Ministre algérien: «Hors de question de vendre notre gaz naturel à perte»

© AP Photo / Aflred de MontesquiouL'usine à gaz de Krechba, dans le Sahara algérien
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Le ministre algérien de l’Énergie a affirmé que son pays refusait de brader son gaz naturel. Abdelmadjid Attar, qui intervenait au terme d’une réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), a indiqué que la priorité du gouvernement algérien restait l’approvisionnement du marché intérieur.

La tenue de la 22e réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), jeudi 12 novembre, par visioconférence à partir d’Alger, a été l’occasion pour Abdelmadjid Attar de dessiner les contours de ce que sera la nouvelle stratégie énergétique algérienne.

Interrogé par Sputnik sur les avantages obtenus par le géant public algérien des hydrocarbures, la Sonatrach, lors de la révision d’un récent accord de vente de gaz à l’espagnol Naturgy, le ministre de l’Énergie a affirmé dans une conférence de presse que l’Algérie acceptait le principe de négocier, mais ne ferait aucune concession qui irait à l’encontre de ses intérêts.

«Il est hors de question de vendre notre gaz à perte ou sans bénéfice. Nous arrêterions la production [plutôt]! J’estime que chaque mètre cube qui restera dans les sous-sols du pays sera une excellente chose pour les générations futures. Je considère que la Sonatrach a négocié de bons contrats, ils sont conformes à la réalité actuelle du marché, elle ne pouvait pas faire autrement. Mais elle n’a pas fait de cadeau. Le prix est confidentiel [avec Naturgy], mais je peux vous garantir que Sonatrach n’a fait aucun cadeau à aucun client», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion du GECF.

Priorité à l’intérieur sur l’extérieur

Selon Abdelmadjid Attar, la démarche algérienne se veut «réaliste» dans un contexte fortement concurrentiel marqué par une présence en Europe (marché traditionnel de l’Algérie) du gaz naturel russe et du gaz naturel liquéfié (GNL) américain et qatari. Le ministre de l’Énergie a expliqué que plusieurs paramètres entraient en considération lors de la négociation de contrats. Le volume et la nature de l’investissement des partenaires en Algérie sont des facteurs importants dans ce processus. Il a notamment cité le cas du groupe italien Eni «engagé dans une douzaine de contrats d’exploration et de développement sur le territoire algérien».

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Face à la pression de la concurrence sur le marché européen, l’Algérie dispose d’un atout majeur: «La sécurité d’approvisionnement. Nos clients savent que nous avons des quantités que nous pouvons produire et livrer. C’est ce qu’ils recherchent, en plus d’un prix raisonnable», a ajouté Abdelmadjid Attar. Et comme Israël et l’Égypte –des pays de la Méditerranée orientale qui ont récemment fait des découvertes de gaz naturel– n’ont toujours pas développé de réseau de transport fiable vers l’Europe, ils ne représentent pas un danger imminent.

Au même titre que le prix de vente, le ministre s’est montré catégorique au sujet des volumes de livraison de gaz naturel aux partenaires étrangers.

«Pour l’Algérie, la priorité, c’est le marché intérieur. Quelle que soit la raison, tout doit se faire selon les prévisions de consommation du marché intérieur. C’est notre priorité numéro un. Il n’est pas question d’exporter un seul mètre cube au risque de créer des problèmes dans notre pays», a insisté Abdelmadjid Attar.

Objectif Afrique/Asie

Le ministre algérien a reconnu que la pandémie de Covid-19 a provoqué, sur le marché mondial, une baisse des prix et de la consommation. Il s’est néanmoins montré optimiste, «le gaz naturel ayant encore de beaux jours devant lui». Les projections des experts du Forum des pays exportateurs de gaz, rendues publiques à l’occasion de cette conférence, font ressortir une nette augmentation de la consommation à l’échelle internationale. À l’horizon 2050, ce combustible fossile entrera à hauteur de 28% dans le mix énergétique mondial, contre 23% actuellement, et la consommation annuelle de gaz naturel passera de 3.950 milliards de m3 à 5.920 milliards de m3.

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L’avenir du gaz naturel, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL), se trouve en Asie et en Afrique. «Les études démontrent que d’ici à 2050, la consommation va croître de 99% en Asie-Pacifique, de 35%, en Amérique du Nord et de 147% en Afrique», a-t-il précisé.

Pour décrocher des parts de marché, la Sonatrach devra augmenter ses capacités de production de GNL, renforcer ses moyens de transport maritime et faire preuve d’agressivité sur le plan commercial, prévoit le ministre algérien.

«À partir de 2024, la part de GNL deviendra beaucoup plus importante sur les marchés que celle du gaz naturel transporté par pipeline. Nous devons nous préparer autant pour l’Asie que pour l’Afrique. La Sonatrach travaille dessus. Mais actuellement, en Asie, nous ne pouvons pas concurrencer le GNL australien et qatari», a reconnu Abdelmadjid Attar. 

Interrogé sur le projet de la création d’une «OPEP du gaz», le ministre algérien de l’Énergie a indiqué que cette question n’avait pas été évoquée lors de la réunion qu’il a présidée. Attar estime cependant que la mise en place d’une telle organisation dans les conditions actuelles n’était pas «opportune» car «le marché est marqué par une surproduction et une baisse de la consommation».

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