Les causes du réarmement de l’Algérie énumérées par un ex-haut gradé de l’armée de l’air algérienne - images

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Mokhtar Saïd Mediouni, ex-officier supérieur de l’armée de l’air algérienne, a déclaré à Sputnik que l’instabilité au Sahel et en Libye, ainsi que les tensions avec le Maroc n’étaient pas les raisons de la modernisation de l’armée. Il a évoqué la nécessité d’acquérir des technologies de pointe, de les maitriser et de développer sa propre industrie.

Depuis l’arrivée en 2004 du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah à la tête de l’Armée nationale populaire (ANP), un vaste programme de développement et de modernisation «à marche forcée» a été entamé au sein des quatre forces qui forment l’ANP. Des analystes algériens et étrangers ont imputé cette démarche à l’instabilité de la situation sécuritaire qui prévaut dans les pays du Sahel et en Libye depuis 2011. D’autres ont pointé une course à l’armement avec le voisin marocain, sur fond de désaccord continuel sur la question du conflit au Sahara occidental.

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Dans un entretien accordé à Sputnik, Mokhtar Saïd Mediouni, ex-officier supérieur de l’armée de l’air algérienne, a levé le voile sur les enjeux de l’initiative initiée par le haut commandement de l’ANP. Il a abordé le rôle de la Russie dans cet effort de modernisation de l’armée algérienne, les objectifs que cette dernière s’est fixés en matière de développement de son industrie militaire et de son impact sur l’économie civile. Il a également mis en avant la nécessité de maîtriser les technologies de pointes.

M.Mediouni affirme que la campagne médiatique qui cible la politique de modernisation de l’ANP, «ne vise pas uniquement l’Algérie», précisant que sur la scène internationale «il y’a beaucoup de changements fondamentaux et de crises qui couvent à travers le monde».

​Dans ce contexte, l’ex-officier supérieur de l’ANP a insisté sur la gravité et la complexité des enjeux géopolitiques et géostratégiques auxquels font face beaucoup de pays, soulignant que «nous sommes en 2019 et toute armée est forcée de chercher à se moderniser». «Actuellement la puissance d’une armée ne se mesure plus au nombre de ses effectifs comme c’était le cas lors du siècle dernier quand certaines comptaient entre 4 et 5 millions d’hommes, mais en terme de maitrise des technologies de pointe qui font la différence et désormais sa force».

Par ailleurs, l’ex-haut gradé a confié que «c’est dans ce contexte qu’en Algérie, depuis pratiquement 20 ans, le haut commandement de l’ANP a pris la décision d’investir d’abord dans les ressources humaines, à savoir la formation de ses cadres, et l’acquisition des technologies avancées en matière d’armement». «Donc ce n’est pas une course par rapport au voisin de l’ouest [le Maroc, ndlr], mais c’est une modernisation tout à fait logique, pour répondre à des besoins stratégiques au vu de ce qui se passe dans le monde», a-t-il ajouté, martelant que «la situation au Sahel et en Libye inquiétait effectivement l’Algérie».

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Un système S-400

Pour appuyer son analyse, Mokhtar Saïd Mediouni a souligné qu’à titre d’exemples, dans le contexte géopolitique et géostratégique mondial, «les S-400 Triumph et SU-57 sont devenus des moyens de pression internationale capables de faire basculer des décisions même au sein du Conseil de sécurité de l’Onu». «Donc la course vers la modernisation et l’acquisition de technologies de pointe permettent à un pays d’avoir un poids géopolitique et de peser dans certaines décisions internationales», a-t-il soutenu.

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Ainsi, l’ex-officier supérieur de l’armée de l’air algérienne a indiqué que «le mouvement de modernisation a transformé toutes les composantes de l’ANP, à savoir les forces navales qui sont actuellement équipées par des moyens très modernes par rapport à la situation dans laquelle elles étaient il y a 20 ans. En plus des forces terrestres, aériennes et de la défense du territoire», a-t-il précisé.

​Il a également évoqué le rôle de la Russie dans cet effort, affirmant que ce qui a marqué la coopération technico-militaire entre les deux pays n’était pas «uniquement l’acquisition de matériels, mais surtout une relation de confiance». «La modernisation de l’industrie militaire russe a eu un impact positif sur le perfectionnement de l’armée algérienne», a-t-il ajouté, soulignant que d’autres pays «tel que la Turquie, sont en contact avec la Russie pour rénover leur systèmes de défense [acquisition des S-400 Triumph, ndlr].»

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Quant au développement de l’industrie militaire en Algérie et son impact sur l’économie nationale civile, l’ex-haut gradé a souligné que «c’est le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, qui a été l’initiateur de ce programme». «L’Algérie avait un tissu industriel civil qui était parfois abandonné par les politiques au profit de l’importation. Elle avait à titre d’exemple un embryon d’industrie automobile qui datait de plus de 30 ans et qui n’a jamais pu se développer», a-t-il expliqué, soutenant que «le haut commandement de l’ANP a justement pris l’initiative de récupérer les infrastructures de toutes les industries abandonnées, de les développer et de les transformer pour produire des équipements militaires». «L’armée algérienne ne veut pas juste consommer des moyens militaires, mais elle veut également comprendre et maîtriser les systèmes technologiques de pointe et développer sa propre industrie avec ses propres moyens», a-t-il insisté, et de faire savoir que l’ANP voulait «acquérir d’une manière plus pragmatique ces technologies et faire en sorte que la maitrise soit encore plus efficace».

​Enfin, Mokhtar Saïd Mediouni a parlé de la fabrication et modernisation des véhicules militaires, des hélicoptères, des drones et le lancement de centres de recherche et de développement. Ceci dans l’objectif de toujours trouver des applications civiles à ce qui est développé et de créer des emplois pour les jeunes. Les industries et les usines édifiées ont également beaucoup contribué au développement des régions dans lesquelles elle étaient implantées, a-t-il conclu.

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