L'Ukraine dans le collimateur des révisionnistes roumains

© © Photo : EPAL'Ukraine dans le collimateur des révisionnistes roumains
L'Ukraine dans le collimateur des révisionnistes roumains - Sputnik Afrique
S'abonner
Toute crise politique sérieuse conduit à l'affaiblissement du pays et éveille des éléments politiques malsains dans les Etats voisins.

La crise en Ukraine a provoqué l'effervescence chez les révisionnistes roumains qui n'ont pas tardé à soulever la question de la « restitution des terres volées ».

La presse roumaine affiliée au président Traian Basescu, ainsi que les milieux nationalistes abondamment financés par le Service de renseignement extérieur (SIE) ont tiré parti de la crise ukrainienne pour revenir à l'idée de l'annexion à l'Ukraine du district de Guertsa dans la région de Tchernovtsy et d'une partie de la région d'Odessa. Les éléments politiques radicaux de Roumanie considèrent ces territoires comme « volés par Staline ». En Roumanie, il y a donc des forces pour lesquelles la « restitution » de ces territoires peut devenir un important projet politique.

Théoriquement la Roumanie n'est pas la seule à avoir des revendications territoriales envers l'Ukraine, mais de tous les dirigeants des pays limitrophes de l'Ukraine, seul le président roumain a fait des déclarations non dissimulées en ce sens. Pis encore, le rétablissement de la Roumanie dans les frontières de 1918 est devenu une véritable manie pour le dirigeant roumain. Celui-ci a qualifié de « projet national majeur » l'annexion de la Moldavie et il compte bien ne pas s'arrêter là. Le mandat de Basescu expire à l'automne prochain et il ne pourra pas briguer de troisième mandat. La perte de l'immunité présidentielle conduira évidemment à des poursuites judiciaires à son encontre. Pour garder son propre pouvoir ou celui de la force qu'il contrôle, Basescu est tout à fait capable de se lancer dans un conflit international sous prétexte de « rétablir la justice historique ». Du point de vue des radicaux de l'entourage présidentiel, la loi martiale, l'état d'urgence ou une victoire sérieuse en politique extérieure sont autant de facteurs censés le maintenir au pouvoir. Les observateurs ont maintes fois relevé la ressemblance entre Basescu et Saakachvili. En 2008, un heureux concours de circonstances et l'ingérence de forces européennes raisonnables ont sauvé la Roumanie de sa propre version de la « catastrophe géorgienne » dans le contexte du conflit de Transnistrie.

La situation se répète. Les militaires russes ne sont pas déployés à la frontière de la région de Tchernovtsy, ce qui peut encourager des actions irréfléchies de la partie roumaine.

Des premiers préparatifs ont été déjà engagés et si le pouvoir ne les stoppe pas opportunément les problèmes peuvent s'exacerber. Les organisations de la minorité roumaine en Ukraine sont entièrement chapeautées par les services secrets de Roumanie. Elles ont déjà exigé que l'unique député roumain du parlement ukrainien abandonne le Parti des régions. Avant que Bucarest ne déclare « illégitimes » les autorités ukrainiennes et ne soit prié de défendre les citoyens roumains (en Ukraine beaucoup de Roumains ont des passeports roumains), il n’y a qu’un pas. Il n'est pas exclu que ce prétexte puisse être utilisé pour justifier l’introduction en Ukraine de troupes de Roumanie, pays membre de l'OTAN. Nous pouvons certes espérer que les diplomates allemands qui avaient déjà refroidi l'ardeur nationaliste du président roumain n'admettront pas de tels développements. T

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала