Le kori, la cryptomonnaie africaine made in Cameroun

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Alors que l’usage de la monnaie virtuelle semble encore loin des habitudes en Afrique, un jeune Camerounais, Dalvarice Ngoudjou, a lancé le kori, une nouvelle cryptomonnaie africaine. Il compte ainsi vulgariser l’utilisation de la devise électronique et arrimer le continent à la technologie de la blockchain.

Entendue comme une monnaie virtuelle entièrement basée sur la blockchain, une technologie permettant le stockage et la transmission d’informations ou de transactions (sorte de base de données internationale en ligne où l’on peut enregistrer des opérations en toute transparence et partagée entre plusieurs utilisateurs sans organe de contrôle), la cryptomonnaie fait son entrée en Afrique de manière progressive. 

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Au Cameroun, Dalvarice Ngoudjou se veut l’un des pionniers de cette nouvelle technologie. Il a lancé il y a deux ans le kori, la première devise virtuelle entièrement basée sur une blockchain africaine.

«Cette cryptomonnaie donne la possibilité à tous les investisseurs de devenir copropriétaires de Paykap Mobile Money, une entreprise parallèle spécialisée dans le transfert d’argent, née du même projet. Cela permet aux souscripteurs d’avoir la garantie de la transparence», confie-t-il au micro de Sputnik.

Comment cela marche-t-il? Pour plusieurs personnes, le mécanisme d’utilisation de la cryptomonnaie est loin d’être inné. Il suffit pourtant, explique Dalvarice Ngoudjou, d’en connaître les fondamentaux: «On achète la cryptomonnaie avec la monnaie FIAT (monnaie classique) que l’on stocke dans son wallet (portemonnaie électronique) sur un compte créé sur une plateforme dédiée.»

«Cela permet d'effectuer des opérations de vente et d'achat dans le monde entier à partir de chez soi, sans avoir à traîner des mallettes d’argent. Il suffit de faire un virement du compte wallet à celui du fournisseur. C'est comme envoyer un e-mail d'un compte A à un compte B», détaille-t-il.

Connecter l’Afrique

C’est dans le but d’arrimer l’Afrique à cette technologie futuriste que Dalvarice Ngoudjou, 35 ans et diplômé en économie, a mis en place le «Fricacoin», un système de financement participatif qui a permis de financer le kori. Pour le jeune entrepreneur, il est surtout question, de «réparer une injustice» et rattraper un retard.

«Il était nécessaire d'avoir une cryptomonnaie africaine. Jusqu’à il n’y a pas longtemps, tout ce qui était disponible dans ce système était conçu et réalisé soit par les Occidentaux soit par les Asiatiques. Pour ceux qui ne le savent pas, quand le bitcoin a été créé, il y avait des localités en Afrique où l’on ne pouvait pas en acheter. Le continent était comme mis à l'écart de la technologie de la blockchain», explique Dalvarice Ngoudjou.

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Avec la cryptomonnaie, ajoute l’entrepreneur, il est possible de réaliser des interactions avec d'autrescryptodevises sur des mini-marchés et des plateformes. «On peut par exemple échanger le Kori contre l’ethereum ou même le bitcoin.» Il est aussi possible, dit-il, «de faire des opérations de transfert d'argent à travers notre plateforme Koripay déjà répandue dans le monde». À la différence de PayPal, le système de paiement en ligne, le Koripay, explique Dalavarice Ngoudjou, «est essentiellement basé sur la blockchain. Et les transactions y sont moins coûteuses, plus sûres et plus rapides».

À ce jour, sa plateforme compte près de 150.000 utilisateurs répartis dans près de 200 territoires. Parmi eux, Gabriel. Il compte dans son wallet 152.000 koris achetés à hauteur de 2.000 francs CFA (3,05 euros) au lancement de la cryptomonnaie en février 2018. Avec le temps, la devise a gagné en valeur et progresse chaque jour.

«J’en ai acheté mais je ne l’utilise pas encore. Il est possible d’en revendre à un autre usager. Certains me proposent souvent de m’en racheter. Mais moi, j’attends de bien cerner la chose», avance-t-il.

Une monnaie fiable ?

Peu connue de la majeure partie des usagers, la cryptomonnaie, nous renseigne Dalvarice Ngoudjou, est cependant très avantageuse dans la mesure où elle fonctionne grâce à une technologie qui garantit une fiabilité «à laquelle les banques ordinaires ne peuvent prétendre».

«La cryptomonnaie est fiable à 100%. Quand vous faites vos opérations dans une banque, vous ne savez pas forcément ce que le banquier, qui est au sommet, manipule derrière votre compte bancaire. Mais au niveau de la cryptomonnaie, il n’y a pas d'organe centralisateur. Les opérations dans ce système monétaire sont transparentes», confie le jeune entrepreneur.

Dans un contexte africain où créer un compte bancaire n’est pas un geste banal, la cryptodevise arrive comme une solution alternative au très faible taux de bancarisation observé sur le continent. Cette situation est due au fait que «les conditions pour l'inclusion financière sont parfois difficiles pour la majorité des Africains».

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Avec la cryptomonnaie, nous renseigne le jeune entrepreneur, «vous n'avez pas besoin de venir avec des papiers pour ouvrir votre compte bancaire. Vous avez seulement besoin d'un terminal électronique: téléphone, ordinateur».

«Vous allez sur une plateforme de cryptomonnaie, vous créez un compte et vous commencez à faire des opérations. Vous n'êtes plus obligé de payer cher pour transférer de l'argent», tient à préciser Dalvarice Ngoudjou.

Face à cette nouvelle technologie qui porte sur le continent les espoirs d’une révolution monétaire et donc d’une augmentation du taux de bancarisation, souligne l’économiste, l’Afrique doit cependant réduire la fracture numérique en améliorant les services d’accès à Internet, dont la médiocrité entrave encore l’essor de la cryptomonnaie sur le continent. 

«Le faible taux de pénétration d'Internet est notre principal obstacle dans la vulgarisation de la cryptomonnaie au Cameroun et en Afrique. Or, nous savons que tout ce qui est lié à la technologie des cryptodevises a besoin d'Internet pour fonctionner», déplore-t-il.

Au-delà de cette barrière, il faudra surtout sensibiliser et faire connaître la notion de cryptomonnaie au plus grand nombre. Ce que Dalvarice Ngoudjou s’attèle à faire en donnant des conférences au Cameroun et sur tout le continent.

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