LE SCENARIO OCCIDENTAL DE L’INDEPENDANCE AU KOSOVO MENACE DE FAIRE EXPLOSER LE SEPARATISME EN AFRIQUE

S'abonner
Tel est le thème d’un commentaire que vous propose aujourd’hui notre observateur Alexei Grigoriev.
Tel est le thème d’un commentaire que vous propose aujourd’hui notre observateur Alexei Grigoriev.
Du point de vue géographique, écrit Alexei Grigoriev, le Kosovo, territoire ethnique de Serbie, qui est un Etat européen, et le continent africain avec ses près d’un milliard d’habitants, n’ont pas beaucoup en commun. Néanmoins, de nombreux pays d’Afrique suivent de près l’évolution des événements au Kosovo, qui donne aujourd’hui du fil à retordre non seulement à l’UE, à l’OTAN et à l’ONU, mais aussi à une bonne partie de la communauté internationale. Son aspiration à l’indépendance a été appuyée par les principales puissances occidentales, ayant proposé leur scénario. Le maintien de l’intégrité territoriale de la Serbie est préconisé par la Russie et les membres de l’UE, voisins de ce pays. Le porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères Jiang Yu vient également de parler des préoccupations de son pays à ce sujet. « Toute décision sur le Kosovo, qui souhaite être indépendant de la Serbie, devrait être approuvée par les deux parties », a déclaré le président russe Vladimir Poutine à la veille de sa visite en Bulgarie. « Il est aussi clair, a ajouté le chef de l’Etat, que toute autre décision sur le Kosovo créera un précédent dans la pratique internationale ». Effectivement, l’indépendance du Kosovo, appuyée par l’Occident, risque de créer des précédents dangereux dans de nombreuses régions de la planète. Elle donne en fait le feu vert à tous les types du séparatisme. Un des experts de l’ONU a indiqué dans son analyse que cela risque de soulever une vague de violences non controlées à travers le monde. « L’Afrique seule compte une quarantaine de Kosovo, qui attendent avec impatience que son indépendance soit proclamée ». Selon l’ONU, cette vague éclaboussera aussi quelques uns des pays européens, apparemment calmes. Mais c’est sans doute le continent africain qui est le plus vulnérable sur le plan des conséquences éventuelles. Les Africains n’ont pas encore oublié les premières décennies de l’ indépendance, quand des dizaines d’Etats pluriethniques de la jeune société africaine craquaient sur toutes les coutures à cause des tentatives des séparatistes de retailler la carte politique du continent pour y implanter des Etats mono ethniques. Lorsque les puissances impérialistes ont partagé entre elles l’Afrique et découpé les frontières de leurs empires coloniaux, ils ont fait fi des aires historiques d’habitation des tribus, posant ainsi des mines à retardement. Cet héritage explosif a eu des répercussions après le départ des Européens. En règle générale, les colonies ont cédé la place à des Etats indépendants multitribaux , dont les élites se sont consolidées d’après les critères ethniques et ont mené des luttes incessantes pour le pouvoir, dégénérant de temps en temps en guerres d’envergure. De nombreux pays africains ont eu à traverser d’autres épreuves, quand l’affaiblissement de la guerre froide et des confrontations idéologiques a cédé à la place à des batailles âpres entre différentes tribus. L’ex- Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo, détient la palme du nombre et de l’ampleur des conflits ethniques. En 4O ans d’indépendance, elle a connu 3 guerres destructrices au Shaba, ex –Katanga, dont les séparatistes ont cherché à créer leur propre Etat, mettant ainsi en cause l’intégrité territoriale d’un des plus grands pays du continent. A la fin des années 9O, l’est du Congo a connu un nouveau conflit armé, alimenté par le séparatisme qui, en raison de sa cruauté et du nombre des pays engagés, a été qualifié de « première guerre mondiale » en Afrique. Les contradictions ethniques ont également provoqué le génocide au Rwanda, qui a fait au moins 1 million de mort et 2 millions 5OO mille réfugiés. L’idée de créer deux Etats mono ethniques – Tutsiland et Hutuland- a été une des forces motrices du drame rwandais, qui a également touché le Burundi voisin. A cette époque- au milieu des années 9O – pratiquement toute la communauté africaine s’est élevée contre le changement des frontières politiques du continent. Au début du XXIe siècle, l’intégrité territoriale a été mise en cause en Côte d’Ivoire, que les contradictions ethniques ont scindée en deux parties. Le conflit dans la province soudanaise de Darfour, provoqué par les animosités ethniques entre les tribus arabes et négroïdes, a eu une grande résonance internationale. Bref, les conflits ethniques et aussi les menaces larvées de séparatisme ethnique avaient toujours été et demeurent encore malheureusement un fléau de l’Afrique. Les pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine en étaient pleinement conscients. C’est pourquoi, la Charte de cette organisation, apparue à l’aube de l’indépendance africaine, a solennellement proclamé l’intangibilité des frontières nationales. Celle-ci est aussi un des principes fondamentaux de l’Union Africaine, qui a juré de réprimer par des efforts conjugués toutes les manifestations du séparatisme, y compris sur la base ethnique. Mais le séparatisme ethnique est malheureusement toujours présent sur le continent, et ce sont ses risques qui déterminent l’attitude de l’Afrique envers le problème du Kosovo lointain. De nombreux leaders africains comprennent que le scénario kosovar, reproduit dans un pays à conflit du grand continent, provoquera des bouleversements et des violences, dont les horreurs ne sont comparables qu’aux événements du milieu des années 9O au Rwanda, petit Etat au centre du continent. On imagine difficilement à quoi pourraient conduire les velléités d’indépendance, que briguent les minorités ethniques des grands pays — le Sénégal, le Cameroun , le Nigeria, l’Afrique du Sud et d’autres, confrontés à une menace réelle du rebondissement du séparatisme ethnique.
Vous venez d’entendre un commentaire de notre observateur « Le scénario occidental de l’indépendance du Kosovo menace de faire exploser le séparatisme en Afrique ». Nous vous rappelons que vous pouvez écouter les matériaux de la « Voix de la Russie » sur son site Internet www.ruvr.ru

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала