera la folie des NFT? 2021 a en effet été l’année de tous les records. Les montants déboursés pour acquérir ces jetons non fongibles semblent délirants. L’œuvre The Merge, réalisée par l’artiste Pak, a été vendue près de 92 millions de dollars en décembre dernier. Un autre projet sous forme de NFT, "Everydays: The First 5.000 days", conçu par le cryptoartiste Beeple, est parti en mars pour la modique somme de 69 millions de dollars.
Un collage de l’artiste américain Beeple «Everyday: the First 5 000 Days» - Sputnik Afrique, 1920, 13.03.2021
Qui est l’acheteur de l'œuvre numérique vendue à 69,3 millions de dollars?
Dans un autre registre, le lanceur d’alerte Edward Snowden a vendu en avril son autoportrait, réalisé à partir de textes issus d’une décision de justice de la Cour d’appel des États-Unis, pour 5,4 millions de dollars.

"Il y a une ‘hype’ autour des NFT", confirme Frédéric Ocana, consultant et spécialiste de la chaîne de blocs (blockchain)

Une tendance qui se traduit par un prix moyen qui a explosé: début 2020, pour acquérir un NFT, il fallait débourser 24,98 dollars ; à la fin de 2021, plus de 910 dollars. Pour rappel les NFT ("Non Fungible Tokens") ou tokens non fongibles (non interchangeable, ndlr) sont des certificats de propriété numérique, enregistrés sur une blockchain, pouvant concerner des photos, mèmes, personnages de jeux, œuvres d’art ou encore des objets virtuels dans le métavers.

Une technologie prisée par les jeunes

Si vous n’avez pas entendu parler de cette technologie, c’est tout à fait normal puisque 80% des plus de 35 ans ne la connaissent pas, selon une étude menée par l’IFOP pour Cointribune, publiée en février. Frédéric Ocana constate d’ailleurs qu’ils sont particulièrement en vogue chez les jeunes. Ainsi, 49% des 18 à 24 ans seraient prêts à acheter un NFT.
Des proportions qui n’étonnent pas le spécialiste de la blockchain. Il estime que l’engouement pour cette technologie tient notamment au fait que pour "entrer dans les NFT, il est nécessaire d’intégrer, de maîtriser tout un champ lexical. Ce sont aussi des acronymes, des mèmes".

"Il y a un côté clan, c’est un aspect qui a été toujours apprécié dans ces ‘clashs’ de génération", explique-t-il.

En bref, être un initié conférerait un sentiment d’appartenance à une "caste". Et pour cause, excepté pour les connaisseurs en effet, le fonctionnement de cette technologie reste très largement incompris par le commun des mortels.

Des objets de la "pop culture"

Par ailleurs, Frédéric Ocana rappelle que les NFT surfent sur des "éléments de pop culture" et sont mis en valeur par de nombreuses célébrités, participant ainsi à cet emballement. "Les PFP ‘profil for picture’ [avatars, ndlr] sont très à la mode, on peut s’en servir pour sa représentation sur le net, notamment sur Twitter blue", indique notre interlocuteur. À l’image par exemple des CloneX, une collection de 20.000 avatars 3D, dessinée en partie par le créateur japonais Takashi Murakami et lancée par le studio RTFKT.
Ou encore la collection Bored Ape Yatch Club, un club fermé de détenteurs de NFT liés à des images uniques représentant des singes. Une gamme de 10.000 NFT que s’arrachent célébrités et autres sportifs de haut niveau. Le joueur de football du PSG Neymar a par exemple dépensé la coquette somme de 1,1 million de dollars pour l’achat de deux "singes blasés".
D’autres NFT attisent également les convoitises. La carte unique du joueur Erling Haaland du Borussia Dortmund (un club de foot) s’est vendue pour 265 etheruem (une cryptomonnaie), soit l’équivalent de 609.000 euros, sur Sorare. Cette dernière est une plateforme française de football fantasy qui permet aux joueurs de participer à des championnats virtuels en utilisant leurs cartes de footballeurs… réels.

Une possibilité de gagner de l’argent

Outre ce phénomène de mode, les success stories individuelles, presque improbables, contribuent également à la popularité des NFT. C’est le cas d’un jeune Indonésien de 22 ans qui a vendu sur la plateforme OpenSea, une place de marché pour NFT, une série d’environ 1.000 selfies. Résultats des courses: il a réussi à générer plus d’un million de dollars.
Autant de coups d’éclat qui permettent à ce jour au marché des NFT de peser 40 milliards de dollars. Un poids conséquent qui incite certains jeunes à vouloir profiter de la vitalité des NFT pour gagner de l’argent. D’autant que n’importe qui peut créer son propre NFT.
Reste que tout le monde ne fera pas fortune. L’appât du gain a d’ailleurs poussé à des pratiques pour le moins sordides –comme la vente d’une radiographie "tokenisée" d’une victime du Bataclan– ou encore la mise sur le marché d’œuvres frauduleuses. Sur ce point, la plateforme OpenSea a confessé que plus de 80% des NFT créés gratuitement seraient des faux, des plagiats ou des spams.
Vente aux enchères - Sputnik Afrique, 1920, 07.03.2021
Un célèbre mème vendu aux enchères comme un actif numérique pour plus de 20.000 euros
Avec leur lot de dérives et de volatilité des prix, l’intérêt pour les NFT pourrait-il rapidement se tarir? Rien n’est moins sûr, explique Frédéric Ocana. Selon lui, ils pourraient répondre à de nouveaux besoins, notamment en permettant de transférer librement son avatar sans contrainte, d’un univers métaverse à un autre par exemple.
Une promesse de liberté, ou de fuite, pour les données donc.
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