L'un des chapitres les plus intéressants de cette histoire de la lutte contre les islamistes radicaux et leurs alliés sera indéniablement l'analyse des actions de l'armée de l'air syrienne, qui ont beaucoup influé sur le déroulement de cette guerre. L'armée de l'air syrienne a toujours eu bonne réputation. Et ce n'est pas étonnant: Hafez al-Assad, qui a dirigé le pays entre 1971 et 2000, et son irremplaçable ministre de la Défense Mustafa Tlass (1972-2002), avaient tous les deux un important bagage de pilotes. La qualité des forces aériennes arabes est souvent jugée au regard de la défaite catastrophique dans la guerre des Six jours contre Israël, en 1967, mais dans les conflits qui ont suivi et malgré la supériorité technique et opérationnelle de l'aviation israélienne, les Syriens se sont distingués à plusieurs reprises aussi bien par une meilleure préparation des pilotes que par leur haut niveau d'organisation.
Néanmoins, au début des années 2000, la Syrie a étudié la possibilité de moderniser son armée de l'air avec l'aide de la Russie. En particulier, les militaires syriens s'intéressaient aux chasseurs Su-27 — mais l'information sur la livraison de ces avions à Damas n'a pas été confirmée.
Les opérations qui ont commencé en 2011 et se sont répandues sur une grande partie du territoire syrien en 2012-2013 ont poussé Damas à utiliser toutes les ressources à disposition, y compris le matériel obsolète. Des dizaines d'avions et d'hélicoptères avaient été perdus sur les bases prises par les forces antigouvernementales — mais il s'agissait en majeure partie d'engins inexploitables. Pratiquement tous les appareils capables de voler ont été rapidement concentrés dans le centre et à l'ouest de la Syrie.
Dans ces conditions, l'aviation syrienne a rempli pratiquement toutes les tâches — du soutien des bases bloquées aux frappes chirurgicales. Selon certaines informations, en mars 2014 le vol du bombardier Su-24MK avec une bombe guidée reçue de Russie a déterminé le sort du Krak des Chevaliers de la ville de Homs, une forteresse prise par les terroristes en 2013. La bombe de haute précision a percé une brèche dans les renforts, dont ont profité les forces spéciales syriennes qui ont fait exploser la forteresse et éliminé les extrémistes.
L'armée de l'air syrienne reste l'unique force à disposition de Damas capable d'appuyer efficacement ses propres troupes aussi bien lors d'opérations de défense que d'attaque, cependant le nombre d'appareils opérationnels au vu des pertes et de l'usure physique se réduit inéluctablement et invite à réfléchir aux perspectives de ce soutien et de la guerre en général.