Egypte-Syrie : rupture des relations

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La déclaration du président islamiste de l'Egypte Mohamed Morsi sur « la rupture complète » de toutes les relations avec la Syrie n'a pas provoqué de surprise, que ce soit chez les Egyptiens ou parmi les experts étrangers. On sait en Syrie que Le Caire, pendant la présidence de Morsi, a toujours manifesté une attitude négative envers le régime de Bachar al-Assad.

Les analystes s’inquiètent car l'Egypte, qui ne prenait pas jusqu'à présent aucune part active au conflit syrien, commence à y être impliquée.

Un conseiller de Mohamed Morsi, d’après le témoignage du journal de Londres The Guardian (le 16 juin), a déclaré que Le Caire n'empêcherait pas désormais les Egyptiens qui le voudraient d’aider « leurs frères en Syrie ». Naturellement, il s'agit des rebelles armés : la plupart des musulmans égyptiens professent le sunnisme. Cependant que le régime de Bachar al-Assad appartient à la branche alawite du chiisme.

Le président égyptien est intervenu le 15 juin devant milliers de ses partisans lors d’un meeting au Caire et a annoncé la rupture « de toutes les relations avec le régime syrien », le rappel de l'ambassadeur égyptien à Damas et la fermeture de l'ambassade syrienne au Caire. De plus, Mohamed Morsi a demandé au Conseil de Sécurité de l'ONU d’adopter une résolution instaurant une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire de la Syrie. Ainsi, le président-islamiste égyptien soutient Washington qui examine aussi maintenant une telle possibilité.

Cependant, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a prévenu encore une fois le 15 juin que l’instauration de zones d’exclusion dans l’espace aérien de la Syrie, quelle qu’en soit la forme constituerait une violation du droit international.

« Je ne sais pas comment peut évoluer la position des États-Unis, d'autant plus que dans les médias, notamment au Wall-Street Journal, des fuites ont fait état de la création éventuelle en Syrie de zones d’exclusion aérienne protégées grâce au déploiement en Jordanie de batteries de défense antiaérienne Patriot et de F-16. Le journal a communiqué que ce ne serait pas une violation du droit international, étant donné que ce matériel ne serait pas installé sur le territoire syrien et que les avions syriens seraient abattus depuis le territoire de la Jordanie. Point n’est besoin d’être un grand expert pour comprendre que ce sera également une violation du droit international ».

La déclaration de Morsi sur la zone d’exclusion aérienne montre que les États-Unis et leurs alliés examinent concrètement la question de la fermeture des frontières aériennes de la Syrie, selon Bagrat Seiranyan, chef du Centre d’études arabes et islamiques de l'Institut d’orientalisme de l'Académie des Sciences de Russie.

« La déclaration du président Morsi sur l’instauration d’une zone exclusion dans l’espace aérien de la Syrie laisse supposer que les pays occidentaux ont déjà entamé la phase concrète de règlement de ce problème. »

L'opposition égyptienne est convaincue que le président veut profiter du « problème syrien» pour détourner l'attention des problèmes économiques complexes de l’Egypte. « La déclaration de Morsi équivaut à une déclaration de guerre, estime le journaliste égyptien Moustafa Bakari. - Je ne serais pas étonné si demain le président implique l'armée égyptienne dans une guerre contre les frères en Syrie, en poursuivant des buts exceptionnellement confessionnels et en tentant d'amadouer l'Amérique ».

Les leaders de l'opposition affirment que Morsi tente de mobiliser les partisans islamistes à la veille du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir le 30 juin. Ce jour-là, des manifestations massives contre le régime de Morsi sont prévues au Caire. Tamarroud (Révolte), principal mouvement principal d'opposition dans le pays est l'initiateur des actions. Il a déjà recueilli plus de 15 millions de signatures exigeant la démission de Morsi. Dans la déclaration du mouvement, il est dit que l'intervention de Morsi le 15 juin « ressemble à l'intervention d’une personne effrayée sentant que sa fin est proche ». L'annonce de Morsi sur « la rupture complète » des relations avec la Syrie n'est renforcée par aucuns décrets spéciaux intérieurs, autorités aéroportuaires du Caire ont fait savoir que les avions continueraient de partir pour la Syrie et d’arriver de Syrie.

Peu de gens se rappellent qu'entre 1958 et 1971, l'Egypte et la Syrie formaient un seul État : la République Arabe Unie. T


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