Au Cameroun, les autorités sanitaires n’ont pas à choisir entre le Covid-19 et le choléra

© Sputnik . Anicet SimoUn point d’eau à Limani, région de l’Extrême-Nord du Cameroun
Un point d’eau à Limani, région de l’Extrême-Nord du Cameroun  - Sputnik Afrique
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Alors que le Cameroun est déjà durement éprouvé par le coronavirus, la ville de Douala doit combattre un nouvel adversaire: l'épidémie de choléra. Les autorités y dénombrent une vingtaine de cas, dont quatre décès. Si rien n'est fait, la situation risque d'empirer avec le retour des pluies qui s'accompagne souvent de fortes inondations.

Le Cameroun, qui peine à maîtriser la pandémie de Covid-19, va devoir affûter les armes contre un nouvel ennemi: le choléra. Selon les autorités locales, la maladie a déjà fait quatre victimes et une vingtaine de cas sont enregistrés à Douala, la capitale économique. Le 13 mai dernier, Valentin Epoupa, le maire de la ville touchée par l’épidémie, alertait déjà sur les risques de propagation avec le retour des pluies.

Face à la résurgence de cette infection, l’autorité municipale de la localité craint le pire. Elle a d’ailleurs attiré l’attention sur les facteurs de propagation du choléra. «L’insalubrité est la principale cause de propagation de cette maladie dans cet arrondissement. Par ailleurs, le personnel de santé doit être assisté dans ce combat sinon cela va engendrer d’autres problèmes graves», a précisé Valentin Epoupa à la presse.

Entre Covid-19 et choléra

Dans plusieurs quartiers, le choléra est endémique et surgit régulièrement à cette période de l’année, marquée par une petite saison des pluies.

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Alors que le Cameroun enregistre déjà plus de 4.000 cas testés positifs au Covid-19 pour 150 morts, le retour de l’épidémie dans la ville de Douala, l’une des communes du pays les plus touchées par la pandémie, est une nouvelle épreuve à ne pas prendre à la légère.

Pour le Dr Kevine Laure Nkaghere, médecin-chef du district de santé de Japoma où l’on recense une vingtaine de cas infectés, «il faut effectivement craindre le pire».

«Plusieurs autres localités de la région sont déjà touchées. Le quartier le plus affecté c'est la Dibamba. On a également détecté des cas à Bonassama et à Mboko», poursuit-elle au micro de Sputnik.

Fin avril dernier, Serge Espoir Matomba, ancien candidat à la présidentielle de 2018 et conseiller municipal du quatrième arrondissement de Douala, signalait déjà, dans un message sur Twitter, trois décès dus au choléra, dans un contexte où la pandémie de Covid-19 cristallisait alors toute l’attention.

Dans une métropole où les populations vivent dans une certaine promiscuité et où l’insalubrité rythme le quotidien des ménages, la maladie, qui se transmet par contact avec des aliments ou de l’eau souillés par des matières fécales, trouve un terreau propice à son expansion. Kevine Laure Nkaghere insiste sur la nécessité de la sensibilisation.

«Nous essayons de sensibiliser autant que faire se peut les populations mais vraiment, nous sommes limités dans les moyens. Tous les regards sont tournés vers le Covid-19, mais il faut craindre le pire avec le choléra qui fait des ravages dans l'île de Manoka [une autre localité du Littoral camerounais, Ndlr] depuis janvier», prévient le médecin.

Déjà, au mois de janvier de cette année, de nombreux cas de choléra avaient été signalés, notamment dans plusieurs arrondissements de la ville de Douala. Au Cameroun, les zones septentrionales constituent également des foyers de l’épidémie. Dans la région du Nord, on compte plus de 700 malades infectés depuis décembre 2018.

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Déjà sérieusement amoindrie par les attaques de Boko Haram, la région voisine de l’Extrême-Nord, la plus pauvre du Cameroun, présente également une situation sanitaire alarmante. Depuis juillet 2019, l’épidémie de choléra y a tué des dizaines de personnes et 249 cas suspects ont été comptabilisés.

Selon la plateforme «Choléra en Afrique de l’Ouest et centrale», une organisation de lutte contre la maladie, le choléra est apparu pour la première fois au Cameroun en 1971. Depuis 1990, des épidémies importantes ont été enregistrées, notamment en 1991, 1996, 1998, 2004, 2010 et 2011. La tendance générale montre une augmentation annuelle du nombre de cas. Entre 2004 et 2016, la surveillance épidémiologique a notifié 50.007 personnes infectées avec 2.052 décès, soit un taux de létalité élevé de 4,1%. Les principales épidémies ont été enregistrées dans les régions du Nord et de l’Extrême Nord, dans le sud du pays et dans la région du Littoral, qui abrite la ville de Douala, capitale économique du Cameroun.

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