Le journal des Balkans d’un journaliste russe. Vojislav Kostunica (Partie 1)

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J’ai essayé à maintes reprises de rencontrer le premier ministre serbe Vojislav Kostunica. On m’a dit plusieurs fois que c’était un homme très renfermé sur lui-même et qu’il n’aimait pas accorder d’interviews télévisées. Toutefois, lors de chacune de mes visites en Serbie, j’ai adressé des courriers au bureau de Vojislav Kostunica et j’ai cherché de l’aide auprès de ceux qui le connaissaient bien. En mars 2004, cet entretien a enfin eu lieu. Notre rencontre s’est déroulée après les évènements dramatiques du Kosovo-Metohija.

J’ai demandé au premier ministre de m’expliquer ce qui s’est véritablement passé au Kosovo le 17 mars 2004 et comment on pouvait qualifier la mission de maintien de la paix des Nations Unies censée protéger la population serbe dans cette région. Il a répondu :

« Le 17 mars 2004 peut être comparé aux attentats de New York, de Madrid et de Moscou. Il s’agit de terrorisme international, à la seule différence qu’ici il s'est déplacé des énormes mégapoles dans les petites villes et les villages du Kosovo, où vivent les Serbes. Le terrorisme albanais a pour but d’effecteur des nettoyages ethniques. Et c’est cela qui différencie le terrorisme albanais des attentats terroristes perpétrés à New York et à Moscou. Ainsi, les derniers évènements au Kosovo ont été qualifiés par des hommes politiques de nettoyage ethnique et de terrorisme. Pour l’Occident, l’attitude des Albanais du Kosovo était tout à fait étonnante. Nous, par contre, nous n’avons pas été surpris par les évènements dans le sud de la Serbie. Il y a bien longtemps que les nettoyages ethniques au Kosovo ont commencé. Les Serbes sont régulièrement chassés des villes et des villages où leurs ancêtres vivaient depuis des siècles. Dans la période du 17 au 19 mars 2004, 4000 Serbes ont été expulsés du Kosovo, leurs maisons incendiées et leurs biens détruits. De plus, plusieurs dizaines d’églises et de monastères orthodoxes ont été rasés.

Depuis que la mission de maintien de la paix de l’ONU a commencé au Kosovo en 1999, 250 000 Serbes ont été expulsés de la région. Les évènements du 17 mars ne sont donc pas une surprise pour nous. Ce sont les conséquences de la politique menée par les séparatistes kosovars, conséquences contre lesquelles nous avions depuis longtemps mis en garde le monde entier. Nous avons littéralement hurlé à la face du monde ce qui se passait réellement au Kosovo, mais on n’a pas voulu nous entendre. Les personnes qui ne pouvaient pas revenir dans leurs foyers ne se risquaient pas à le faire par crainte pour leur vie et celle de leurs proches. Deux tiers des Serbes du Kosovo ont été contraints de quitter leur territoire. Aujourd’hui, il n’y en reste qu’un tiers. Seulement 1000 personnes ont trouvé le courage de revenir chez elles. Vivre au Kosovo est devenu tout simplement dangereux.

De plus, les Serbes du Kosovo ne jouissent d’aucune liberté de circulation. Ils ne peuvent se déplacer qu’escortés par des militaires. Les terroristes albanais ont ôté la vie à beaucoup de Serbes et pratiqué des nettoyages ethniques en présence des forces de l’ONU. Ils ne craignent personne. On peut supposer que les terroristes, qui terrorisaient constamment les Serbes qui restaient, tenteront un jour de massacrer tous ceux qui appartiennent à une confession ou une ethnie différente. J’estime que la mission de maintien de la paix de l’ONU et de l’OTAN a subi un échec. Les soldats et la police devaient protéger les personnes âgées, les femmes et les enfants contre la violence, mais ils ne l’ont pas fait ».

Le premier ministre serbe Vojislav Kostunica était persuadé que le maintien de la paix de l’OTAN dans cette région était sur le point de subir un fiasco total :

« Pendant tout ce temps, ni les militaires, ni les policiers de l’ONU n’ont rempli la mission qui leur avait été assignée par le Conseil de sécurité. Ils savaient que dans cette région la situation était très complexe et dangereuse, mais ils se souciaient plus de leur propre sécurité que de la sécurité des Serbes du Kosovo. Et puis, les Américains ont décidé que tout allait bien, que leur mission était accomplie, que les Albanais avaient bien appris leur leçon et étaient devenus sages. George W. Bush a aussitôt diminué le nombre des effectifs présents sur le territoire. C’est exactement à ce moment-là que les Albanais ont pris conscience de leur impunité. Ils ont l’habitude de se faire plaindre par le monde entier qui passe sous silence les massacres sournois continus des Serbes par l’Armée de libération nationale. À l'occasion des cinq ans de leur mission de maintien de la paix au Kosovo, l’ONU, l’UE et l’OTAN voulaient absolument en montrer les résultats politiques positifs. Tout le monde disait qu’une solution sur le plan politique avait été trouvée et que le Kosovo allait devenir une région multiethnique et pacifique. Washington a même cité une date. Le statut du Kosovo a dû être défini en 2005. La KFOR (la Kosovo Force) a cessé de contrôler les différentes régions du Kosovo et a voulu par la suite transférer ses fonctions à la police des Nations Unies et aux observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Mais dès que l’OTAN eut quitté les enclaves serbes, les massacres ont recommencé de plus belle. Les Serbes sans défense étaient la proie des terroristes albanais. Les médias occidentaux répétaient qu’au Kosovo tout allait bien et que la paix était revenue. Toutefois, cela ne correspondait pas à la vérité. Le 17 mars a montré le véritable état de choses et le vrai visage des terroristes albanais. Ils ont commencé leurs massacres sans craindre ni les 17 500 soldats et officiers de l’OTAN, ni les quelque milliers de policiers de l’ONU, ni l’opinion publique, qui a d’ailleurs toujours été loyale envers toutes les actions des Albanais. Je ne sais pas, peut-être qu’en quelque sorte c’est l’ONU qui en a donné l’ordre. L’histoire le montrera, mais la simultanéité avec laquelle tous ces évènements se sont déroulés dans toutes les enclaves, et pas seulement au Kosovo du Nord, est vraiment surprenante. Cela veut dire qu’on s’y était vraiment bien préparé. C’est d’autant plus étrange qu’il y a au Kosovo énormément d’unités spéciales qui devaient connaître les intentions de Pristina. Ou alors elles savaient et elles se sont tues.

L’amiral Johnon, commandant de l’AFSOUTH (Forces alliées du Sud-Europe), a déclaré après le 19 mars que les Albanais pratiquent au Kosovo des nettoyages ethniques et que c’est une action préméditée. Néanmoins, je ne sais pas comment les unités spéciales de l’Occident, notamment de l’OTAN, qui, comme elles affirment elles-mêmes, tiennent la situation sous contrôle, ont pu passer à côté de cette action. T

 

 

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