La Géorgie au seuil d'une ère politique nouvelle

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A l'approche de la présidentielle qui aura lieu le 27 octobre la Géorgie est en passe de faire peau neuve. Elle semble être à deux pas d'une vie heureuse sans Saakachvili qui est parvenu à se mettre la Géorgie entière à dos.

Pourtant l'enthousiasme général et l'espoir de changement sont des choses floues. Le bien-être, la sécurité, la transparence du système politique, la croissance économique et le rétablissement de relations normales avec la Russie sont autant d'aspirations des électeurs. Les candidats actuels sont-ils à hauteur de leurs attentes? Car nombre d'entre eux ont en commun non seulement les distances prises de façon ostentatoire vis-à-vis de Mikhaïl Saakachvili, mais aussi la coopération étroite avec ce dernier par le passé.

Saakachvili, dont la vie politique touche à sa fin, a perdu toute influence il y a un an. A l'époque, le parti oppositionnel Rêve géorgien a fait son entrée au parlement et le milliardaire Bidzina Ivanichvili est devenu premier ministre. Ayant accompli une série de réformes, celui-ci a décidé de s'en aller après les élections, non sans avoir placé sur l'échiquier politique l'ex-ministre de l'Education Guéorgui Margvélachvili qui est un des favoris de la présidentielle à venir.

En octobre la cote de popularité de Margvélachvili était de 43 % selon l'agence Greenberg, Quinlan, Rosner Research. David Bakradzé, ancien compagnon de Saakachvili au sein de son Mouvement national uni, venait en deuxième position (22 % selon la même source). La troisième place était occupée par Nino Bourdjanadzé, fondatrice et chef de file du parti Mouvement démocratique – Géorgie unie. Mme Bourdjanadzé a abandonné Saakachvili plus tôt que les autres : en 2008. D'après le même sondage elle était créditée de 7 % en octobre, mais sa popularité a monté en flèche au cours de ce dernier mois.

Nino Bourdjanadzé est sûre de sa victoire au deuxième tour. Elle explique la haute cote de popularité de ses rivaux par l'argent et le soutien administratif :

« Si je m'était trouvée dans la même situation que les candidats du pouvoir, Margvélachvili et Bakradzé, j'aurais gagné au premier tour. Mais les réalités sont telles qu'il y aura un second tour disputé entre Margvélachvili et moi-même. Bakradzé n'a pas de chances d'occuper la deuxième place, bien qu'il soit encensé par des représentants de l'Occident et certains membres du Rêve géorgien. »

Nino Bourdjanadzé fait de nombreux déplacements à travers le pays promettant aux compatriotes de juger Saakachvili. Mais cette promesse n'est pas la seule chose qui séduit les électeurs. Beaucoup en Géorgie placent en Bourdjanadzé l'espérance que les relations normales seront rétablies avec la Russie.

Cette question demeure sensible pour la société géorgienne et surtout pour les politiques. C'est pourquoi ce qui se dit dans les couloirs n'est pas évoqué pendant les débats et les interventions devant les électeurs.

« Aucun candidat ne parle ouvertement de la reconnaissance des erreurs commises en août 2008 non seulement par le pouvoir de l'époque, mais aussi par la société. Il s'agit de l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud et les militaires russes. Cela parce que la réaction de la société géorgienne à la défaite de l'armée était trop douloureuse. Mais il est réjouissant que les candidats ne mènent plus une propagande déchaînée contre la Russie »,explique le rédacteur en chef de la revue Problèmes de la stratégie nationale Ajdar Kourtov.

Les élections ne seront pas exemptes de fraudes. Nino Bourdjanadzé en est convaincue car dès à présent on constate des trucages dans les intentions de vote et même dans le nombre des électeurs.

« Aujourd'hui des chiffres tout à fait surprenants ont été publiés par la Commission électorale centrale : la liste des électeurs comprend 3,5 millions de personnes. C'est un non-sens absolu parce que la Géorgie compte actuellement au maximum 2,5 millions d'électeurs : des centaines de milliers de Géorgiens, voire même plus d'un million, se trouvent en Russie, en Grèce, en Turquie, dans d'autres pays européens ainsi qu'aux Etats-Unis et en Ukraine. Mais tous sont inscrits sur les listes électorales.»

Saakachvili s'en ira. Mais la question reste de savoir s'il y aura des changements au sein de l'élite au pouvoir. Ajdar Kourtov note à ce propos :

« Les élections à venir doivent mettre un point final à la transformation politique en Géorgie. En d'autres termes, elles marqueront la fin de l'ère de Saakachvili et de la force politique dont l'arrivée au pouvoir en 2003 n'était pas tout à fait légitime. Pour l'heure, on ne saurait faire de prévisions quant au développement prospère de la Géorgie. Il est douteux que les touristes se précipitent sur le littoral géorgien de la mer Noire, ou que les investissements affluent dans l'économie géorgienne, pour la simple raison que la Géorgie ne possède rien pour les attirer. Je pense que le pouvoir géorgien se heurtera à de grosses difficultés pour financer les réformes annoncées, notamment avant les élections à venir. »

Nino Bourdjanadzé a dit que dans un pays comme la Géorgie la légitimité du président dépend de la confiance du peuple plutôt que de la loi. Saakachvili s'est maintenu pendant 10 ans grâce au tapage médiatique et au soutien administratif et financier des Etats-Unis. Le nouveau dirigeant pourra-t-il gagner cette confiance du peuple ou le nouveau pouvoir poursuivra-t-il l'ancienne politique de façade et la médiatisation tapageuse des succès médiocres ? T

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