Le Japon veut empêcher l’augmentation de l’influence de la Chine en Asie

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Le Japon a refusé de participer à la création de la Banque asiatique pour l'investissement dans l'infrastructure (AIIB) initiée par la Chine, rapporte l’agence Kyodo. Ainsi, Tokyo veut empêcher à la Chine d’étendre son influence dans la région, avancent les experts.

C’est le président de la République populaire de Chine Xi Jinping qui a proposé de créer la Banque asiatique pour l'investissement dans l'infrastructure lors d’une rencontre avec son homologue indonésien Susilo Bambang Yudhoyono en 2013. A l’époque, le leader chinois a déclaré que la nouvelle banque octroyer ait des crédits pour la création de l’infrastructure de base dans les pays asiatiques émergents. 22 pays de l’Asie et du Proche Orient se sont déjà déclarés intéressés par la proposition de Xi Jinping. Des mémorandums de compréhension mutuelle avec 10 pays ont déjà été signés. La Banque asiatique pour l'investissement dans l'infrastructure ouvrira ses portes à la fin de l’année 2014.

En juin, le chef du groupe de travail sur la création de l’AIIB Jin Litsun a rencontré à Tokyo le représentant du ministère japonais des Finances Mitsuhiro Furusawa. Cependant, à l’issue des négociations bilatérales, Furusawa a dit douter de la finalité de la création d’une telle structure. Car la mission de la Banque, assurer un développement stable des économies des pays asiatiques, coïncide avec la tâche de la Banque asiatique de développement fondée en 1966. Dorénavant, le Japon a définitivement montré sa position sur cette question. Par ailleurs, le refus de Tokyo de participer à la création de la Banque n’est pas lié à des doutes sur la finalité économique, mais s’explique par l’affrontement direct d’intérêts chinois et japonais, estime le politologue Valeri Kistanov, chef du Centre d'études japonaises de l'Académie des Sciences de Russie.

« Cela fait longtemps que le Japon et les Etats-Unis contrôlent la sphère financière en Asie grâce à la Banque asiatique de développement. Quant à la Chine, elle veut créer sa propre structure, qui serait un contrepoids à la Banque de développement. La Chine est déjà devenue la deuxième économie mondiale en remplaçant le Japon. Et elle tente de jouer un rôle de plus en plus important dans les processus d’intégration actuels dans la région de l’Asie-Pacifique. Ici, les intérêts de la Chine contredisent ceux du Japon. »

Le Japon et les Etats-Unis possèdent vraiment la part du lion dans la Banque asiatique de développement, chacun des deux pays ayant 15 % du capital social. En même temps, la Chine, dont le volume économique est le deuxième au monde, n’en détient que 5 %. La Chine a plusieurs fois mis l’accent sur cette répartition injuste, et dans la Banque asiatique de développement, et dans la Banque mondiale, et dans le FMI. Comme il est difficile d’obtenir quelque chose à la ABD, à la BM et au FMI, la Chine veut ouvrir sa propre banque, qu’elle contrôlerait toute seule, souligne notre interlocuteur Valeri Kistanov.

Le Japon et les Etats-Unis s’y opposeront, selon l’expert russe. Ces pays font parfois des pas qui auparavant semblaient impensables. Le Japon par exemple a annulé certaines sanctions contre la République populaire démocratique de Corée. Un tel dégel dans les relations, selon Valeri Kistanov, est lié à l’intention de limiter l’influence chinoise dans la région.

Néanmoins, la Chine est déterminée. Que le Japon accepte ou non de participer à ce projet, la Banque asiatique pour l'investissement dans l'infrastructure sera ouverte dans tous les cas, a déclaré le chef du groupe de travail sur la création de l’AIIB Jin Litsun. /N

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