Contrôle aux frontières dans l'espace Schengen ?

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Il y a un an Berlin a condamné l'existence du contrôle aux frontières même temporaire à l'intérieur de l'espace Schengen en estimant qu'il s'agissait d'une « menace à la libre circulation des personnes » en Europe.

A l'époque, en mai 2011, c'est Copenhague qui a introduit une telle mesure à la frontière allemande et suédoise pour faire barrière à l'immigration clandestine. Mais voici que la semaine dernière le ministre allemand de l'Intérieur et son homologue français se sont adressés au Danemark présidant actuellement l'Union européenne en demandant de donner le droit aux gouvernements nationaux de fermer temporairement la frontière « en cas d'urgence ». La parole à notre commentateur Sergueï Gouk.

C'est maintenant le tour du gouvernement allemand de se justifier. « Une manœuvre clairement pré-électorale », « le soutien de Sarkozy et des tentatives de ce dernier de cueillir les électeurs de droite » - c'est ce qu'on dit en Allemagne et, plus généralement, en Union européenne. Les Verts du Parlement européen ont parlé de Berlin comme d'un adepte du populisme et de l'anti-européisme qui veut porter atteinte « au plus grand acquis de l'UE, la libre circulation ».

En perte de vitesse, le président français sortant essaye de prendre la revanche au second tour des élections en misant sur le thème de l'« afflux des migrants clandestins ». A ce sujet il a même fait un aphorisme : « Un pays sans frontières est un pays sans identité ». Sarkozy a menacé de sortir de l'espace Schengen, si les autres Etats membres lui mettaient les bâtons dans les roues. Les motivations du président français sont claires. Mais quelles sont les motivations des Allemands ? L'afflux des migrants ? Mais leur nombre n'a pas augmenté en 2011 mais, au contraire, a diminué. Le désir de soutenir son partenaire plus conservateur ? L'opinion du directeur des problèmes de la globalisation et des mouvements sociaux, Boris Kagarlitskiy :

« En ce qui concerne la politique d'immigration, on observe une certaine crise en Europe de l'Ouest. En réalité la politique d'immigration se durcit depuis ces quinze dernières années. Mais la situation de change pas vraiment. La cause, ce n'est pas que l'Etat n'a pas de contrôle de migrations suffisamment rigide mais que la structure même du marché de travail en Europe de l'Ouest est telle que les employeurs ont l'intérêt à embaucher des migrants. C'est pourquoi sans changements sociaux structurels rien de changera vraiment. Quant à la situation pré-électorale en France, tout n'est pas si simple que cela. Les gens qui soutiennent Marine Le Pen ne sont pas forcément attirés par sa position sur l'immigration. Au contraire, elle n'a pratiquement pas eu de discours anti-migratoire. Elle a parlé d'autres choses. Avant tout, elle s'est opposée à l'Union européenne, à l'OTAN, à la zone euro, à la politique sociale du gouvernement de Sarkozy ».

Les ministres de l'Intérieur européens vont se prononcer sur la démarché franco-allemande jeudi prochain. Mais il y a des choses qui ne sont pas tout à fait claires dans toute cette histoire. Paris et Berlin veulent avoir le droit d'instaurer une situation d'urgence à la frontière pour une durée allant jusqu'à 30 jours sans autorisation de Bruxelles. Mais ils ont déjà ce droit conformément aux accords de Schengen. « Il n'y a rien de nouveau dans ce message », a assuré Angela Merkel. Pourquoi alors faire beaucoup de bruit pour rien ?

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