L’Ivoirienne Flora Biahi veut répandre sur son pays un parfum de Re’Demption

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De la téléphonie mobile à la création de parfum, il n’y a parfois qu’un pas que Flora Estelle Biahi a osé franchir. L’Ivoirienne de 32 ans, ancienne agente de call-center, peaufine les derniers réglages avant la sortie en décembre prochain de «Re’Demption», son premier parfum qui séduit déjà les internautes ivoiriens. Portrait.

Flora Biahi faisait partie des centaines de personnes qui se sont retrouvées au chômage en 2016. Cette année-là, les autorités ivoiriennes ont retiré les licences d’exploitation à quatre opérateurs de téléphonie mobile sur les sept opérant en Côte d’Ivoire parce qu’ils ne parvenaient pas à respecter ou à remplir leur cahier des charges.

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L’opérateur où elle exerçait comme agente de call-center ayant mis la clé sous la porte, la jeune dame a décidé de fonder sa propre entreprise. En 2017, elle lance sur fonds propres «DEF» [acronyme pour Dieu est fidèle, la créatrice étant très croyante, NDLR], une ligne de vêtements qu’elle dessine elle-même.

Passionnée par le stylisme depuis l’enfance, cette secrétaire de formation, mariée et mère de quatre enfants, conçoit des vêtements pour enfants, femmes et hommes, avec des textiles d’origine africaine et européenne.

«DEF a été ma première aventure dans l’entrepreneuriat. Cela fut rude car entreprendre dans la mode en Côte d’Ivoire n’est pas du tout aisé», déclare au micro de Sputnik Flora Biahi.

L’ère de la parfumerie

Forte de ce premier pas dans l’entrepreneuriat, la styliste décide alors de réitérer l’expérience, cette fois dans un univers qui la passionne encore plus et depuis toujours: la cosmétique, et plus particulièrement la parfumerie.

© Photo Flora Biahi / Flora Biahi, fondatrice de la marque de parfum Re’DemptionFlora Biahi, fondatrice de la marque de parfum Re’Demption
L’Ivoirienne Flora Biahi veut répandre sur son pays un parfum de Re’Demption - Sputnik Afrique
Flora Biahi, fondatrice de la marque de parfum Re’Demption

Après des demandes d’aide infructueuses à des institutions ou à des personnalités ivoiriennes, elle se résout finalement à utiliser les bénéfices réalisés dans la vente des vêtements de sa marque DEF, qu’elle exporte quasi entièrement en Europe. Elle fonde alors officiellement en 2019 «DEF Empire», son entreprise de cosmétiques.

«Naturellement, j’ai cette faculté d’identifier, à l’odeur, certains ingrédients contenus dans des parfums que je découvre. Je sais comment agencer telles épices ou tels autres ingrédients pour obtenir une senteur précise. Je me suis donc documentée énormément sur la parfumerie», explique-t-elle.

À ce jour, elle a mis au point quatre senteurs à bases d'essences locales et venues d’ailleurs, dont des échantillons sont déjà disponibles.

De l’échantillonnage à la production à grande échelle

DEF Empire envisage maintenant de passer à l’étape supérieure, celle de la production à grande échelle des quatre senteurs mises au point entre 2017 et 2019. Cela implique de bâtir une usine et d’acquérir les machines qui lui manquent encore. Pour ce faire, Flora Biahi a choisi de recourir au crowdfunding (financement participatif).

«En Côte d’Ivoire, quand on n’a pas de revenus fixes, ce n’est même pas la peine d’approcher une banque pour espérer obtenir un prêt. Et pourtant, il y a de nombreux jeunes Ivoiriens qui ont de super projets», déplore l’entrepreneure.

Début octobre, elle expose son projet et son besoin de financement sur les réseaux sociaux. Les réactions sont immédiates, nombreuses et largement positives. Ce plébiscite des internautes ne manque pas de la surprendre même si, bien sûr, elle en est ravie.

«Cela me fait énormément plaisir de voir que mes compatriotes apprécient mon projet. Cela me donne encore plus la volonté d’aller de l’avant et la force de donner le meilleur de moi-même afin de les rendre fiers», se réjouit-elle au micro de Sputnik.

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Avant de démarrer la production en décembre prochain de son premier parfum baptisé «Re’Demption», Flora Biahi doit encore parachever certaines modalités pour recueillir des fonds via la plateforme de crowdfunding de l’un des trois opérateurs de téléphonie mobile de Côte d’Ivoire.

Conçu au départ pour être un parfum pour femmes, «Re’Demption» aura également une déclinaison pour les hommes.

«C’est un parfum qui combine des senteurs florales des forêts ivoiriennes et une petite note délicatement fruitée», explique sa créatrice.
© Photo Flora Biahi / Un aperçu de ce à quoi ressemblera le flacon de Re'DemptionUn aperçu de ce à quoi ressemblera le flacon de Re'Demption
L’Ivoirienne Flora Biahi veut répandre sur son pays un parfum de Re’Demption - Sputnik Afrique
Un aperçu de ce à quoi ressemblera le flacon de Re'Demption

DEF Empire entend faire son entrée dans la cour des grands

Le choix de Flora Biahi de «Re’Demption» comme nom pour son premier parfum n’est pas anodin. Il fait sciemment référence à la décennie 2002-2011, perçue comme la plus sombre de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Cette période de troubles sociopolitiques a été marquée par le conflit armé postélectoral de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts, dont le frère aîné de la jeune entrepreneure.

«Re’Demption fait allusion à la rédemption qui signifie le rachat. Avec ce nom, j’ai voulu m’incliner devant la douleur que de nombreuses familles ivoiriennes ont endurée et prier pour le rachat par Dieu de ma patrie», confie Flora Biahi.

Pour le design du flacon de «Re’Demption», elle a fait le choix de la carte de la Côte d’Ivoire. Une inspiration qui est loin de laisser indifférent sur la toile.

«J’étais persuadé que l’idée d’un flacon avec la forme de la carte de la Côte d’Ivoire plairait aux Ivoiriens qui aiment tellement leur pays», s’exclame la jeune femme.

Craint-elle la concurrence de géants mondiaux comme L’Oréal ou encore Yves Rocher, de plus en plus attirés par une classe moyenne ivoirienne en plein essor? Flora Biahi est parfaitement consciente qu’avec son parfum, elle s’aventure dans une industrie hautement concurrentielle en Côte d’Ivoire. Toute la cosmétique ivoirienne est quasiment entre les mains de quatre entreprises qui défendent jalousement leurs parts de marché et n’entendent pas se laisser détrôner.

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«J’ai foi en Dieu et dans le potentiel de mes créations. Depuis deux ans que j’ai commencé à élaborer des senteurs, elles plaisent de plus en plus aux personnes qui les découvrent. Don, je suis confiante et entends me battre bec et ongles pour me faire une place dans le secteur des cosmétiques en Côte d’Ivoire et en Afrique», déclare Flora Biahi.

Estimé à 7,5 milliards d’euros en 2018, le marché florissant des cosmétiques en Afrique devrait dépasser les 12 milliards en 2022, selon le cabinet international Roland Berger.

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