Sarkozy en conflit avec Ankara pour gagner les voix de la diaspora arménienne (Presse)

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La tournée transcaucasienne du président français Nicolas Sarkozy a donné lieu à

La tournée transcaucasienne du président français Nicolas Sarkozy a donné lieu à un grave conflit diplomatique entre Paris et Ankara, écrit lundi le quotidien Kommersant
Avant son discours à Erevan, Nicolas Sarkozy avait averti : "Je vais lancer une grenade dégoupillée". Le président français était parfaitement conscient des conséquences de sa démarche, mais a tout de même exigé de la Turquie de reconnaître le génocide arménien de 1915.
La réaction d’Ankara ne s’est pas fait attendre. Le ministre turc des Affaires étrangères 
Ahmet Davutoglu a conseillé à Paris de se tourner vers son passé colonial au lieu de donner des leçons à d’autres, et a accusé la France de traiter les étrangers comme des citoyens de seconde zone. Le ministre turc aux Affaires européennes Egemen Bagis en a rajouté. Selon lui, Sarkozy fait de l’opportunisme politique, et il adopte ce type d’approche après avoir été effrayé par les derniers sondages politiques.

Les experts français reconnaissent que le président a décidé de provoquer un scandale autour du génocide arménien à des fins électorales. L’objectif de Sarkozy consiste à s’assurer le soutien de la diaspora arménienne influente en France, estimée à 500.000 personnes.

Paris et Ankara se querelle en raison du génocide arménien depuis 10 ans. En 2001, à l’époque de Jacques Chirac, la France a reconnu que le meurtre de 1,5 million d’Arméniens par l’Empire ottoman était un génocide. La Turquie estime que, premièrement, il y a avait bien moins de victimes (300.000) et, deuxièmement, les Arméniens ont été tués au cours d’une révolte.

La décision de Jacques Chirac a conduit à une guerre commerciale entre les deux pays : Ankara a refusé d’acheter les chars, les missiles et les hélicoptères de Paris, les compagnies françaises ont été exclues de certains appels d’offre, ce qui a infligé un préjudice de plusieurs milliards de dollars. En 2006, l’Assemblée nationale de France a adopté une loi pénalisant la négation du génocide arménien. A l’époque, plusieurs contrats importants ont été annulés, y compris dans le domaine militaire. Toutefois, l’affaire n’est pas allée jusqu’à la rupture, car le Sénat n’a pas approuvé cette loi. Aujourd’hui, il est question de l’adoption de cette loi par le Sénat, par la suite elle deviendra obligatoire et tout citoyen français niant publiquement le génocide arménien pourrait être condamné à un an d’emprisonnement et une amende de 50.000 euros.

En Turquie, on entend déjà les appels à boycotter les produits français. Cette fois, des contrats pour 15 milliards d’euros sont menacés. Mais cela n’effraye pas Nicolas Sarkozy, car il joue sciemment sur l’exacerbation du litige. Selon les experts, le président cherche à mobiliser l’électorat traditionnel de droite, qui s’oppose catégoriquement à l’adhésion de la Turquie à l’UE. En entrant en conflit avec Ankara, Sarkozy réanime les opinions antiturques de la société, joue sur le contraste avec les socialistes politiquement corrects qui n’osent pas s’exprimer publiquement contre l’adhésion de cet Etat islamique de 72 millions d’habitants à l’UE.

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