MAGHREB PANORAMA DE LA SEMAINE

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Nous poursuivons par notre programme hebdomadaire « Maghreb : panorama de la semaine ». Vous entendrez aujourd’hui un
Nous poursuivons par notre programme hebdomadaire « Maghreb : panorama de la semaine ». Vous entendrez aujourd’hui un commentaire de notre observateur Alexeï Grigoriev « La junte militaire accule la Mauritanie à une impasse » et à la fin du programme, comme d’habitude, un bref rappel des principaux événements dans les pays maghrébins
Malgré les déclarations de la Junte militaire, auteur du Coup d’Etat du 6 août en Mauritanie, sur sa volonté de restaurer la démocratie, elle n’est pas parvenue à convaincre la communauté internationale et une bonne partie de ses compatriotes de la sincérité de ses intentions. Il convient de rappeler à ce propos, écrit Alexeï Grigoriev, que lorsqu’un groupe de militaires, dirigés par le général Eli Mohammed Wall, renversait il y a 3 ans, en août 2OO5, le chef de l’Etat Maaouiya Ould Taya la réaction était différente aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Il semble que les Mauritaniens aient tout de suite fait confiance au général Wall, ayant fermement promis d’appliquer un programme de réformes démocratiques. Des signes d’approbation ont également été envoyés de l’étranger. Le général a tenu sa promesse. Il a organisé pour la première fois dans l’histoire de la Mauritanie des présidentielles vraiment démocratiques, remportées par Sidi Ould Cheikh Abdallah. Les élections de l’Assemblée Nationale ont également eu lieu sur une base alternative. Le général Wall et le nouveau chef de l’Etat qui l’a remplacé Cheikh Abdallah sont parvenus à réaliser plusieurs grandes réformes démocratiques. La Mauritanie a récupéré la confiance de la communauté internationale et des milieux d’affaires, et ses perspectives de développement sont devenues plus sûres. Aujourd’hui, elle doit repartir à zéro, mais depuis des positions différentes et sur une autre toile de fond. Voyons les mobiles internes, ayant poussé le général Mohammed Ould Abdel Aziz à perpétrer le coup d’Etat – il a été offensé par la décision du président Abdallah de le faire démissionner. Il est pourtant clair que les offenses personnelles, même des fonctionnaires de très haut rang, ne sont pas un prétexte pour renverser le président élu et proposer au pays une autre voie de développement. D’autant plus que le nouvel homme fort de la Mauritanie n’a rien à proposer au pays, sinon de retourner à l’ancien scénario de réformes, ce qui demandera beaucoup de temps et encore plus d’efforts. Il est vrai que le général Aziz et le Haut Conseil d’Etat, constitué de ses militaires, ont déjà promis de poursuivre la politique de réformes démocratiques dans l’intérêt du peuple. « Nous sommes venus accidentellement au pouvoir, mais uniquement pour bien servir le pays », a déclaré le général Aziz à Radio France Internationale. La junte militaire, pourra-t-elle se rapprocher de cet objectif ? Pour le moment il y a là-dessus plus de doutes que de certitude. D’autant plus que l’opposition politique, qui a créé le Front pour la défense de la démocratie, exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour des militaires dans les casernes. Les manifestations, régulièrement dispersées par les forces de sécurité, loyales à la junte, reflètent la montée des protestations de l’élite politique, proche du président renversé et ayant des soutiens solides dans la société mauritanienne. Depuis le coup d’Etat, il y a une dizaine de jours, rien n’a changé non plus dans l’attitude de la communauté internationale à son égard. Les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, ayant rendu visite au chef de la junte le 6 août, l’ont sommé de rendre le pouvoir au président renversé. Aujourd’hui, ces pays et la Russie annoncent des mesures plus énergiques pour obliger la junte à respecter l’ordre constitutionnel. Les Etats-Unis, l’UE et la France, qui est le principal partenaire économique de la Mauritanie, lui ont suspendu leur aide financière. Le 12 août, la présidence française, parlant au nom de l’Union Européenne, a diffusé une déclaration mettant en garde la Junte contre la menace de l’isolement prolongé dans l’arène internationale. « L’Union européenne réitère avec la plus grande fermeté sa condamnation du coup de force, survenu en Mauritanie le 6 août, indique le texte. La déclaration exhorte la junte à restaurer le cadre institutionnel antérieur au 6 août et l’invite à coopérer sans délais, à cette fin, avec la communauté internationale. Elle renouvelle son appui aux efforts, entrepris en ce sens par l’Union africaine, en particulier ».
L’Union africaine, qui a été une des premières à condamner les instigateurs du coup d’Etat en Mauritanie, leur a rappelé un des principes fondamentaux de sa Charte – l’abandon de toute tentative de changer par la force le pouvoir dans les pays de la communauté africaine sous quelque prétexte que ce soit. La direction de l’Union a décidé de suspendre l’appartenance de la Mauritanie à cette organisation. La Ligue arabe, qui a réagi au coup d’Etat dans le même esprit, a envoyé à Nouakchott une délégation pour tirer au clair les circonstances de la crise et les intentions des autorités nouvelles. L’Algérie a donné le 13 août son appréciation des événements en Mauritanie. Elle a exposé sa position officielle dans un communiqué faisant le point de la rencontre du ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel avec le général Mohammed Ould Cheikh Mohammed Ahmed, envoyé spécial mauritanien, porteur d’un message du général Mohamed Ould Abdel Aziz au président Abdelaziz Bouteflika. M. Messahel « a réitéré à cette occasion la position constante de l’Algérie qui condamne les changements de pouvoir en violation des règles constitutionnelles et rappelé à ses interlocuteurs la nécessité pour la république sœur de Mauritanie de renouer avec l’ordre constitutionnel en rétablissant dans leurs fonctions et prérogatives toutes les institutions du pays ». Bref, il semble que la junte militaire ait réellement acculé la Mauritanie à une impasse. Le seul moyen d’en sortir est de rétablir l’ordre constitutionnel. Plus vite la junte le fera et plus vite la Mauritanie retournera dans la communauté internationale.
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