Au Cameroun, l’incompréhensible «nouvelle» taxe sur les téléphones portables

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Une modification dans la collecte des droits de douane pour l’importation de téléphones portables et tablettes numériques suscite l’incompréhension au Cameroun. Les dits droits ne seront plus payés par les importateurs mais directement par l’utilisateur, soit 33% du coût de l’appareil. Les autorités invoquent la lutte contre la fraude.

L’annonce a suscité des remous dans l’opinion au Cameroun. Dès le 15 octobre prochain, la douane va procéder à une nouvelle manière de collecter certains droits sur l’acquisition de téléphone portable ou de tablette. Ces appareils numériques seront taxés 33% de leur valeur de sortie d’usine une fois activés en territoire camerounais et les droits seront directement payés par l’utilisateur.

Concrètement, dès qu’un nouvel appareil sera détecté pour la première fois sur un réseau camerounais, un SMS sera adressé à l’utilisateur lui indiquant le montant à régler. Le ministère des Postes et télécommunication souligne que «les téléphones portables et terminaux ayant déjà été connectés au moins une fois au Cameroun avant le 1er octobre sont considérés comme étant déjà dédouanés et ne sont pas concernés par le dispositif de droits et taxes du gouvernement».

Depuis quelques jours, Minette Libom Li Likeng, la ministre des Postes et télécommunications, tente de rassurer dans une série de messages publiés sur les réseaux sociaux.

«Il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe»

Elle explique qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe mais uniquement d’un mécanisme différent de collecte. 

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La ministre argue, par ailleurs, que le coût total de l’appareil acheté restera le même vu qu’il sera importé en suspension des droits et taxes.

Ces explications n’ont pas suffi, toutefois, à rassurer.

«Je n’arrive pas à comprendre pourquoi c’est le consommateur final qui doit payer cette taxe. 33%, c’est énorme. Nous avons déjà du mal à nous en sortir et le gouvernement veut nous asphyxier», se désole Georges Ntoh, jeune commerçant à Yaoundé au micro de Sputnik.

«Mon problème n’est pas de payer une taxe mais qu’est-ce qu’ils font de cet argent? Qu’est-ce qui avance dans le pays?», s’insurge Jules T., informaticien.

Malgré les justifications du gouvernement, de nombreux internautes s’interrogent encore sur le bien-fondé de cette mesure et de nombreux messages de colère fusent sur la toile. À grand renfort de hashtags, les consommateurs exigent des explications, mais surtout la suppression de cette mesure.

En effet, le prélèvement de cette nouvelle taxe est une exigence de l’article 7 de la loi de Finances 2019 rappelée dans une récente communication gouvernementale. Selon une disposition de ce texte, rendue effective en octobre 2020, les téléphones portables ainsi que les tablettes électroniques ou numériques peuvent être importés en suspension des droits et taxes de douane, à charge pour leurs acquéreurs de procéder au paiement desdits droits via un prélèvement effectué notamment lors des émissions téléphoniques.

Un impôt de trop?

Ces droits et taxes sont prélevés et reversés au plus tard le 15 de chaque mois au service des douanes compétent par toutes les sociétés de téléphonie. 

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Ces entreprises sont tenues, en collaboration avec les services de l’État compétents ou leurs mandataires, de configurer leurs systèmes de manière à éviter toute connexion à leurs réseaux respectifs par des téléphones et tablettes non dédouanés.

Si les consommateurs dénoncent une nouvelle taxe, la ministre des Postes soutient, elle, qu’il s’agit plutôt d’une collecte numérique, d’une dématérialisation des procédures afin de lutter contre la fraude et la contrebande.

Pour Dieudonné Essomba, économiste, il s’agit surtout pour l’État «de rechercher des moyens pour pallier son problème de ressources».

«Partout où il y a une niche, l’État la visite pour ratisser large. C’est une réaction tout à fait compréhensible […] L’État a pensé que c’était un secteur très prospère dans lequel un impôt pourrait générer d’importantes recettes», commente l’expert au micro de Sputnik.

Cependant, plusieurs leaders politiques et de la société civile comme Cabral Libii, député de l’opposition, plaident déjà pour la révision de cette loi. À quelques jours de l’entrée en vigueur de la mesure, le débat est loin d’être clos.

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