Afghanistan : Barack Obama pris dans un étau

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Si la politique américaine en Afghanistan ne se montre pas fonctionnelle avant le mois de décembre, les Etats-Unis sont prêts à la revoir.

Si la politique américaine en Afghanistan ne se montre pas fonctionnelle avant le mois de décembre, les Etats-Unis sont prêts à la revoir. Cette déclaration du chef du Pentagone Robert Gates a été rendue publique en même temps que la décision stratégique du président afghan de conclure un armistice avec les talibans.

Le ministre américain de la Défense a été obligé de faire cette déclaration la semaine dernière lors de la visite de la province afghane Kandahar, bastion du mouvement fondamentaliste. Les forces armées des Etats-Unis et de l'OTAN y préparent une offensive la plus importante de toute la campagne mais dont l'issue, selon Robert Gates, est incertaine. Prêt à faire la paix avec les talibans, le président afghan Hamid Karzai a crée le Conseil de la paix. Les échecs militaires font les Américains fermer les yeux sur le flirt de Kaboul avec les talibans. Vyacheslav Belokrenitskiy, adjoint du directeur de l'Institut des études orientales de l'Académie des Sciences de Russie, considère que le Conseil de la paix constitue une nouvelle concession de Washington dans le but de sauver les apparences.

Je crois qu'Hamid Karzai n'aurais pas pu seul prendre l'initiative de créer le Conseil de la paix sans un accord préalable des Américains.

Entretemps, les talibans ont pris la Maison Blanche dans un étau. En juin les Républicains ont sévèrement critiqué au Congrès le fait que les moyens versés aux sociétés afghanes, fournisseurs d'alimentation et d'armes aux forces armées américaines, se trouvent entre les mains des talibans. En outre, le Pentagone fait recours aux sociétés intermédiaires dont les dirigeants ont un lien de parenté avec Hamid Karzai et sont étroitement liés aux talibans. Il n'est pas exclu que ce scandale a été initié par Stanley McChrystal, général américain et ex-commandant des forces armées en Afghanistan. Son successeur, David Petraeus, s'est mis à capturer et à éliminer les talibans avec une énergie redoublée. Viktor Korgoune, expert de l'Institut des études orientales, considère que cela lui demandera du temps dont la Maison Blanche ne dispose pas.

Pour le moment, la nouvelle politique de Barack Obama en Afghanistan ne donne pas de résultats alors que les délais de retrait des forces américaines approchent à leur échéance. Evidement, cela inquiète l'administration du président américain car, à mon avis, les Etats-Unis n'y seront pas prêts. D'autant plus que les Afghans s'apprêtent à entamer les pourparlers directs avec les talibans. Les Américains ne sont pas très contents : jusqu'à récemment ils étaient contre ce genre de contacts directs. C'est pourquoi ils essayent aujourd'hui de revoir leur politique en allongeant éventuellement les délais de retrait de leurs forces armées.

Sous la pression des Démocrates, Barack Obama a annoncé le début de l'opération du retrait des troupes de l'Afghanistan pour l'été 2011. Les militaires le demandent cependant de prendre un temps de réflexion. Il est probable que le chef du Pentagone qui se déclare prêt à insister sur la révision de la politique de la Maison Blanche en Afghanistan, défend cette position. Cela ne fait que confirmer le caractère foncièrement politique de la question des délais quant au retrait des forces américaines de l'Afghanistan. Les Etats-Unis n'ont rien gagné en Afghanistan : ni sur le plan militaire, ni sur le plan diplomatique. D'où le penchant évident de Kaboul vers la conclusion stratégique d'un armistice avec les talibans.

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