«C’est comme changer un caillou en diamant»: la passion d’une génie du recyclage au Cameroun

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Militante écologiste camerounaise, Émilie Mbarga transforme les déchets en plastique en matériaux de construction et en objets de décoration d’intérieur. Des pneus usagés transformés en meubles, des pavés en tuiles, la promotrice de la start-up Nyanga House («beauté» en dialecte national), est un symbole de l’entrepreneuriat féminin au Cameroun.

Allure juvénile et dynamique, Émilie Mbarga, 23 ans, est la jeune patronne de Nyanga House, une start-up de sensibilisation et de recyclage de déchets en plastique destinés aux travaux de construction et à la décoration d’intérieur. Une initiative passionnante qu’elle décrit avec une bonne dose d’enthousiasme.

«Mes œuvres sont l’expression de toute la beauté et la magie que je perçois dans l’art du recyclage. C’est comme transformer un caillou en diamant», confie-t-elle à Sputnik, sourire en coin.
© Photo Nyanga houseÉmilie Mbarga, Promotrice Nyanga House
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Émilie Mbarga, Promotrice Nyanga House

Lancée en mars 2019, Nyanga House («beauté» en dialecte national), à travers sa déclinaison Recycl’art, veut montrer, explique la jeune entrepreneure, que les déchets, les composants obsolètes, peuvent entrer dans un processus de création en tant que matériaux et devenir des œuvres d’art.

«Avec cela, nous produisons des meubles (poufs, fauteuils, canapés, tables, etc.) fabriqués à partir de pneus recyclés, des vases et guéridons à partir de textile recyclé», énumère cette passionnée de décoration.

En plus de ces produits finis transformés et destinés à la décoration des domiciles, l’entrepreneure entend produire des matériaux de construction, notamment des pavées et des tuiles à partir de déchets en plastique. Testé et approuvé pendant la phase pilote, le projet baptisé GECODOP (Gestion écologique des déchets organiques et plastiques) a dû être différé à cause de certains écueils.

«J’ai entamé mes recherches dans ce domaine il y a environ deux ans. Et suite à deux facteurs majeurs, l’impact écologique du procédé artisanal de fabrication (brûler les déchets plastiques dans des fûts en plein air) et le manque de moyens financiers, j’ai dû mettre ce projet en attente et débuter mon aventure entrepreneuriale avec mes objets de décoration», explique Émilie Mbarga.
© Photo Nyanga houseDes créations d’Émilie Mbarga
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Émilie Mbarga

Si aujourd’hui, Émilie Mbarga est considérée par ses pairs comme la reine du recyclage au Cameroun, elle n’était pourtant pas promise à une carrière dans ce domaine.

À l’école de l’entrepreneuriat

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Après son Baccalauréat en 2015, la jeune femme a choisi –sur les conseils de son entourage–, de poursuivre des études universitaires en psychologie.

Actuellement étudiante en Master professionnel de Psychologie du travail et des organisations, sa passion pour la cause écologique prend toujours le dessus.

«Je pense qu’il est primordial de préserver l’environnement de la pollution à laquelle il est exposé. Lutter contre cette gangrène est, à mon sens, une cause noble. Depuis que j’ai pris conscience de la nécessité de laisser un environnement sain à la postérité et si l’on peut en faire une source de valeur en parallèle, c’est encore plus intéressant», s’enthousiasme-t-elle.

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Au-delà de tout, c’est surtout l’envie de se mettre à son compte qui est la principale motivation de son odyssée entrepreneuriale.

Partagée entre les bancs des amphithéâtres et la recherche de débouchés, Émilie Mbarga s’est également inscrite à la Start-up Academy, un institut de coaching pour jeunes entrepreneurs. C’est ainsi qu’au bout de plusieurs enseignements, elle se jette finalement à l’eau.

«Le coach Claudel Noubissie, qui était notre formateur à l’académie, avait coutume de dire “problème égal opportunité d’affaires”. Je me suis donc mise à l’écoute de mon environnement et j’ai constaté qu’au Cameroun, la pollution en déchets en plastique était monnaie courante», relate l’entrepreneure.

Curieuse et ambitieuse, la startupeuse va jeter son dévolu sur le secteur du recyclage de ces déchets en plastique et va donc créer Nyanga House quelques années plus tard, en 2019. Pour prendre la main rapidement, Émilie Mbarga suivra plusieurs formations en se documentant dans le domaine, et va même s’allier à des confrères plus expérimentés.

«En cherchant des solutions pour résoudre ce problème, je suis tombée sur des travaux de l’Association Cœur d’Afrique, de Roger Milla, qui fabriquait des pavés en plastique recyclé. Cela m’a donné des idées et je me suis dit: “pourquoi pas des matériaux de construction en plastique recyclé?” Ça réduirait ainsi les coûts de construction tout en facilitant l’accès à la propriété aux familles de classe moyenne», relate-t-elle.

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Un an après ses premiers pas, Nyanga House a fait du chemin. Basée à Odza, dans la ville de Yaoundé, la jeune pousse qui compte à son actif plusieurs projets déjà réalisés et une expertise certaine dans son domaine, veut conquérir le marché local.

Régulièrement, l’entrepreneure donne des formations aux jeunes de son pays et compte en multiplier les occurrences dans les mois à venir.

«À court et moyen terme, Nyanga House prévoit former davantage de jeunes et surtout des femmes dans la pratique du recyclage des pneus en meubles et du recyclage du textile en vases. Par la suite, nous créerons une collection de berceaux et de lits pour enfants à partir de pneus recyclés», ambitionne Émilie Mbarga.

Pour cette militante écologique, la lutte contre la pollution de l’environnement passe également par une prise de conscience à l’échelle individuelle et collective. Une urgence dans une Afrique qui étouffe sous le poids de ses déchets de toute nature. Émilie Mbarga fait de cette problématique, comme on le lui a enseigné, une opportunité d’affaires. Elle recycle, forme et revend pour le plus grand bien de la nature.

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