Au Bénin, l’homosexualité dans le collimateur des évêques

© AP Photo / Alessandra TarantinoPape François
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Les évêques béninois dénoncent une introduction progressive de l’homosexualité dans les législations sur le continent africain par des bailleurs de fonds internationaux qui, disent-ils, en font une condition d’accès à l’aide. Une déclaration concomitante à l’annonce papale en faveur des homosexuels.

Au Bénin, les évêques sont montés au créneau ce mercredi 21 octobre pour dénoncer ce qu’ils appellent «la promotion et l’introduction progressive de l’homosexualité et de l’orientation sexuelle dans les législations en Afrique et dans les Caraïbes».

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Dans un communiqué rendu public au terme d’une session de la Conférence épiscopale tenue sur quatre jours, les religieux béninois se sont dits très préoccupés par la «promotion insidieuse» et l’introduction progressive de l’homosexualité et de l’orientation sexuelle comme «droits humains dans les législations des pays de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), à la faveur du renouvellement des accords bilatéraux et multilatéraux en vue de l’obtention de l’aide internationale».

Ils ont appelé le gouvernement du Bénin, les confessions religieuses et les acteurs de la société civile à «œuvrer en synergie pour le respect des lois naturelles dans la crainte de Dieu qui nous en demandera compte». En s’exprimant de la sorte, ils n’ont apporté aucun exemple ou illustration à l’appui de leurs allégations.

Ici, un citoyen béninois s’inquiète du fait que l’homosexualité se développe au Bénin à «une vitesse qui donne l’effroi» et appelle les parents à surveiller leurs enfants.

Cette position des évêques du Bénin est «logique», affirme à Sputnik Pierre-Marie Chanel-Affognon, prêtre de l’Église catholique à Lomé.

«Les évêques béninois n’ont fait que rappeler ce que l’Église catholique enseigne dans sa doctrine. Ce que font certains lobbies, au plus haut niveau même des Nations unies, est inadmissible pour imposer l’homosexualité de manière subtile aux pays africains. L’Église ne va plus se taire. Voilà pourquoi, il y a quelques mois, même ici au Togo, les évêques ont dénoncé publiquement le phénomène», a-t-il déclaré.

L’homosexualité n’est pas interdite au Bénin, mais…

Au Bénin, le Code pénal ne punit pas l’homosexualité en tant que telle, à l’instar de ses voisins le Nigeria et le Togo. Mais il prévoit tout de même une disposition qui condamne à six mois jusqu’à trois ans de prison toute atteinte aux mœurs. Une qualification qui est parfois retenue contre les homosexuels, si bien que ceux-ci sont obligés de cacher leur orientation.

Un internaute dénonçant une position prise par l’ambassade des États-Unis sur les LGBT.

Ceux qui arrivent à s’afficher comme tels subissent «des actes de discrimination, de stigmatisation et de violences de la part de leurs concitoyens», reconnaît un défenseur des droits de l’Homme togolais contacté par Sputnik et qui a préféré garder l’anonymat.

Le pape ne s’est pas bien fait comprendre

La déclaration des évêques du Bénin, presque dans une condamnation totale de l’homosexualité, a été faite le même jour que la diffusion en avant-première d’un documentaire intitulé Francesco dans lequel le souverain pontife a estimé que les personnes homosexuelles «ont droit à une famille».

«Les personnes homosexuelles ont le droit d’être dans une famille. Ce sont des enfants de Dieu, elles ont droit à une famille. Ce qu’il faut, c’est une loi d’union civile, elles ont le droit d’être légalement protégées. J’ai défendu cela», soutient le pape François.

Ces propos du souverain pontife ont été abondamment relayés dans les médias béninois accompagnés de critiques par ceux qui ont cru voir dans la position du pape François une déclaration en faveur de l’homosexualité.

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Faux, rétorque le prêtre togolais approché par Sputnik qui a tenu à mieux expliquer, de son point de vue, le sentiment du chef de l’Église catholique. «L’Église ne peut pas condamner les homosexuels. L’homosexuel est aussi fils de Dieu. On doit l’accompagner pour qu’il puisse assumer sa situation particulière et vivre en fils de Dieu. Le problème réside moins dans les homosexuels en tant que tels, que dans l’homosexualité. C’est là le sens de la déclaration du pape», a affirmé le père Pierre-Marie Chanel-Affognon.

Le prêtre togolais soutient donc que l’homosexualité reste «condamnable» et doit être considérée comme «une menace pour la vie».

En Afrique subsaharienne, au moins 28 pays sur 45 disposent encore d’une législation interdisant ou réprimant l'homosexualité.

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