Pourquoi le « fast-food politique » américain ne se vend-t-il plus?

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Le fast-food politique américain a toujours été assimilé au classique hamburger-cola, servi dans un snack du Middle West, soit une « malbouffe » typique avec tous les édulcorants et autres substances qui vont avec. Les médias américains sont axés sur la chasse délibérée aux sensations et aux actualités servies « à chaud », qui désorientent les lecteurs.

Le public aux États-Unis et dans le monde commence heureusement à développer progressivement une sorte d’immunité. La machine propagandiste américaine continue à tourner à plein rendement mais commence à déraper. Le lavage des cerveaux s’avère de plus en plus difficile dans le monde d’aujourd’hui, où on peut trouver sur le web un tas d’informations non orientées.

Les États-Unis s’obstinent cependant à servir leurs « pâtés chauds » au monde entier. Des extraits tirés des discours des hommes politiques se substituent à un débat sur le fond. Les problèmes réellement importants qui nécessitent une réflexion minimale se retrouvent en marge de la presse écrite, à tel point que c’est n’est plus un fast-food mais une sorte de chewing-gum informationnel mâché et remâché. Il ne reste presque rien des symboles originels américains, comme la liberté de parole et de la presse. Ce n’est un secret pour personne que les médias américains sont depuis longtemps contrôlés par l’appareil d’État, devenant un instrument d’idéologie et de manipulation.

La propagande américaine « se vend » de plus en plus mal dans le monde parce qu’elle trop directe et qu'elle affiche le mépris des sentiments et des traditions des lecteurs étrangers. Elle n’est pas crédible non plus. De même que le « rêve américain », le fast-food politique prend mal sur le sol étranger.

Le cinéma pour le peuple

Les raisonnements abstraits ne sont pas de mise dès lors qu’il s'agit de politique qui est solidement « incrustée » dans la vie sociale. En effet, les événements relatifs à la vie de tel ou tel groupe social se répercutent sur les processus politiques et à l'inverse, la politique influe sur la vie de la société, par exemple à travers les lois. Mais il y aussi la propagande politique qui forme implicitement la conscience de masse.

La notion même de propagande a une connotation négative parce qu’elle se donne pour objectif de former un modèle de mode de vie en diffusant des valeurs morales et des normes éthiques déterminées. De ce point de vue, le cinéma, en sa qualité de produit créatif accessible et spectaculaire, est un outil très commode. Les films de fiction sont instrumentalisés à des fins de propagande plus souvent qu’on ne le croit généralement. Il serait très difficile d’imposer son influence par un autre procédé, parce que les films sont regardés par les catégories sociales les plus diverses dans le monde entier. Il existe un genre spécifique pour chaque public ciblé, ce qui permet de couvrir toute la société.

On estime généralement qu’au XXe siècle, le cinéma a « forgé » l’Amérique telle que nous la voyons maintenant. C’est à travers les films que s'est faite la propagande du mode de vie, des valeurs familiales américaines et de sa puissance militaire. Cela s'est avéré extrêmement important à l’époque de la « guerre froide », mais « le jeu des contrastes » a basculé dans le passé avec elle. Si dans le passé, l’URSS pouvait être pointée du doigt comme le pays du Goulag et de l’absence de libertés, c’est au tour des États-Unis d’être maintenant critiqués pour Guantanamo et les prisons secrètes de la CIA.

Néanmoins, l’Amérique essaie toujours de se servir du cinéma pour imposer ses valeurs et son mode de vie au reste du monde. Par exemple, après avoir visionné le film Target N1 récemment sorti à l’écran, les spectateurs peuvent avoir l’impression que les tortures sont un passage obligé pour mettre la main sur les terroristes. Pourtant, les efforts de propagande semblent devenir de moins en moins payants. En effet, les super-héros américains contemporains et les princes tout de blanc vêtus, qu’ils soient féériques ou réels, commencent à lasser par leur monotonie et leur platitude. C’est aussi le cas des « messages » qu’ils sont appelés à porter. Dans un certain sens, les États-Unis ont succombé à leur propre fast-food politique.

Des coupes sombres

Par conséquent, ce n’est pas du tout un hasard si des coupes sombres opérées dans le budget américain ont fini par toucher le « saint des saints » de la politique extérieure américaine, à savoir non seulement les programmes du Pentagone et du Département d’État, mais encore ceux destinés à propager les idées et les valeurs américaines à l’étranger. Et bien que le budget de propagande US ne doive se réduire en 2014 que de 25 millions de dollars contre 3 milliards pour celui du Département d’État, les observateurs font déjà remarquer que la Maison Blanche s’est enfin aperçue que les propagandistes américains n’étaient pas à la hauteur de leurs tâches. En hiver dernier, Hillary Clinton a critiqué avant de quitter son poste l’état de la propagande politique extérieure américaine. « Je crois que nous avons renoncé à la radiodiffusion internationale », a déclaré Madame Clinton en se référant à l’expérience de la Russie et de la Chine, qui selon elle « occupent des positions dominantes dans la diffusion de l’information officielle en langues étrangères aux quatre coins du monde ». /N

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