Le clivage entre la Russie et l’APCE

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La Russie pourrait cesser la coopération avec l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) après sa décision de la priver de droit de vote et de la suspendre de ses instances dirigeantes, prise le 10 avril à Strasbourg.

De nombreux hommes politiques et experts russes disaient depuis un bon moment que la participation de la Russie aux travaux de l’APCE qui se spécialise professionnellement dans les déclarations et résolution antirusses, n’avait que très peu de sens et quasiment pas de perspectives.

L’APCE a condamné la Russie pour le rattachement de la Crimée avant d’introduire le 10 avril les sanctions restrictives contre la délégation russe. D’ailleurs, elle a rejeté l’idée d’annuler entièrement ses compétences sans doute sous l’effet de la magie des chiffres. Il y eu 82 voix « pour », 82 voix « contre » et 6 abstentions. Une voix manquait donc aux adversaires irréductibles du dialogue entre Strasbourg et Moscou pour faire passer la version « dure ». L’avenir politique du député qui a fait pencher le plateau de la balance n’est pas enviable du tout, si on arrive à l’identifier.

Mais, globalement, la séance de l’Assemblée qui a duré plusieurs heures d’affilée, ressemblait à un simulacre de procès par contumace parce que la délégation russe avait ostensiblement ignoré cette punition pour l’exemple conçue par les stratèges européens avant de quitter Strasbourg. Bref, le format « professeur sévère – cancre » s’est avéré peu payant. Mieux encore, en voyant la moue de certains députés, on pouvait croire qu’ils l’ont vécu comme un drame personnel. D’ailleurs, ils se sont lancés en revanche dans des diatribes aussi vives qu’incongrues à l’encontre de Moscou sur le thème éculé des tentatives du Kremlin de ressusciter l’URSS. Voici comment la réunion de Strasbourg a été commentée par le chef de la délégation russe Alexeï Pouchkov :

« Je dois constater avec un grand regret que nous sommes en présence d’une approche absolument politisée. Je n’ai jamais vu rien de semblable dans cette salle. C’est la plus pure approche géopolitique, quand les autorités de Kiev ont toujours raison et que la Russie a toujours tort et quand tous les faits sont mis sens dessous dessus. »

Alexeï Pouchkov a ajouté que la Russie s’était réservé le droit de cesser de coopérer avec l’APCE. En effet, l’Assemblée s’est surpassée en votant pour l’élargissement de la liste initiale des sanctions. Sans doute pour que la délégation russe brûle de honte, demande pardon pour la Crimée et accepte d’obéir au doigt et à l’œil à l’organe parlementaire européen. Non seulement la Russie est suspendue des instances dirigeantes de l’Assemblée mais est encore privée de la possibilité d’assister aux élections.

Comme on peut lire dans le texte du document, ces mesures de l’APCE expriment sa condamnation et sa désapprobation des agissements de la Fédération de Russie à l’égard de l’Ukraine. En même temps, les eurodéputés ne disent rien du rôle de l’Europe elle-même dans l’instauration du chaos généralisé en Ukraine. En effet, qui songerait à déballer son linge sale en public. A propos, la délégation russe était privée du droit de vote pour la première fois depuis 2000. Cette mesure était alors liée de l’avis des Européens aux violations massives des droits de l’homme en Tchétchénie. La délégation russe avait alors quitté la salle pour revenir un an plus tard. Igor Morozov, membre du Conseil de la Fédération et de la délégation russe à l’APCE a commenté pour La Voix de la Russie les résultats auxquels aboutira la résolution :

« Elle rend notre travail inefficace et peu constructif du point de vue de la défense de nos intérêts et des contacts avec les partenaires au sein du Conseil de l’Europe. J’espérais que nos collègues feraient preuve de plus de loyauté mais nous avons vu à la place des chamailleries et un choc des ambitions. Cette résolution et celle sur l’Ukraine sont globalement en rupture avec les réalités. On a l’impression qu’elles étaient écrites dans un seul et même bureau quelque part outre-Atlantique. »

L’APCE s’est réservé le droit d’annuler entièrement les compétences de la délégation russe si Moscou ne procédait pas à une désescalade du conflit avec l’Ukraine et ne renonçait pas selon Strasbourg à « l’annexion » de la Crimée. Le leader du parti Russie juste et député de la Douma Sergueï Mironov, a déclaré dans une interview à un média russe que la meilleure solution consiste actuellement à quitter les « rangs soudés » de l’APCE.

« La Russie n’est pas un pays qui accepte le langage des ultimatums. L’APCE ne cesse de nous blâmer. Cela suffit ! S’ils ont décidé de nous donner des leçons de démocratie, ils feraient mieux de balayer devant leur porte. La Russie doit suspendre sa participation aux instances de l’APCE sans attendre sa décision en ce sens. Il faut qu’ils apprennent à nous respecter. Nous sommes une grande puissance et rien ne peut se décider sans la Russie. »

Dès la semaine prochaine la Russie prendra sa décision sur sa participation à l’APCE. Ce sera vraisemblablement le gel des relations avec les europarlementaires jusqu’à des temps meilleurs. D’ailleurs, comment Moscou peut-il réagit autrement aux incessantes tentatives des politiciens occidentaux qui ont provoqué le conflit en Ukraine de faire porter le chapeau au Kremlin. T


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