L'Ukraine en quête d'un terrain d'entente

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Les tables rondes pan-ukrainiennes censées aboutir à un rapprochement entre les parties au conflit politique ont échoué. Les sceptiques trouvent qu'il est déjà trop tard et que les parties opposées ne souhaitent plus s'écouter l'une l'autre. Les optimistes continuent de caresser l'espoir que les tables rondes puissent donner un coup d'envoi au dialogue national.

La troisième table ronde de l'unité nationale, organisée dans le cadre de l'initiative de l'OSCE visant un règlement dans l'Est de l'Ukraine, est fixée au 21 mai. Son modérateur, le premier président ukrainien Léonide Kravtchouk, a annoncé qu'elle aurait lieu à Tcherkassy (centre de l'Ukraine). La première table ronde pan-ukrainienne s'est déroulée mercredi à Kiev et la deuxième, samedi à Kharkov (Est). Les participants ont débattu des amendements à la Constitution, notamment un projet de loi prévoyant une décentralisation du pouvoir.

Léonide Kravtchouk a retenu l'attention de l'opinion publique sur la participation à la table ronde de Kharkov des représentants de l'opposition, des régions et de la région de Lougansk. Les experts estiment cependant que cette participation était plutôt nominale. La plupart du temps les représentants du Sud-est gardaient le silence, écoutant la critique à leur adresse pour manque de patriotisme et de solidarité nationale. Tout rappelait les remontrances faites aux mauvais élèves pendant une réunion à l'école. Les experts concluent qu'en l'espèce, un dialogue normal ne peut pas être établi.

Les participants à la table ronde à Kharkov ont soutenu l'idée d'un mémorandum d'unité visant à arrêter l'escalade de la crise dans l'Est. Cette idée a été avancée par Mikhaïl Dobkine, candidat du Parti des régions à la présidence en Ukraine qui représente les intérêts des habitants du Sud-est. Selon M. Dobkine, sans un compromis entre les politiques il ne peut pas y avoir de compromis au sein de la société ukrainienne.

Les experts signalent que l'idée du mémorandum d'unité apparaît alors que les autorités ukrainiennes mènent une opération militaire dans l'Est de l'Ukraine en vue de réprimer le mouvement de protestation face au changement du pouvoir à Kiev rappelant fort un coup d'Etat. L'opération a déjà fait des dizaines de tués et de blessés. Le directeur de l'Institut de la planification et des prévisions stratégiques Alexandre Goussev estime que sur ce fond, Kiev aura du mal à parvenir à l'unité :

« Ce n'est qu'une apparence de dialogue. Kiev appelle à la reconciliation tout en poursuivant l'opération punitive. Il n'y a aucun consensus, aucune reconciliation. Une ample opération miliaire est menée dans le Sud-est, faisant des morts parmi la population pacifique.

Soyez responsables et réglez le problème ! Le Sud et l'Est de l'Ukraine ne constatent aucune mesure concrète. Personne ne prend la responsabilité. Kiev ne le fera pas, au moins avant le 25 mai. Parce que le pouvoir de Kiev est provisoire. Si l'élection présidentielle a lieu, l'ensemble de l'équipe sera remplacé. Un groupe nouveau viendra à sa place ».

Le directeur adjoint du Centre des études ukrainiennes et biélorusses de l'Université de Moscou Bogdan Bezpalko est lui aussi persuadé de l'inutilité des tables rondes.

« Les tables rondes ne sont qu'une imitation appelée à démontrer la volonté de paix du gouvernement de Kiev lequel, d'une part, réprime sa propre population avec des chars d'assaut et des véhicules blindés et, de l'autre, organise des tables rondes. C'est fait à l'intention des Occidentaux simples qui n'entrent pas dans les détails ».

Au fond, lors des tables rondes de Kiev et de Kharkov les parties ont procédé à un échange d'opinions formel. Elles ne sont pas encore disposées à des compromis. Néanmoins, cela peut constituer un premier pas en avant vers la désescalade. En tout état de cause, avant son départ pour la Chine, le président de Russie Vladimir Poutine a salué, pendant une réunion du Conseil de sécurité, les premiers contacts entre Kiev et les partisans du fédéralisme. Cependant, selon Moscou, il faut commencer par l'arrêt de l'opération militaire et de la violence et le retrait des forces gouvernementales.

Dans le contexte actuel où les combats avec utilisation de l'artillerie et de matériel lourd sont menés en Ukraine, il est extrêmement difficile de trouver un terrain d'entente. Pourtant c'est l'unique chance d'arrêter l'enlisement dans une guerre civile de « tous contre tous » dans un pays en désintégration.  N

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