François Hollande fixe « le cap sur l’emploi »

© Photo : AFPFrançois Hollande fixe « le cap sur l’emploi »
François Hollande fixe « le cap sur l’emploi » - Sputnik Afrique
S'abonner
Hier soir François Hollande lors des traditionnels vœux télévisés du Président de la République qu’il adressait aux Français a tenté de lancer un message « d’espoir » en affichant la priorité du gouvernement : l’emploi. Malgré les annonces répétées et largement relayées à ce sujet, il semble bien que les promesses annoncées avant son élection et les espoirs affichés après cette dernière seront difficiles à tenir. Retour sur les derniers événements d’une présidence calamiteuse.

François Hollande n’avait pas oublié de lancer ses vœux à la communauté musulmane lors de la fête de l’Aïd, il en fut autrement dans la journée du 25 décembre où son oubli conscient ou inconscient de la communauté chrétienne pour les fêtes de Noël a fait l’effet d’une douche froide pour de nombreux Français effarés. Il n’était plus temps de réparer une énième erreur de communication alors que le président français était déjà enlisé dans les sempiternelles frasques de sa compagne prompte à saisir la justice à chaque occasion. Après la déconfiture du voyage algérien des 19 et 20 décembre dernier où l’apprenti président aura réussi à mécontenter les différents camps, c’est un peu dans la lassitude et l’indifférence générale que François Hollande tentait de sortir de l’année 2012 sur une note positive.

C’est dans la douleur pourtant que l’année se termine en France et sur une nouvelle succession de fausses notes, notamment de l’opération de communication totalement manquée du 27 décembre au marché de Rungis. Ayant voulu suivre les traces de son prédécesseur, le Président avait souhaité se rendre au chevet « de la France qui se lève tôt», en écartant les médias et les journalistes qui ont dû longuement attendre le bon vouloir présidentiel en piétinant sur le pavé du célèbre marché. Ayant voulu se démarquer de Nicolas Sarkozy, il n’aura finalement que réussi à alimenter « le marché aux critiques » qui est de longue date très bien achalandé.

Dans son message du Nouvel an, François Hollande a dû changer de ton, il a parlé des inquiétudes « légitimes » des Français mais aussi et surtout « des difficultés » qui pour la première fois ont été évoquées, une sorte d’aveu d’impuissance qui n’aura pas trompé la France besogneuse. Le discours s’est voulu paternaliste et rassurant, le Président a martelé que l’objectif du gouvernement pour 2013, serait avant tout l’emploi : « Mon devoir, mon premier devoir, mon seul devoir». Cette déclaration faisait suite à l’annonce des chiffres du chômage qui pour le 19ème mois consécutif se trouvent en hausse. Les chiffres officiels étant faussés, il est difficile de voir clair sur cette question, mais les différentes catégories de chômeurs compteraient un chiffre cosmique de 3,5 millions de chômeurs auxquels s’ajouteraient encore pas moins de 5 millions de précaires et « d’invisibles », ceux qui ne sont pas comptés par les organismes de l’administration.

Ces invisibles sont en particulier des jeunes de 16 à 25 ans qui sont sortis du circuit de l’Education nationale et qui ne sont pris en compte par aucune administration, ils survivent grâce à leurs familles ou proches et leurs rangs ne cessent de grossir. N’ayant jamais ou peu travaillé, ils sont repoussés par le système sans la possibilité de recevoir un soutien, même symbolique. Beaucoup ayant été échaudés par les différents services sociaux ou se trouvant dans l’incapacité de trouver un travail faute de qualification et à cause de la crise, se trouvent dans les marges de la société, dans un No Man’s Land terrifiant. Cette situation des jeunes n’est pas nouvelle, elle est née sous la présidence de François Mitterrand et s’est toujours heurtée à l’incapacité des différents gouvernements bipartites à la résoudre.

Comme ses prédécesseurs, François Hollande a parlé dans son discours « des outils », notamment des 150 000 emplois d’avenir pour les jeunes et les contrats générations pour les plus anciens. Il s’agit là malheureusement d’un sparadrap sur une fracture ouverte qui rappelle bien les TUCS et autre CES, expédients du passé aux effets pernicieux qui ne font que prolonger la précarité des jeunes et les enfermer dans un système parallèle dégradant. Sa déclaration stupéfiante « de faire que notre pays avance et que notre jeunesse retrouve espoir», dénote bien le degré de cynisme atteint au moment où le chômage touche également les diplômés selon une nouvelle tendance qui écarte des pans entiers de cette catégorie. Ils sont jugés trop onéreux ou encore s’étant engagés dans des filières saturées, les différents gouvernements ayant oubliés au passage de fixer des priorités et de financer la recherche.

A l’opposé, les séniors sont aussi des centaines de milliers à se retrouver dans les rangs des invisibles. A partir de 56 ans, ils ne sont plus en effet comptabilisés dans les statistiques gouvernementales, comme effacés du monde des travailleurs et presque de celui des vivants. A l’heure où les suppressions d’emplois font rage, à l’heure des fermetures d’usines ou d’entreprises, ils sont en effet les victimes premières du système. Le temps est également terminé où ils pouvaient partir en retraite anticipée avec un pactole permettant de faire le relai le temps d’atteindre l’âge de la retraite. Beaucoup sont poussés dehors par le fait de nombreux artifices, il s’agit en particulier et surtout des CDI mais aussi des intérimaires qui subissent de plein fouet les « vagues d’amaigrissements » commandées par la compétitivité… évoquée par François Hollande.

« Tout pour l’emploi et la compétitivité» telle est la devise affichée du Président Hollande lors de ses vœux aux Français. Cette simple déclaration, banale, est en fait effrayante dans sa deuxième partie. Nous nous souvenons que le gouvernement socialiste a été critiqué en permanence sur son incapacité notoire à réformer et à créer de la compétitivité. Aujourd’hui en prononçant ce mot, François Hollande indique bien qu’il a entendu le message libéral et n’entendra pas mener une politique sociale provoquant d’ors et déjà les attaques acérées des radicaux de gauche et des communistes. Il y a quelques jours, ces derniers ont commencé de diffuser une vidéo où, lorsque François Hollande s’exprime sur le social, des rires moqueurs retentissent, des rires jaunes, signifiant le divorce du Président avec la frange la plus avancée de la Gauche. Pouvait-il en être autrement ?

Après le fiasco de l’annonce du taux d’imposition à 75 % qui a été jugé illégal par le Conseil constitutionnel de la République, donnant au passage raison à Gérard Depardieu et infligeant un camouflet magistral à l’équipe présidentielle, le Président a cependant encore insisté sur le réaménagement de ce projet n’ayant une fois de plus contenté personne après avoir déclenché des remous qui divisent sans cesse les Français pour des résultats proche du zéro absolu. La réconciliation était pourtant le dernier sujet de ses vœux formant tout de même six pages. Une réconciliation qui dans les formes actuelles de la République risque de se faire attendre de longues et pénibles décennies, la division et le communautarisme sont bien… pour maintenant.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала