«Un regard sans frontières» : Fumer tue

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Les photos chocs , qui doivent apparaître prochainement pour dissuader les fumeurs de continuer à consommer des cigarettes, n'occuperaient que 40% de la surface des paquets.
Les photos chocs , qui doivent apparaître prochainement pour dissuader les fumeurs de continuer à consommer des cigarettes, n'occuperaient que 40% de la surface des paquets. Le ministère français de la Santé a plié face aux buralistes : les photos, qu'il souhaitait grandes et sur les deux côtés des paquets, seront finalement de la même taille que dans les autres pays européens. Quoi qu’il en soit, le progrès dans la lutte contre le tabagisme est spectaculaire. Il y a encore sept ou huit ans, tout le monde fumait partout en France. Il y avait des espaces fumeurs dans les restaurants universitaires et des voitures fumeurs dans chaque train. Les bars étaient inimaginables sans cigarette. Aujourd’hui c’est la cigarette qui est inimaginable. Bref, c’est un domaine ou les résultats peuvent être rapides.
Tant mieux pour la Russie qui s’est précipitée depuis peu sur le même chemin. Première dans le palmarès des consommateurs du tabac par habitant, la Russie a longtemps ignoré le problème. Les cigarettes se vendaient et se vendent encore partout et peu cher. Mais en avril 2008 le Conseil de fédération a approuvé l’adhésion du pays à la convention de l’OMS. La Douma a ratifié une loi allant dans ce sens interdisant de fumer dans les lieux publics, dont les transports, les bars et les cafés. Cela montre que la lutte contre le tabac qui emporte annuellement 400 mille Russes, loin d’être facile, avance quand même.
La dernière mesure en la matière a été annoncé peu avant le nouvel an. À partir de cette année les paquets de cigarettes doivent correspondre aux normes européennes, c'est-à-dire comporter des inscriptions qui mettent en garde contre le danger du tabagisme. Comme celles que les fumeurs français connaissent depuis longtemps : « Fumer tue », etc. 30% de surface du paquet doivent leur être réservés. Dans la foulée, on envisage également des clichés-choc, mettant en scène les dangers du tabac — poumon ravagé ou mâchoire édentée. Sauf que la décision n’est pas encore prise. Cela se comprend, il faut d’abord passer le premier stade, à commencer par appliquer des mesures de prévention. Et surtout sensibiliser les jeunes qui, très sceptiques de toute réglementation, constituent une grande part de fumeurs.
C’est vrai, malgré toutes les interdictions, on continue à fumer en Russie où l’on veut, en confirmant la vieille maxime disant que la sévérité des lois russes est compensée par leur non-respect. On est loin d’appliquer strictement la loi interdisant la cigarette dans les cafés et sur les lieux de travail. Les Russes aiment braver les interdictions. Il faudra donc en finir. Il faudra aussi casser l'image glamour véhiculée par les cigarettiers et entretenue par les magazines à papier glacé. D’ailleurs l’époque glamour, dis-t-on, s’estompe. Et puis il faudra augmenter le prix du paquet, en cassant la résistance du lobby du tabac dans le gouvernement et le parlement. Sinon la Russie avec ses 70% des hommes qui fument risque d’avoir l’air d’une vieille locomotive à vapeur. Fatiguée et essoufflée.

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