Ce que veulent les Algériens aujourd’hui: résultats d’un sondage

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Les manifestations continuant en Algérie malgré le départ d’Abdelaziz Bouteflika, le think tank américain Brookings Institution a analysé la situation dans le pays et réalisé un sondage pour savoir ce que voulaient les manifestants, notant que leurs positions étaient très proches de celles des soldats et officiers subalternes.

Depuis le mois de février, les Algériens descendent chaque semaine dans la rue pour exiger des changements. Mais après avoir réussi à évincer Abdelaziz Bouteflika, qui était au pouvoir depuis près de 20 ans, les manifestations se sont poursuivies pour réclamer le changement de l'ensemble du système au pouvoir. Que veulent les manifestants algériens aujourd’hui? Le think tank américain Brookings Institution a tenté d’apporter des réponses avec un sondage.

L’enquête menée en ligne entre le 1er avril et le 1er juillet auprès de 9.000 personnes inclue également 1.700 militaires.

Manifestants et rangs inférieurs de l’armée

Il s’avère que la plupart des sondés veulent une refonte complète du système politique. Les manifestants soutiennent la contestation à 80-90% et c'est également le cas d’une partie des militaires.

Les rangs inférieurs de l’armée soutiennent les manifestations et leurs objectifs, notent les auteurs de l'étude.

Cependant, «les officiers supérieurs y sont nettement moins favorables, de 20% à 30%, et sont plus prudents», constatent-ils.

Ce qui, selon les auteurs du sondage, «limite probablement la capacité du général Ahmed Gaïd Salah à réprimer le mouvement de protestation.»

C’est ensemble que les manifestants et les soldats ont soutenu le départ du Président Bouteflika, mais seulement 37% des sondés veulent une comparution de l'ancien chef de l'État devant la justice.

En ce qui concerne l'économie, 70% des manifestants, soldats et officiers subalternes considèrent la santé économique de l'Algérie comme «très mauvaise» et la corruption «très élevée».

Personnalités populaires

Les experts de Brookings Insitution se sont également intéressés aux éventuelles candidatures du nouveau chef d'État.

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Dans l'opposition, c'est l’économiste Fares Mesdour qui a obtenu le plus grand nombre de voix, avec le soutien de près de 25% des sondés. Mais il y également des noms connus de la politique algérienne, comme l’ex-Président Liamine Zeroual qui a bénéficié du soutien de 36 % des manifestants parce que, selon les auteurs du sondage, il n'a pas servi sous le régime de Bouteflika et a toujours préféré la négociation avec les factions islamiques plutôt que leur éradication pendant la guerre civile des années 1990. Une attitude qui, d'après les spécialistes de Brookings, lui permet d'incarner le consensus et le rend apte à mener une transition. L'ex-ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, et l'ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, sont également cités par les sondés.

Sur les intentions de vote, Ahmed Taleb Ibrahimi, Fares Mesdour et Liamine Zeroual rassemblent chacun environ 10% des voix contre 6% pour Ahmed Benbitour. Le chef de l'armée, Ahmed Gaid Salah, ne bénéficie pas d’un grand soutien en tant que candidat à la présidence et ne récolte que 4% des suffrages. Cela indique que, même si les Algériens le soutiennent et ne veulent pas qu'il soit démis de ses fonctions dans l'armée, ils n’en veulent pas comme Président, notent les experts.

Ils font remarquer que les dirigeants des partis politiques islamistes sont quasi-absents du sondage. Ainsi, le meilleur sur la liste, Ali Belhadj, chef du Front islamique du salut (FIS), a reçu une cote de soutien de seulement 1,2 point sur 5.

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Toutefois, au moins un tiers des Algériens n’a exprimé son soutien à aucune des personnalités citées. Près de la moitié ne sait pas pour qui elle votera et un quart n’a pas l’intention de voter du tout.

«En d’autres termes, plus des deux tiers des sondés estiment qu’aucun des partis politiques existants ne mérite leurs votes», constatent les experts.

Concernant celui qui est considéré comme l'actuel homme fort du pays depuis la démission d'Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah, seulement 24% des sondés souhaitent sa destitution. Dans ce contexte, les manifestants sont trois fois plus favorables à son renvoi que les officiers supérieurs de l'armée, à 29% contre 10%.

Armée et société civile

Le think tank américain a également observé la relation entre l’armée et la société civile.

Ainsi, de 45 à 50% des militaires sont «d'accord ou fortement d'accord» pour que l'armée joue le rôle d'arbitre sur la scène politique. Or, les civils ne souhaitent pas «lui accorder un droit de veto sur les décisions économiques», bien que, depuis 1962, l'armée se soit souvent retrouvée au cœur de la vie politique.

Enfin, environ 90% des manifestants, des soldats et des officiers subalternes ont estimé probable ou très probable que la transition aboutirait à la démocratie.

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