La diplomatie française en Syrie, entre cafouillages et revirements

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La France, depuis le début de l’agression militaire contre l’état Syrien, a été en pointe des offensives visant à achever le processus de renversement de l’état Syrien. Au nom d’on ne sait quelle lubie le gouvernement français, de Nicolas Sarkozy comme de François Hollande, s’est fixé un objectif prioritaire: faire en sorte que Bashar al-Assad quitte le pouvoir.

Le président François Hollande a même annoncé en novembre 2012 que Paris reconnaissait la nouvelle coalition de l'opposition syrienne et affirmé que « la France reconnaît la Coalition nationale syrienne comme seule représentante du peuple syrien et donc comme futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al-Assad ».La patrie de Voltaire était ainsi le premier pays à reconnaître, ce qui n’a pas manqué de surprendre, cette « opposition désunie » comme futur gouvernement provisoire.

La question de la fourniture d’armes se posa naturellement, la France affirmant même qu’il fallait livrer des armes à l’opposition Syrienne, éventuellement en se passant de l’accord de l’UE (qui applique un embargo sur la livraison d’armes à ce pays) car la France est une « nation souveraine » pour citer les propos de Laurent Fabius.

Autre pays « souverain » : la Croatie qui serait devenu un des principaux fournisseurs d’armes à l’opposition Syrienne, en livrant notamment des fusils mitrailleurs M60, des lance-roquettes portables Osa-M79, des lance-roquettes portables antichars RPG22 et des lance-grenades multiples Milkor MGL. Le pays, qui devrait intégrer l’UE au début de cet été, amorce mal son intégration, en violant ouvertement l’embargo de l’UE.

Lors du sommet européen de mars dernier le président François Hollande a une nouvelle fois appelé l’UE à lever l’embargo sur la fourniture d’armes en brandissant le spectre du binôme russo-anglais qui avait agi en Libye. Celui-ci avait affirmé que les européens avaient « une décision à prendre avant la fin du mois de mai » c'est-à-dire a la fin de la période concernée par l’embargo en vigueur.

On aurait pu penser que les positions diplomatiques françaises sur la Syrie étaient définitivement scellées et que le pays allait sereinement continuer sa politique d’agression délibérée envers l’Etat syrien. Mais la France qui se dit souveraine n’est peut être pas vraiment sereine.

Lors de son allocution en date du 28 mars dernier, soit moins de deux semaines après le sommet européen précité, le président français est complètement revenu sur ses précédentes déclarations en affirmant que « La France ne livrera pas d'armes aux rebelles syriens tant qu'elle n'aura pas la certitude d'un contrôle total de la situation par l'opposition syrienne. Il ne peut pas y avoir de livraison d'armes à la fin de l'embargo en mai, s'il n'y a pas la certitude que ces armes seront utilisées par des opposants légitimes et coupés de toute emprise terroriste».

Ce cafouillage diplomatique cache en réalité les inquiétudes grandissantes de la France (et de l’Europe) quand aux conséquences qui devraient résulter de l’abcès Syrien. En effet il est aujourd’hui avéré que plus d’un millier d’Européens combattent en Syrie, les contingents les plus importants étant fournis par la Grande-Bretagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas. Rien de surprenant à cela, car ces pays ont un lourd passé colonial et ont subi une forte immigration. On peut imaginer que les chiffres sont en réalité plus élevés et que la situation est bien plus catastrophique qu’il n’y paraît.

La Syrie est devenue, grâce à l’aide militaire du Qatar et à la sottise stratégique des pays occidentaux, un pôle d’attraction et un formidable vivier de terroristes. Que va-t-il se passer si le gros de ces jeunes combattants décident de retourner en Europe? Peut-on imaginer qu’ils puissent reprendre une vie normale? La France, selon le juge antiterroriste Marc Trevidic, est non seulement menacée, mais doit sans doute inévitablement se préparer à des attentats sur son territoire.

Une situation d’autant plus ubuesque que de nombreuses sources affirment que la France à commencé ses livraisons d’armes au début de 2013, soit en violation de l’embargo européen, mais qu’elles seraient accompagnées de stages d’entraînement des « rebelles Syriens » par des militaires français.

On peut essayer d’imaginer ce qui se passerait si Bachar al-Assad restait au pouvoir et que l’Etat français ait de nouveau besoin de la Syrie pour faire face à la déferlante terroriste qu’elle aura elle-même créée, mais qui aurait décidé de se retourner contre elle.

Le gouvernement français sera t-il contraint ce jour la de nouveau retourner sa veste ?

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